Les hommes ne se contentent pas de parler les langues, ils les rêvent aussi ; et ces rêves prennent des formes diverses : quête chimérique d'une langue primitive mythique (la lingua adamica) ; création utopique d'une langue parfaite, expression pure de la pensée, ou encore de langues universelles que parleront les sociétés idéales de l'avenir ; innombrables fictions proposant des langues imaginaires se situant en des temps ou des espaces lointains ; fantasmes enfin des spirites et des sectes fondamentalistes qui croient communiquer avec les autres mondes ou parler le langage des anges.
C'est de tous ces rêves, dont certains ont tourné au cauchemar, que Marina Yaguello fait ici l'histoire, rêves qui contredisent l'Histoire mais s'y intègrent, qui s'opposent à la science mais la rejoignent aujourd'hui à travers la théorie des universaux du langage.
Présentation de l'éditeur
Dialogue Brésil-France
Compilation de textes sélectionnés parmi 500 essais de penseurs français et brésiliens ayant participé à des cycles de conférences organisées par le ministère de la Culture brésilien sur des thèmes d'actualité : raison absente, les inventeurs de la politique, la tragédie grecque et l'humain, la cité, la royauté, les Lumières, l'héroïsme révolutionnaire, etc.
Textes de Adauto Novaes, Francis Wolff, Nicole Loraux, Sérgio Cardoso, Newton Bignotto, Renato Janine Ribeiro, Alain Grosrichard, Miguel Abensour, Michael Löwy, Claude Lefort, Ruy Fausto, Jacques Rancière, Gérard Lebrun, Marilena Chaui
La médecine scientifique connaît à la fois un spectaculaire développement de ses performances, dues aux innovations biotechnologiques, et une contestation sans précédents. À l'heure du rêve de « santé parfaite », les médecines alternatives, ou des pratiques candidates au titre de « médecine », se multiplient, rencontrent un succès croissant, faisant même figure de thérapies complémentaires dans les pays développés, quand elles ne servent pas parfois, hors d'Europe, à réactiver des médecines traditionnelles.
L'ouvrage vise à comprendre ces phénomènes en commençant par reconstituer le contexte de la médecine dominante, qui n'a jamais pu se réduire à une science parce qu'elle a affaire avant tout à des hommes malades et pas seulement à des maladies. Il s'agit ensuite de restituer la complexité de ces médecines alternatives, leurs thèmes de prédilection, le portrait de leurs adeptes, le mélange d'imaginaires et de rationalité qui traverse leurs discours et leurs pratiques.
Ces analyses autorisent-elles à les rejeter comme des leurres, voire comme des impostures, ou, au contraire, encouragent-elles, sous certaines conditions, à plaider en faveur de leur réévaluation dans nos systèmes de santé ? La question est abordée en fonction des grands défis de notre époque et des mutations générales de la rationalité contemporaine.
Présentation de l'éditeur
Du réel en tant que tel, on ne peut rien dire mais l'approcher dans des figures qui sont autant de motifs singuliers où le simple s'adjoint au multiple.
Le réel est extérieur au sujet car le sujet est exclu du réel. C'est pourquoi nous ne l'envisageons que dans l'expérience d'une rencontre avec le dehors, dans la voix, avec l'infini dans l'art, avec l'abyme dans l'éternel retour.
Dans ces trois essais, le réel se décline dans une proximité des formes et du sens mais ne se confond jamais avec eux. Il côtoie l'infini, l'écart et le souffle, et échappe à toute nomination comme à toute conceptualisation.
La voix, l'art, l'éternel retour sont ici évoqués comme se tenant présents au plus près du réel, là où vérité et savoir ne parviendront jamais à lever l'énigme de l'impossible à décrire et à écrire.
Précédant l'entrée dans le langage ou l'excédant, le réel aspire la voix et inspire la création artistique pour finalement échapper sans cesse à l'emprise des signes. Le réel revient dans l'oeuvre d'art vers ce lieu des sensations que nous avons en naissant.
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Appuyé sur une série de recherches relevant pour une grande partie de la psychologie sociale, et ouvrage a pour objectif fondamental de déterminer les conditions psychosociales d'un rapport aux identités susceptible de nourrir une confiance dans la possibilité de vivre ou de revivre dynamiquement ensemble dans un monde commun.
Contrairement à la thèse selon laquelle cette confiance est d'autant plus forte que nous parvenons à mettre entre parenthèses toutes ces appartenances particulières censées nous séparer les uns des autres, l'auteur démontre avec rigueur qu'un certain type d'usage de nos identités sociales est nécessaire pour que s'instaure une véritable démocratisation de la vie sociale-historique.
L'enjeu, ici, est d'établir que nos différentes appartenances, loin d'empêcher une solidarité générale entre individus, sont au contraire nécessaires à sa construction. Une société d'individus indifférenciés ne pourrait ainsi se construire que sur le modèle sécuritaire de l'ordre. Seule la constitution de nos appartenances en «identités intermédiaires» peut générer un engagement autour d'enjeux de solidarité.
En ouvrant un champ de recherche inédit entre psychologie sociale et philosophie sociale, ce livre entend ainsi proposer une réflexion originale sur la productivité démocratique d'une certaine forme de mobilisation de nos identités.
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Je n'oublierai jamais le moment où mon éditeur allemand me demanda, pendant mon passage à la foire de Francfort en octobre 2004 : «Tu sais que Derrida est mort ?» Je ne le savais pas. J'eus l'impression de voir un rideau tomber devant moi. Le bruit du hall où se déroule la foire était d'un seul coup passé dans un autre monde. J'étais seul avec le nom du défunt, seul avec un appel à la fidélité, seul avec la sensation que le monde était subitement devenu plus lourd et plus injuste, seul avec le sentiment de gratitude pour ce que cet homme nous avait démontré. De quoi s'agissait-il au bout du compte ? Peut-être du fait qu'il est encore possible d'admirer sans redevenir un enfant.
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Ce livre est basé sur le fameux débat qui opposa en 1971 Noam Chomsky et Michel Foucault sur la question de la « nature humaine ». La conversation entre le linguiste et le philosophe y est intégralement reproduite. On y découvre un abîme entre les conceptions des deux hommes, pourtant tous deux qualifiés d'« anarchistes ».
Dès le début de l'entretien, Foucault flirte, de son propre aveu, avec Nietzsche. Il y définit le concept de justice comme instrument du pouvoir, alors que Chomsky affirme que la justice a une vraie assise, absolue, qui trouve sa source dans les qualités humaines fondamentales. S'ensuit le fil rouge du débat : la nature humaine a-t-elle une base essentiellement innée ou s'acquiert-elle entièrement socialement ?
Ce débat met en évidence les concepts clefs de toute conception générale du monde et permet de contrer les faiblesses philosophiques de notre temps.
L'entretien entre Chomsky et Foucault est prolongé par deux textes de Chomsky sur les liens entre langage, pensée et nature. Ils contribuent à éclairer l'apport théorique d'un des penseurs majeurs de notre temps.
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'Aussi différentes qu'aient été nos vies et nos façons de penser, au cours de toutes ces années, nous avons gardé la conviction intime d'une communauté profonde, qui dépassait toutes nos différences intellectuelles', écrivait Gershom Scholem de son ami Leo Strauss. Et Strauss de Scholem : 'Vous êtes un homme béni pour avoir réalisé une harmonie entre l'esprit et le coeur à un si haut niveau et vous êtes une bénédiction pour tout juif vivant aujourd'hui.'
Ces paroles donnent le ton d'un échange épistolaire de quarante années entre le plus éminent savant de la mystique juive et le plus rigoureux des philosophes politiques. Si leur art d'écrire s'exerça dans des univers apparemment opposés, ils ne s'en adressèrent pas moins l'un à l'autre, avec la plus grande liberté, la plus entière confiance réciproque, dessinant, au gré des correspondances, entre Jérusalem et Paris, Londres ou Chicago, la carte de l'une de ces 'amitiés stellaires' dont le XXe siècle avait le secret.
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L'opposition entre Foucault et Habermas a donné lieu à l'un des moments légendaires de la philosophie sociale du XXe siècle. À juste titre sans doute, puisqu'il vit s'affronter deux conceptions de la nature et des finalités d'une analyse englobante de la société moderne qui ont compté parmi les plus riches et les plus cohérentes de l'après-guerre, étendant leurs ramifications dans de multiples directions : théorie du langage, conception de la subjectivité, épistémologie des sciences humaines, philosophie morale, étude des processus de rationalisation, élucidation du statut de la critique.
L'objet de cet ouvrage est d'éclairer, dans toute leur richesse et leur diversité, les enjeux du différend entre Foucault et Habermas. Passé le temps des polémiques, demeure un dossier consistant dont l'exploration s'avère aujourd'hui décisive pour toute théorie de la société qui voudra concilier la pertinence historique et politique de son propos avec la conscience des fondements comme des limites de son propre discours.
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La littérature aura été pour Maurice Blanchot et Jacques Derrida le lieu par excellence du secret. L'un et l'autre posent en effet qu'il y a dans le secret un « il est impossible de dire » qui ne peut être levé même lorsqu'il est dévoilé ou rompu. Comment, dès lors, présenter ce qui, dans ce secret sans contenu et non caché, se refuse à toute présentation et, surtout, comment en parler sans déchirer sa nuit propre et privée ? Cet essai se propose de suivre cette aporie dans le récit de Maurice Blanchot, L'Instant de ma mort, texte testamentaire d'une inépuisable réserve paru en 1994, et dans la lecture minutieuse, pas à pas, que lui consacrait Derrida dans Demeure - Maurice Blanchot.
Prenant appui sur plusieurs séances inédites du Séminaire de Derrida intitulé « Répondre du secret », qui se tint en 1991, cet essai cerne dans un premier temps l'originalité de l'approche derridienne en retraçant les choix que fait le philosophe de sémantiques et de logiques qui le portent à puiser à un fond plus mystérieux et même étranger au secret freudien ou (post-) psychanalytique. Dans un second temps, cette pensée hétéronomique du secret est saisie tant dans le récit de Blanchot, qui en offre une exemplaire mise en oeuvre, que dans les « effets de secret » qui viennent se déposer et se sceller en retour dans la propre lecture de Derrida.
Forme de célébration de la parution de Demeure il y a quelque dix ans (et faisant constamment place à cette question de la date), ce livre tente de prendre la mesure de l'événement du secret qui s'est trouvé noué entre ces textes de Blanchot et de Derrida. Plutôt que d'interprétation ou d'herméneutique, c'est d'une autre expérience de la lecture qu'il sera aussi question : une lecture qui souhaiterait elle-même « demeurer », loin de toute évidence, de toute explication et de toute certitude, une « expérience secrète au sujet d'un secret », comme y appelait Derrida dans Donner la mort.
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