L'effilage du sac de jute

L'effilage du sac de jute
René Char & Wou-Ki Zao
Ed. Gallimard

René Char, comme aucun autre poète au XXe siècle, a mené avec les peintres une exploration commune. Avec Lettera amorosa, Poésie/Gallimard a déjà porté témoignage de ce mouvement
unique, maîtrisé, de création à deux. Avec L’Effilage du sac de jute, c’est une semblable alchimie qui est à l’oeuvre. Ce que souligne très précisément Dominique de Villepin dans sa préface : « Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir. Acte et surgissement dont
témoigne cette oeuvre qui s’offre ici à nos mains. Prenons l’affirmation de René Char à la lettre. Ici, il n’y a pas d’un côté des poèmes, de l’autre des peintures. Il y a un poème. Un désir commun et partagé, une amitié d’esprit qui se serait, comme par accident, déposée sur ces pages. Il n’y a rien d’éparpillé, il n’y a pas d’encres coulées et bues par le papier épais. Il n’y a pas de créations en regard. Il n’y a qu’une seule chimère de formes et de sens agglomérés qu’il convient non de regarder, ni même de contempler, mais d’accueillir. Son être en effet l’attend. Dans la rencontre d’un autre désir demeuré désir, que le lecteur lui porte d’un oeil rond. Ici, le désir de peinture d’un poète a rencontré le désir de poème d’un peintre. Zao Wou-Ki et René Char s’y entretiennent. L’un et l’autre ont exprimé souvent ces quêtes complémentaires, René Char avec Georges Braque, avec Joan Miró, avec Giacometti, avec Vieira da Silva et Zao Wou-Ki avec Henri Michaux, avec Yves Bonnefoy, avec Roger Caillois, exemples parmi tant d’autres. Des étincelles splendides se sont constellées dès avant cette brassée de tisons éclatants ».

Une lampe dans la lumière aride

Une lampe dans la lumière aride
du Bouchet André
Ed. Le Bruit du temps

« Pendant la lueur qui précède la chute du sommeil, je déchiffre le mur.

Tout s'aligne en filigrane, comme dans les dessins de Giacometti. L'ombre noueuse d'un arbre qui se ramifie, sous les moulures, la barre d'un verrou énorme coupant les croisées noires, portant des agrès, des cordages, remuant dans le flot qui baisse chaque fois qu'une fenêtre opposée s'éteint. La noirceur de tous les ustensiles nocturnes par contre s'accentue. Le verre accroche des lueurs. Tous les éléments du jour vus dans leur silence, leur calme diaphane. Sans ce fourmillement strident. » André du Bouchet-CatiLer noir, octobre 1951.

Ce livre reproduit une grande part des carnets que le poète André du Bouchet tint presque quotidiennement entre 1949 et 1955. Après les années de formation intellectuelle et d'exil que furent celles de sa vie aux États-Unis, du Bouchet découvre, au cours de cette période d'intense création poétique, dans la proximité de Ponge et de Reverdy, ce qui deviendra sa propre voix.

Le choix que nous proposons parmi ses premiers carnets fait écho au volume réunissant ses essais sur la poésie écrits dans les mêmes années, que nous publions sous le titre Aveuglante ou banale.

Aveuglante ou banale

Aveuglante ou banale
du Bouchet André
Ed. Le Bruit du temps

« Chaque poème est une écorce arrachée qui met les sens à vif. Le poème a rompu cette taie, ce mur, qui atrophie les sens. On peut alors saisir un instant la terre, la réalité. Puis la plaie vive se cicatrise. Tout redevient sourd, aveugle, muet. » André du Bouchet, Cahier de 1951.

Ce livre recueille, dans leur version d'origine, tous les essais sur la poésie publiés par André du Bouchet entre 1949 et 1959, et de nombreuses pages inédites, le plus souvent écrites ou ébauchées dans le cadre du C.N.R.S. où le poète fut chercheur entre 1954 et 1957.

Dans ces essais consacrés à Scève, Hugo, Baudelaire, mais aussi à des poètes contemporains (Reverdy, Char, Ponge) ou étrangers (Hölderlin, Joyce, Pasternak), le jeune du Bouchet se livre éperdument à la poésie, pour en proposer, chaque fois, une lecture extrêmement profonde et personnelle. Avec les Carnets que nous publions parallèlement, ces pages éclairent toute son oeuvre ultérieure.

Belgium Bordelo : 30 auteurs belges

Belgium Bordelo : 30 auteurs belges
collectif
Ed. l'Arbre à paroles

Anthologie de la poésie belge contemporaine, proposant des oeuvres de poètes s'exprimant en néerlandais ou en français.

8 ans

8 ans
Remacle Julie
Ed. Arbre à paroles

Des textes en prose et en vers proposent la vision du monde d'un enfant de 8 ans dans la Belgique contemporaine : l'école, les adultes, les Wallons et les Flamands, les actualités, la vie, la mort.

Neuvaines

Neuvaines
Daniel de Bruycker
Ed. maelström

Premier volume d'un ensemble composé de neuf séries de brèves méditations, chacune comprenant neuf cycles de neuf poèmes de neuf vers libres.

Ouf

Ouf
Vielle Laurence
Ed. maelström

Ces poèmes proposent une philosophie de la rue qui pense le monde en s'amusant de lui. Avec CD

Billes

Billes
Kenny Ozier-Lafontaine
Ed. maelström

Deux voix soliloquent ou se répondent, empruntant des chemins de traverse et révélant, à travers une langue simple et mystérieuse, l'histoire du langage.

Tous les grands ports ont des jardins zoologiques

Tous les grands ports ont des jardins zoologiques
Thiry Marcel
Ed. Table ronde

« Comment, vous ne connaissez pas ? Ce n'est pas possible ! Un des plus remarquables poètes d'aujourd'hui ! » s'était exclamé Paul Éluard à propos de Marcel Thiry (1897-1977). La présente anthologie réunit plus de cent cinquante poèmes choisis parmi les dix-huit recueils qui composent une oeuvre d'une étonnante virtuosité prosodique construite à l'écart des grands courants poétiques de son temps. Tour à tour, ils mettent en lumière l'expérience du jeune soldat faisant le tour du monde malgré lui, le goût du voyage et le plaisir toujours intact de se perdre dans des villes étrangères, la célébration de l'amour de manière parfois très érotique, la conjugaison souvent pleine d'humour entre l'homme d'affaires, l'entrepreneur et le rêveur.

Irruption de la Manche. Poèmes avec dix-huit gouaches

Irruption de la Manche. Poèmes avec dix-huit gouaches
Darras Jacques
Ed. Le Cri

Chaque fois que je viens sur la hauteur du Cap Blanc-Nez, par temps clair et dégagé, je suis saisi du même frisson devant l’étendue des vagues qui cavalent jusqu’au mur de craie blanche au loin. Vertige du Temps ! Ici se chevauchent et s’intensifient toutes les coupures, mon bref segment de vie, les six millénaires d’irruption marine qui ont fait de cette vallée nommée Doggerland par les géologues un fossé large de trente-cinq kilomètres, la fracture entre langues anglo-saxonnes, celtes et romanes, l’interminable suite de liens et scissions dans l’Histoire de l’Occident. Debout à la verticale des craies fragmentée par l’érosion de l’eau c’est le bruit palpable du Temps lui-même que j’entends, corps d’écume et de vents. N’est-il pas nouveau que notre Mémoire s’approfondisse aux fosses de l’archéologie (St. Acheul, Chauvet, Lascaux), s’accroisse d’effondrements cosmiques (Storregas, Tsunamis) ? Et si c’était à l’horloge des irruptions marines que nous allions devoir calculer notre âge désormais ? Ici, à Blanc-Nez, promontoire miniature, je recommence d’aller cueillir la fleur ancienne «Sagesse des sommets». Tailler de minimes marches d’arrêt dans le Temps requiert le sens des pentes, de l’étalement des plans. Exercices de souffle suspendu, aujourd’hui, au-dessus du chenal, du Channel! J. D.

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