Si Pierre Mac Orlan a lui-même beaucoup photographié, comme ce livre le révèle pour la première fois, il est aussi l'écrivain de sa génération qui a le plus écrit sur la photographie. Entre les années 1920 et l'après-guerre, il signe une vingtaine de textes, essais ou préfaces, sur tout ce que Paris compte alors de photographes intéressants : Eugène Atget, Germaine Krull, André Kertész, Claude Cahun, Willy Ronis et quelques autres. Ces écrits, peu connus des spécialistes et a fortiori du grand public, n'ont, à ce jour, jamais été réunis. Clément Chéroux les exhume de leur gangue d'oubli et montre dans une introduction éclairante comment ils fondent un concept, le «fantastique social», extrêmement utile pour comprendre les enjeux des recherches photographiques de l'époque, entre expressionnisme et surréalisme.
Ricardo Viñes (1875-1943), pianiste catalan, a été l'interprète et l'ami des plus grands compositeurs du début du XXe siècle. Il est considéré comme l'un des premiers pianistes modernes : ses recherches sur le plan de la variété des sonorités, son jeu de pédales d'une grande subtilité marquent un tournant dans l'histoire de l'interprétation. Il a vécu la quasi-totalité de son existence en France. Par sa double culture, il est l'artisan de fructueux échanges entre musiciens, peintres et écrivains espagnols et français.
Dans cet ouvrage, réalisé avec la collaboration de la musicologue Nina Gubisch-Viñes, petite-nièce de Ricardo Viñes, Mildred Clary propose un récit captivant du parcours de cet artiste. Il offre une mine de renseignements sur la vie artistique et musicale de la fin des années 1880 aux années 1943, car Viñes a fréquenté les plus grands peintres, poètes et sculpteurs français ou étrangers vivant à Paris (Bonnard, Vuillard, Redon, Picasso, Maillol, Rodin, Fargue, Valéry, Bloy, Mendès, Larbaud...), au fil d'une carrière mouvementée.
C. Millet revient sur la création, en 1972, et sur l'évolution de la revue Art press, consacrée à l'analyse de l'art contemporain. Directrice de la rédaction, elle livre des anecdotes et réflexions, retrace son parcours personnel ainsi que son engagement en littérature, en particulier avec Le vie sexuelle de Catherine M..
Les villes en Afrique des années 1950-60 sortent de l'asservissement pour aller avec certitude vers la joie de leur indépendance. Chacun vit ces moments où enfin la modernité du monde est accessible, sans soucis de Blanc ou de Noir. À Léopoldville, devenue Kinshasa, cela passe par l'« American way of life », ses voitures et la mode des Bills en tenue de cow-boy, la guitare électrique, le saxo et des musiques qui emmènent le merengue, le cha cha cha et surtout la rumba dans une folle danse connue mondialement désormais comme « la musique zaïroise ». Les bandes déjeunes Kinois ont chacune un style vestimentaire et leurs muses féminines, fréquentent les innombrables bars-dancings, soutenant un groupe musical, ici l'« OK Jazz » autour de Franco, là l'« African Jazz » de Joseph Kabasele. Les athlètes, fiers de leurs corps, paradent devant leurs admiratrices à la piscine du Complexe sportif de la Funa. C'est le décor et la vie que nous fait partager le photographe Depara dans chacune de ses images.
« Il est facile d'expliquer pourquoi on aime le Vercors, la Bretagne, le Pays basque, la Corse, paysages virils et puissants : ils en imposent, ils roulent leurs biceps de névés, de garrigues ou de houles, ils vous en mettent plein les yeux. Mais la Touraine ? Ces vallonnements paresseux, ce fleuve indolent, ces coteaux de craie... C'est un bonheur furtif et secret comme les reflets du fleuve dans les boires et les bras morts, les mousses lumineuses qui gagnent les sables à l'étiage, un bonheur bouillonnant à l'insu du monde comme le moût d'octobre dans la pénombre des caves de tuffeau, un bonheur puissant et calme, gonflé d'ivresses passées et à venir. Il m'aura fallu du temps pour m'acclimater à ces lieux, tellement de temps pour comprendre ce que j'aime ici, et combien je l'aime. L'amour est lent, c'est un travail. »
En compagnie d'un ami photographe, Jean-Marie Laclavetine a vagabondé durant des mois sur les routes deTouraine. Ils sont allés à la rencontre des « fainéants sublimes » dont parle Balzac, habitants d'un pays où le temps ne passe pas à la même vitesse qu'ailleurs.
Carl Einstein, théoricien des avant-gardes européennes, a très tôt découvert le cubisme à Paris, s'est lié d'amitié avec les peintres et a puissamment contribué à leur reconnaissance tant en Allemagne qu'ailleurs en Europe. Formé à la Kunstwissenschaft (la science de l'art dans les pays germaniques), Einstein propose une analyse pénétrante et pionnière de l'art du début du siècle, intégrant les recherches les plus avancées en ethnologie, psychanalyse, sociologie et dans les autres domaines du savoir humain. Il fut l'auteur mondialement reconnu de Negerplastik (La Sculpture nègre), première analyse formelle de l'art africain parue en 1915 et traduite en plusieurs langues.
C'est un fait nouveau : depuis 2011, plus de la moitié de l'humanité vit dans les villes. L'espèce humaine est devenue une espèce urbaine, pour le meilleur et pour le pire : pour chaque 5e Avenue il y a un bidonville à Mumbai. Pourtant, la ville reste un incomparable moteur d'innovation et de création, un accélérateur de civilisation, qui attire la pauvreté davantage qu'elle ne la crée. Telle est la conviction profonde d'Edward Glaeser, économiste de renommée internationale, fasciné depuis toujours par l'univers urbain et les mille questions qu'il pose : pourquoi des villes autrefois puissantes tombent-elles en ruine ? Comment se forment les ghettos ? Pourquoi certaines cités se développent-elles en hauteur et d'autres à l'horizontale ? Est-il vrai que la vie en ville rend plus malheureux ?
Guidant son lecteur de New York à Bangalore, de Singapour à Vancouver, de Détroit à Rio ou de Paris à Tokyo, l'auteur mène l'enquête et fait la chasse aux idées reçues : la ville n'est pas moins écolo que la campagne, les gratte-ciel n'ont pas que des inconvénients, la préservation acharnée du Paris haussmannien est loin d'être un cadeau pour ses habitants, contraints à le déserter... Or, rien de pire qu'une ville-vitrine car la vraie cité est faite de chair, non de béton.
Qui était Marilyn Monroe ? Qui se cache derrière la pétillante blonde qui va mettre fin à ses jours à 36 ans, en pleine gloire ? Lire cette Confession inachevée, son unique projet autobiographique, ce n'est pas seulement entendre la voix bien reconnaissable de Marilyn dévoiler les étapes de sa brève existence, c'est découvrir une observatrice clairvoyante, tiraillée entre les paillettes et les coulisses, entre la beauté et la souffrance. Ces textes de jeunesse sont une confession - au sens religieux du terme -, le portrait d'une femme qui se met à nu, d'une femme en quête d'un absolu et que la vie déçoit.
En 1954, l'agent Charles Feldman contacta le scénariste et écrivain Ben Hecht, ami de Marilyn, pour lui demander d'aider l'actrice à écrire ses mémoires. À 28 ans, elle a déjà tourné une vingtaine de films, et elle est lasse des potins des feuilles à scandale. Elle lui dicte les mots qu'il couche sur le papier... Pour des raisons personnelles, elle ne poursuivit pas ces séances de travail, mais confia le manuscrit au photographe Milton Greene, son ami de toujours. Ce n'est qu'en 1974, vingt ans après avoir recueilli ces feuillets, douze ans après la mort de Marilyn, que Milton Greene décida de révéler ce texte au public. Confession inachevée était épuisé en France depuis plus de trente ans.
'Buster Keaton employait quatre gagmen, Harold Lloyd, pas moins de dix. Ils étaient payés autant que les réalisateurs. Et nombre d'entre eux firent de la mise en scène par la suite. Souvent, ils accompagnaient les équipes de tournage en extérieur, et, quand le tournage s'enlisait, ils lançaient de nouvelles idées et en développaient des anciennes. Les comédies muettes coûtaient quelquefois plus cher et prenaient souvent plus de temps de tournage que les autres longs métrages. Mais, si cette époque fut connue sous le nom de l'âge d'or de la comédie, elle le doit sans aucun doute à cette méthode d'improvisation inspirée. (...)
L'aspect peut-être le plus attachant de cette période était l'absence de conscience historique. Personne ne savait qu'il créait un âge d'or. Personne, en dehors de Chaplin et de Sennett, n'avait, jusqu'alors, été acclamé comme un génie. Faire des films était encore un plaisir. Sur le plateau de Keaton, le sport favori était le base-ball. Quand il avait besoin de cameramen ou de gagmen, Buster engageait les gens pour leur capacité éprouvée, non pas dans l'industrie du cinéma mais sur les terrains de base-ball. S'ils se révélaient techniciens expérimentés, c'était une simple coïncidence.
Mais la période entière n'était qu'une succession d'accidents heureux et de coïncidences formidables depuis l'instant où Chaplin tomba par hasard sur son maquillage immortel de vagabond jusqu'à la rencontre accidentelle d'Oliver Hardy et de Stan Laurel.'
L'artiste hollandais présente le cycle de tableaux réalisés il y a une cinquantaine d'années pour illustrer l'oeuvre de J.R.R. Tolkien. Rappelant la tapisserie de Bayeux, les reproductions sont ici organisées en fonction du récit avec, en regard, des extraits de l'épopée. Une introduction retrace la naissance des tableaux replacés dans le contexte général de l'oeuvre de l'artiste.