« Si tu veux changer un homme, transforme sa maison », telle pourrait être la devise de Hugh Hefner, le fondateur de Playboy, qui présente à ses lecteurs, outre des femmes à oreilles de lapin, un véritable manifeste pour « l'émancipation masculine ». Penthouse pour célibataire, lit rotatif, jet privé Big Bunny, grottes tropicales, piscines transparentes, night-clubs, mobilier design, manoirs extravagants truffés de caméras de surveillance... En pleine guerre froide, Playboy invente la première utopie érotique de l'ère de la communication de masse : un bordel multimédia où un homme, divorcé, célibataire et polygame, vit accompagné d'une trentaine de femmes filmées en permanence dans un parc à thème sexuel.
C'est en analysant les rapports entre architecture, technologie et sexualité, par le biais d'un questionnement qui échappe à toute catégorisation morale, que Beatriz Preciado étudie l'empire Playboy, première industrie de loisirs sexuels du capitalisme global. Preciado explore avec un talent philosophique rare la relation de l'archipel Playboy aux maisons de plaisir et aux utopies sexuelles architecturales de Sade, Ledoux ou Restif de La Bretonne, révélant le coeur de la pornotopie Playboy, dans laquelle l'architecture devient espace de théâtralisation de l'hétérosexualité.
La musique est ancrée au plus profond de la civilisation occidentale. Elle en est l'âme vibrante et sensible.
Or, longtemps, il fut impossible de restituer la réalité sonore et musicale du Moyen Âge, en raison de l'immatérialité et de la rareté des sources.
Pour la première fois, cet ouvrage replace la musique dans son contexte historique et culturel depuis l'Antiquité tardive jusqu'à la fin du XIVe siècle.
De l'héritage grec et latin à l'Ars nova, en passant par le chant grégorien, ce volume exceptionnel offre l'image la plus complète et la plus fidèle possible de cet art majeur. Fruit de plusieurs décennies de recherches, il réunit des auteurs reconnus, experts des instruments ou de l'acoustique, mais aussi de l'histoire des arts et de la philosophie, pour faire sortir la musique médiévale du cercle des spécialistes et atteindre le simple mélomane ou l'amateur éclairé.
Une iconographie exceptionnelle, un grand nombre de cartes, la plupart inédites, éclairent la lecture de cette somme et guident le lecteur à travers le réseau dense des lieux, des influences culturelles, des rites et des thèmes.
Une odyssée musicale à travers les arts et l'histoire du Moyen Âge.
Bruce Nauman nait à Fort Wayne dans l'Indiana en 1941 et est actif dès les années soixante aux Etats-Unis. Nauman jongle avec les médiums et se passionne pour les jeux de langage dans un désir voilé de démythification du sens ordinaire des mots et de l'ordre du monde. Il joue de son corps ou de la gestuelle d'artsistes professionnels, réalise des performances, des installations, des vidéos (...) Cet ouvrage situe l'oeuvre complexe de Bruce Nauman dans les contextes les plus importants de son temps et nous y introduit d'emblée en suivant les modes d'expression de l'artiste, qui sont multiples.
Le design est partout. Les objets nous accompagnent en toutes circonstances et nous séduisent, nous inspirent, nous intriguent. Deyan Sudjic, directeur du Design Museum, livre dans cet essai une réflexion critique et pleine d'humour sur le design et son rôle.
Il décode les mécanismes à l'oeuvre dans la séduction exercée par un meuble, un équipement électronique, un vêtement... Il revient sur les événements clés de l'histoire du design industriel, sur ses relations avec le monde de l'art, et n'hésite pas à égratigner au passage des figures iconiques de la discipline !
Truffé de références historiques et d'exemples du quotidien, le texte de Deyan Sudjic offre avec simplicité et pertinence une manière inédite de comprendre le monde qui nous entoure et la société de consommation dans laquelle nous vivons.
Année après année, la campagne française disparaît sous la ville. Malgré les proclamations indignées et les législations vertueuses, la terre fertile se raréfie, les espaces naturels se morcellent, la ville s'éparpille et se cloisonne, l'automobile s'impose comme unique lien social. Le phénomène, connu sous le nom d'étalement urbain, ne résulte pas seulement de la crise du logement et du désir d'accession à la propriété individuelle. Centres commerciaux, entrepôts, parkings, la ville étalée se nourrit d'une économie opulente et d'une société qui valorise le bonheur individuel, à court terme de préférence. Autrement dit, nous sommes tous responsables.
Dans cet ouvrage enlevé et efficace, coécrit par un expert du sujet et un journaliste spécialisé, les auteurs brossent un tableau vivant et sans concession de la bataille inégale qui se livre entre la soif de bitume et les rares garde-fous susceptibles de contrer le phénomène. Tout est perdu ? Voire. Et si les crises qui se profilent fournissaient un sursaut brutal mais inespéré ?
La célébrité étant devenue une valeur tendance de notre société, elle est pour certains le sens même de la vie, il est donc indispensable de la commenter avec humour. Jean-Michel Espitallier ,poète dont la pratique est proche des dispositifs de l'art contemporain et héritière de la démarche d'Apollinaire et de celle de la 'poesia visiva' analyse ici avec impertinence notre fascination pour les moeurs et coutumes exhibitionnistes des stars et autres vedettes du monde globalisé. G.F.
Le film
'Babel/Lettres à mes amis restés en Belgique 'raconte la vie quotidienne d'un cinéaste errant dans sa propre ville (Bruxelles), qui cherche à partir au Mexique sur les traces d'Antonin Artaud, chez les indiens tarahumaras.
C'est un film sur l'amitié et l'intimité écrit à la première personne, qui place Boris Lehman et Bruxelles au centre de l'univers, figuré par la spirale de la mythique tour. C'est le journal intime et l'autoportrait de Boris qui se met en scène et joue son propre rôle à l'écran (comme la centaine de personnes qui ont accepté d'être 'babelisées').
Le livre reprend l'intégralité de la voix off , quelques extraits des dialogues, cinq textes inédits (Juliette Achard, Mario Brenta, Serge Daney, Messaline Raverdy, Boris van der Avoort) et de nombreuses illustrations en couleur (documents, photogrammes, dessins, manuscrits).
Il n'existe pas de nation sans hymne. Cet ouvrage invite à un parcours historique et littéraire (Barrès, Proust, Kundera) dans les usages identitaires de la musique. Il s'interroge sur la force d'attraction de ces musiques qui scellent l'identité des individus et des groupes en produisant un sentiment d'appartenance. Mais la musique a aussi parfois servi à combattre les identités.
Lorsque Donna Leon, auteur mondialement célèbre de romans policiers, n'est pas occupée à imaginer des intrigues policières ayant pour théâtre Venise, elle écoute des opéras. En particulier ceux de son compositeur favori, Georg Friedrich Haendel. Ce dernier a rempli ses arias de références animalières ; riches de symboles, les vertus et vices des lion, abeille, rossignol, serpent, éléphant, ou tigre résonnent dans toute son oeuvre.
Dans le présent ouvrage, Donna explore les compositions de Haendel et les bestiaires médiévaux pour réaliser un bestiaire personnel de douze animaux et de leur représentation mythologique, historique, artistique, au gré des illustrations du peintre allemand Michael Sowa.
Le CD joint renferme toutes les arias dont il est question dans le livre, interprétées magnifiquement par Il Complesso Barocco, sous la direction d'Alan Curtis. Fascinant et tout à fait original, Le Bestiaire de Haendel est un témoignage magnifique de la culture et de l'esprit de Donna Leon.
S'il est infime, le sens de ce haïku n'est pas futile ; en effet, après l'avoir lu ou récité, on ressent un déclic secret, intérieur.
Là commence le voyage de Cesare Brandi, formé aux subtilités de l'art italien, découvrant l'Asie avec une stupeur érudite et heureuse. Il traverse Tokyo, Kyoto, puis Hong-Kong et Bangkok. Il regarde vivre les gens avec empathie - ou avec humour lorsqu'il pointe leurs contradictions.
Son regard d'historien de l'art saisit la beauté de l'architecture japonaise, des jardins zen, ou des bouddhas thaïs, comme la laideur de certaines pagodes.
Cet enthousiasme et l'érudition de Brandi firent d'ailleurs l'admiration de Pasolini.