Improviser le cinéma

Improviser le cinéma
Mouellic Gilles
Ed. Yellow Now

Bien avant de susciter l'intérêt de créateurs du XXe siècle, l'improvisation a été associée au théâtre populaire médiéval, puis à l'art musical. Aujourd'hui, les arts de la performance (danse, théâtre et musique) sont les
domaines de référence de l'improvisation et on ne songe guère au cinéma où, pourtant, la part de performance est capitale: chaque tournage a son lot d'improvisation né des aléas du plateau. Mais ce ne sont pas ces moments d'improvisation qui sont envisagés : affirmer l'existence de pratiques d'improvisation propres au cinéma et en déterminer les puissances expressives, voilà la double ambition de l'auteur. L'improvisation est une manière d'investir le monde réel en laissant se développer des potentialités qui sont autant de départs inattendus de fictions

Jayne Mansfield 1967

Jayne Mansfield 1967
Liberati Simon
Ed. Grasset

« Aux basses heures de la nuit, le 29 juin 1967 sur un tronçon de la route US 90 qui relie la ville de Biloxi à La Nouvelle-Orléans, une Buick Electra 225 bleu métallisé, modèle 66, se trouva engagée dans une collision mortelle. »

Dans cette Buick broyée se trouvait une femme, une Hollywood movie star de trente-quatre ans, danseuse nue à Las Vegas, célébrissime sex-symbol des années 50.

Simon Liberati ressuscite Jayne Mansfield, l'actrice méconnue la plus photographiée au monde, fouille amoureusement dans les recoins les plus ténébreux de sa vie, retrace ses dernières heures en plein été hippie, lesquelles disent aussi le crépuscule de l'âge d'or hollywoodien. Au programme : perruques-pouf, LSD 25, satanisme, chihuahuas, amants cogneurs, vie désaxée, mort à la James Dean, cinq enfants orphelins et saut de l'ange dans l'underground.

Une oraison funèbre et morbid chic dans la droite ligne de Truman Capote et Kenneth Anger.

Marcel Gascoin : design utile

Marcel Gascoin : design utile
collectif
Ed. piqpoq

Marcel Gascoin (1907-1986) apparaît comme une exception dans l'histoire de l'architecture et du design en France. Ayant rejoint très jeune l'Union des artistes modernes, ce créateur trace son propre chemin dans l'équipement « en série » à la fin des années 1940. Il démontre alors la vocation utilitaire d'un mobilier en bois minimaliste et d'un aménagement intégré où se déclinent d'élégantes astuces fonctionnelles.

Dans son atelier qui accueille les jeunes talents du design français - tels Pierre Guariche, Michel Mortier, Joseph-André Motte ou encore Pierre Paulin -, il invente une modernité accessible au plus grand nombre et édite des modèles économiques qui marqueront leur temps. Ce livre met en perspective le parcours singulier de Marcel Gascoin, entre architecture et industrie, et présente les pièces emblématiques de son travail de designer.

Homa Sampler ,culture et consommation de l'ère afterpop

Homa Sampler ,culture et consommation de l'ère afterpop
Fernandez Porta Eloy
Ed. Inculte

Le pop était venu à bout du concept canonique de haute culture. Enfin, il l’avait relégué dans les catacombes de l’underground. Mais là-bas, elle s’est refait une santé, s’est reconfigurée. Elle a utilisé les conduits du système et propagé une nouvelle substance qui a corrodé les paysages pop, les vidant de ses héros, de ses sujets.

Une information légère structurée et problématisée comme un savoir académique : telle a été la condition et le calvaire du changement de siècle. C’est cette culture dite afterpop qu’Eloy Fernández Porta déploie pour nous dans cet essai docte et hilarant. Une culture nouvelle qui demande à son consommateur de connaître également Freud et les Simpson pour en saisir tous les enjeux.

Eloy Fernández Porta est professeur de littérature à Barcelone, écrivain et essayiste. Il a obtenu, en 2010, le prix Anagrama du meilleur essai avec €®O$, la superproduction des affects.

Frida Kahlo : la beauté terrible

Frida Kahlo : la beauté terrible
de Cortanze Gérard
Ed. Albin Michel

Un après-midi de septembre 1925, une jeune Mexicaine de dix-huit ans voit l'autobus dans lequel elle a pris place percuté par un tramway. La colonne vertébrale brisée, elle mettra deux ans avant de pouvoir remarcher. Belle, indépendante, vive, elle se marie en 1929 avec Diego Rivera, le célèbre peintre muraliste. Elle s'appelle Frida Kahlo. Ce livre est son histoire.

Recommandant, pour vivre, de ne pas fermer les yeux à la laideur mais au contraire de les ouvrir « pour regarder ainsi la naissance d'une beauté terrible », elle invente une autre réalité. Torturée par la douleur physique, mais portée par ses engagements politiques et ses amours tumultueuses, elle construit au fil des années une oeuvre picturale puissante et singulière. Sa dernière toile, Viva la Vida, est un hymne à la joie de vivre et à la lumière : « Pourquoi voudrais-je des pieds, demande-t-elle, puisque j'ai des ailes pour voler ? »

Rose poussière

Couverture non disponible
Schuhl Jean-Jacques
Ed. Gallimard

De gauche à droite, ainsi que sur une photographie, on reconnaît dans ce livre des morceaux de personnages célèbres mais qui, en fin de compte, ne sont là que pour contribuer à n'en faire qu'un - ou trois milliards - l'homme interchangeable et sans nom, comme dans un photomontage ou un portrait-robot : Mao, Marlene, Oulianov, les Rolling Stones, Ava Gardner, Marlon Brando, Weidman, Stan Laurel.
De pied en cap, cet homme interchangeable et synthétique porte les signes du temps : lunettes fumées, fils électriques, boots, fards, foulards, chants, accessoires détournés ou décalés, et surtout sa mort électronique et industrielle avec son maquillage, sa toilette, sa douceur, sa précision anonyme : rien de tel que des pièces (et des phrases) rapportées pour aussitôt se décomposer au ralenti et en silence. De part en part, ce montage-démontage sur l'impersonnalité tourne autour de ces « éléments étranges qui ne cessent pas d'entraîner la vie humaine vers une région blafarde », zone commune (fosse commune) où n'ont plus cours les valeurs de culture, d'intelligence, de style ni de personne humaine, chaque chose n'étant plus là que pour soi, c'est-à-dire pour rien. De cette zone innommable, il n'est aujourd'hui, pour nous en donner un aperçu, que les déchets et pourritures en tous genres.

Au musée des illusions : le rendez-vous manqué du quai Branly

Au musée des illusions : le rendez-vous manqué du quai Branly
Price Sally
Ed. Denoel

Sally Price, qui a suivi la genèse du musée du quai Branly, livre une 'critique amicale' pointant les lacunes du projet et ses fondements idéologiques. Elle montre comment les concepteurs, au nom d'une esthétisation à outrance, ont refusé toute approche pédagogique pour privilégier le spectaculaire et éviter le dialogue avec les peuples dont sont issues les oeuvres, menant à l'ethnocentrisme.

Cloning terror ou la guerre des images du 11 septembre au présent

Cloning terror ou la guerre des images du 11 septembre au présent
Mitchell W.J. Thomas
Ed. Les Prairies Ordinaires

Les attentats du World Trade Center et la brutale réplique qu'ils ont suscitée de la part du gouvernement américain n'ont pas seulement engendré de lourdes pertes humaines, ils ont aussi produit de nouvelles images qui ont durablement marqué les esprits. Pour W.J.T. Mitchell, ce qu'il s'agit de comprendre, c'est l'entrelacement formé par les événements et les images : laisser un instant de côté la signification des images, leur pouvoir ou les idéologies qu'elles véhiculent, examiner la manière dont les images produites durant la « guerre contre le terrorisme » ont fabriqué des réalités et des affects politiques.

En un mot, prendre les images au sérieux. Depuis le 11 Septembre, le terrorisme est devenu indissociable du paradigme du clonage, et la reproductibilité infinie des images a donné naissance à la figure du terroriste clone, anonyme, insaisissable, innombrable, capable de semer la terreur partout et à tout moment. La « clonophobie » contemporaine est à la fois nouvelle et ancienne : nouvelle, parce que la peur du terrorisme s'inscrit pleinement dans notre « âge biocybernétique », défini par l'image numérique et les nouveaux médias ; ancienne, parce que la clonophobie est une forme d'iconophobie, vieille peur d'une copie douée d'une âme et d'une vie propre.

Cloning Terror, en explorant les différents avatars de cette « image vivante » ressuscitée, s'acquitte magistralement de son principal objectif : poser les bases d'une iconologie du présent.

Le capitalisme contre le droit à la ville, néolibéralisme, urbanisation, résistances

Le capitalisme contre le droit à la ville, néolibéralisme, urbanisation, résistances
Harvey David
Ed. Amsterdam

Que peut bien vouloir dire «droit à la ville» ?

Cette interrogation est indissociable d'une multitude d'autres questions. Quelle ville voulons-nous ? Quel genre de personnes voulons-nous être ? À quelles relations sociales aspirons-nous ? Quelle vie quotidienne trouvons-nous désirable ? Quelles valeurs esthétiques défendons-nous ? Quel rapport à la nature souhaitons-nous promouvoir ? Quelles technologies jugeons-nous appropriées ?

Le droit à la ville ne se réduit ainsi pas à un droit d'accès individuel aux ressources incarnées par la ville : c'est un droit à nous changer nous-mêmes en changeant la ville de façon à la rendre plus conforme à nos désirs les plus fondamentaux. C'est aussi un droit plus collectif qu'individuel, puisque, pour changer la ville, il faut nécessairement exercer un pouvoir collectif sur les processus d'urbanisation.

Il importe dans cette perspective de décrire et d'analyser la manière dont, au cours de l'histoire, nous avons été façonnés et refaçonnés par un processus d'urbanisation toujours plus effréné et étendu, animé par de puissantes forces sociales et ponctué de violentes phases de restructurations urbaines par «destruction créative», ainsi que par les résistances et les révoltes que ces restructurations suscitaient.

On saisira alors toute l'actualité de la thèse d'Henri Lefebvre : le processus urbain étant essentiel à la survie du capitalisme, le droit à la ville, autrement dit le contrôle collectif de l'emploi des surplus dans les processus d'urbanisation, doit devenir l'un des principaux points de focalisation des luttes politiques et de la lutte de classe.

Monte Verita : Ascona et le génie du lieu

Monte Verita : Ascona et le génie du lieu
Noschis Kaj
Ed. Presses Polytechniques et Universitaires Romandes

Une colline dominant Ascona et le lac Majeur est devenue dès 1900 un haut lieu de la liberté de pensée et de vie. A Monte Verità le jaillissement des esprits fut proprement stupéfiant à un moment où en Europe les interrogations sur un mode de vie alternatif et les condamnations de la société industrielle se faisaient pressantes : recherches croisées et innovations dans tous les arts, ardeur réformatrice jusqu'à la libération des corps et du sexe, ascétisme végétarien, valeurs opposées à la morale bourgeoise dans une succession de groupes et de courants d'idées, chorégraphes d'avant-garde, révolutionnaires russes, Allemands en nombre comme dans une banlieue de Munich, vagabonds-prophètes inspirant Hermann Hesse, chercheurs de grand renom réunis autour de Carl Gustav Jung, historiens des religions tel Mircea Eliade ou inspirateurs futurs du New Age rapprochant l'Orient et l'Occident. Il n'existait pas de livre en langue française pour décrire l'un des feux d'artifice les plus étonnants du 20e siècle. Le voici, dans une approche nouvelle et contemporaine des pouvoirs d'un lieu.

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