Carpentarie

Carpentarie
Wright Alexis
Ed. Actes Sud

Là-haut, tout au nord de l'Australie, sur les rives du golfe de Carpentarie, survit comme elle peut, entre sécheresse et cyclones, la petite ville côtière de Desperance, qui fut autrefois un port et que les caprices des fleuves ont abandonnée à l'intérieur des terres. Des Blancs se sont installés là, pour dominer les Aborigènes locaux, pour chasser le crocodile et, bien sûr, pour exploiter les richesses du sous-sol.

Mais les temps changent et la résistance aborigène s'organise, prête à s'attaquer aux installations modernes, charriant aussi revendications d'identité, de territoire et de droit au rêve. Interviennent alors dans un récit halluciné, souvent drôle, des personnages hauts en couleur, tel Norm Phantom, embaumeur de poissons, conteur d'histoires, soupçonné de meurtre, dont le combat est de rassembler le clan de l'Est et le clan de l'Ouest, séparés à la suite d'une querelle épique pour le contrôle d'une décharge. Deux frères ennemis s'activent sous l'oeil vigilant d'un maire criminel et du capitaine Nicoli Finn, en permanence à l'affût des dérapages indigènes.

Il y a aussi Mozzie Fishman avec sa gueule à la Clint East-wood ; Elias Smith, homme à la chevelure blanche rejeté par la mer, ni vivant ni mort, ses souvenirs perdus quelque part dans le non-temps du Temps du rêve ; des gamins qui sniffent de l'essence, un choeur de vieux qui commentent... et Angel Day, un peu clocharde, un peu sorcière, brandissant une statue de la Vierge récupérée dans les poubelles.

Empli d'un souffle magique mêlant agissements des personnages et vie des paysages, Carpentarie - guerre de Troie, ou Roméo et Juliette à sa façon - est un roman monumental et fondateur, combinaison de narration à l'occidentale et d'une forme propre aux Aborigènes d'Australie, mélange de récit oral et de mythologie, dont Alexis Wright est l'initiatrice depuis Les Plaines de l'espoir.

 

Un roi barbare. Essai sur H. D. Thoreau

Un roi barbare. Essai sur H. D. Thoreau
Stevenson Robert Louis
Ed. Finitude

« On peut trouver une sorte de noblesse rustre, la noblesse d'un roi barbare, dans la confiance inébranlable que Thoreau a en lui-même et dans son indifférence aux désirs, aux pensées et aux souffrances d'autrui. »

À l'image de ce jugement à l'emporte-pièce, Robert Louis Stevenson oscille, dans cet essai publié dans le Cornhill Magazine en juin 1880, entre réelle admiration et profond agacement envers son illustre aîné. Il fait grand cas de Walden mais la froideur toute puritaine de l'écrivain l'irrite.

À l'heure où certains font d'Henry David Thoreau un précurseur éclairé des philosophies alternatives de ce début de siècle, il est intéressant de s'attarder un peu sur le portrait contrasté et parfois partial qu'en a brossé Stevenson.

Je ne t'ai pas vu hier dans Babylone

Je ne t'ai pas vu hier dans Babylone
Lobo Antunes Antonio
Ed. Christian Bourgois

«Il doit être minuit parce que les bruits, ceux du jardin, ceux de la maison et ceux de ma femme qui a fait partir les chiens en les fouettant légèrement avec une branche
- Fichez-moi le camp
Elle a attaché la chienne en chaleur dans le garage et je parie qu'elle s'est couchée parce que pas de lumière dans le couloir ni dans la chambre dans laquelle je ne pénètre plus depuis des siècles, je reste ici très loin d'elle avec tout ce silence et cette obscurité entre nous, pas de froissement de draps ni une latte du lit quand elle change de position, les lampadaires d'Évora de l'autre côté de la maison, par cette fenêtre des bruyères, même mon reflet a disparu sur les vitres»

«Qui parle, tout au long des immenses coulées qui forment les fleuves de l'oeuvre d'António Lobo Antunes ? Et à qui ? Peu importe après tout : ces voix se mêlent, leurs monologues intérieurs se croisent sans rompre la solitude où chacune ressasse ses obsessions. C'est toujours le même livre, et pour qui est sensible à cette écriture en incises, à ce trouble, à ce vertige verbal, c'est un bonheur toujours renouvelé.» (Isabelle Rüf, Le Temps)

 

 

The Best American Nonrequired Reading

The Best American Nonrequired Reading
Eggers (ed.) Dave
Ed. Mariner

The Best American series is the premier annual showcase for the country's finest short fiction and nonfiction. For each volume, the very best pieces are selected by a leading writer in the field, making the Best American series the most respected - and most popular - of its kind.

The Best American Nonrequired Reading 2009 includes PHILIP CONNORS, NATHAN ENGLANDER, JONATHAN FRANZEN, RIVKA GALCHEN, J. MALCOLM GARCIA, DAVID GRANN, DENIS JOHNSON, REBECCA MAKKAI, MATTHEW POWER, and others

The Wild Things

The Wild Things
Eggers Dave
Ed. Hamish Hamilton

Seven-year-old Max likes to make noise, get dirty, ride his bike without a helmet and howl like a wolf. In any other era, he would be considered a boy. In 2007, he is considered wilful and deranged. His home life is problematic. His parents are divorced; his father, immature and romantic, lives in the city. His mother has taken up with a younger man who steals quarters from the change bowl in the foyer. Driven by a series of pressures, internal and external, Max leaves home, jumps in a boat and sails across the ocean to a strange island where giant beasts reign - the Wild Things from Maurice Sendak's visionary classic.

This is an all-ages adventure, full of wit and soul, that explores the chaos of youth while Max explores the chaos of the world around him.

Changing My Mind

Changing My Mind
Smith Zadie
Ed. Hamish Hamilton

How did George Eliot's love life affect her prose ? Why did Kafka write at three in the morning ? In what ways is Barack Obama like Eliza Doolittle ? Can you be over-dressed for the Oscars ? What is Italian Feminism ? If Roland Barthes killed the Author, can Nabokov revive him ? What does 'soulful' mean ? Is Date Movie the worst film ever made ?

Split into five sections - 'Reading', 'Being', 'Seeing', 'Feeling' and 'Remembering' - Changing My Mind finds Zadie Smith casting an acute eye over material both personal and cultural. This engaging collection of essays - some published here for the first time - reveals Smith as a passionate and precise essayist, equally at home in the world of great books and bad movies, family and philosophy, British comedians and Italian divas. Whether writing of Obama, Katherine Hepburn, Kafka, Anna Magnani or David Foster Wallace, she brings a practitioner's core to the art of criticism, with a style as sympathetic as it is insightful.

Changing My Mind is journalism at ist most expansive, intelligent and funny - a gift to readers and writers both. Within its covers an essay is more than a column of opinions : it's a space in which to think freely.

Les malchanceux

Les malchanceux
Johnson Bryan Stanley
Ed. Quidam

Enfin traduit en français ! Quel bonheur ! On attend également la traduction de la biographie de B. S. Johnson par Jonathan Coe : patience jusque janvier 2010 !

Envoyé dans une ville des Midlands, un rédacteur sportif se retrouve confronté aux fantômes de son passé dès sa sortie de la gare. Le souvenir de l'un de ses meilleurs amis, Tony, trop tôt emporté par un cancer, vient à hanter son esprit tandis qu'il doit se plier, comme chaque semaine, à la routine de son labeur : écrire un article sur un match de football.

Légendaire par la forme expérimentale qu'il adopte pour traiter de l'idée de chaos et du fonctionnement erratique et discontinu de la pensée, Les Malchanceux est un incunable des années 60, salué dès sa sortie comme un événement, et sans aucun doute le chef-d'oeuvre de B. S. Johnson. Serti dans l'écrin d'une boîte, ce 'livre disloqué' est constitué de cahiers non reliés, vingt-sept sections susceptibles d'être brassées comme des cartes et lues dans l'ordre que le hasard offrira au lecteur, exception faite des premier et dernier chapitres, intitulés comme tels.

Elégie et roman de l'amitié, Les Malchanceux est aussi une magnifique méditation sur la mort comme un portrait sans complaisance de son auteur, le tout empreint d'humour noir.

Avec quarante ans de retard, le lecteur francophone peut enfin découvrir cette oeuvre d'une originalité absolue.

'Un livre unique et merveilleux, un classique.' Jonathan Coe

Oeuvres complètes. Romans, nouvelles, essais, correspondance

Oeuvres complètes. Romans, nouvelles, essais, correspondance
O'Connor Flannery
Ed. Gallimard/Quarto

Ce volume contient : La Sagesse dans le sang ¤ Les Braves Gens ne courent pas les rues : « Les braves gens ne courent pas les rues » ¤ « Le fleuve » ¤ « C'est peut-être votre vie que vous sauvez » ¤ « Un heureux événements » ¤ « Les temples du Saint-Esprit » ¤ « Le nègre factice » ¤ « Un cercle dans le feu » ¤ « Tardive rencontre avec l'ennemi » ¤ « Braves gens de la campagne » ¤ « La personne déplacée » ¤ Et ce sont les violents qui l'emportent ¤ Mon mal vient de plus loin : « Tout ce qui monte converge » ¤ « Greenleaf » ¤ « Vue sur les bois » ¤ « Mon mal vient de plus loin » ¤ « Le confort du foyer » ¤ « Les boiteux entreront les premiers » ¤ « Révélation » ¤ « Le dos de Parker » ¤ « Le jour du Jugement » ¤ Pourquoi ces nations en tumulte ? : « Le géranium » ¤ « Le barbier » ¤ « Le puma » ¤ « La récolte » ¤ « Le dindon » ¤ « La fête des azalées » ¤ « Pourquoi ces nations en tumulte ? » ¤ Mystère et manières ¤ L'Habitude d'être ¤

« Mr. Greenleaf accourait vers elle, brandissant son fusil, et elle le vit venir à elle, bien qu'elle ne regardât pas dans sa direction. Elle le vit s'approcher en longeant la lisière d'un cercle invisible, et la ligne d'arbres était béante derrière lui, et ses pieds ne foulaient que le vide. Il visa l'oeil de la bête et fit feu quatre fois. Elle n'entendit pas les détonations, mais elle perçut le tremblement de l'énorme corps alors que le taureau s'affaissait et l'entraînait dans sa chute, rivée à sa tête au point qu'elle semblait, lorsque Mr. Greenleaf fut près d'elle, se pencher sur l'oreille de l'animal et lui chuchoter une ultime révélation. »
Mon mal vient de plus loin, « Greenleaf ».

Tumbas. Tombes de poètes et de penseurs

Tumbas. Tombes de poètes et de penseurs
Nooteboom Cees
Ed. Actes Sud

« Même entouré de milliers de pierres tombales, je n'ai jamais le sentiment que je rends visite à un mort. La relation que j'ai avec ces auteurs est toujours personnelle, même avec des poètes morts depuis longtemps, comme Virgile, Hölderlin ou Leopardi. Ils font partie de mon univers. Pour certains, j'ai entrepris spécialement le voyage dans le but de leur rendre visite, d'autres fois, je me suis trouvé dans les parages alors que j'étais en route pour une autre destination. Le récit de notre quête, nous l'avons appelé « Rencontres », Simone Sassen et moi-même... »

Pendant trente ans, Cees Nooteboom a parcouru le monde afin de découvrir les tombes des poètes, des écrivains et des penseurs qui, depuis toujours, peuplent son univers. En compagnie de la photographe Simone Sassen, ses voyages sont devenus non seulement le motif d'un pèlerinage littéraire, mais aussi celui d'une recherche de l'être effacé derrière le monument de pierre, la plaque de marbre ou le carré de verdure. Du tombeau blanc de Stevenson, seul sur le mont Vaea, à la tombe de Proust au Père-Lachaise, du cimetière pour étrangers de Rome, où reposent Keats et Shelley, à l'archipel nippon où se trouve Kawabata, le lecteur partage un singulier voyage, moins à travers le monde qu'à travers le panthéon intime d'un passionné de toutes les littératures.

Emouvantes, tantôt prétentieuses, tantôt effacées, les tombes révèlent leur secret dans le bruissement d'un poème, d'un passage de l'oeuvre du défunt ou des mots de Cees Nooteboom. Architecte érudit de ce livre composé tel un hommage, à la manière des « tombeaux » de notre histoire musicale, il provoque ainsi le désir de lire ou de relire l'oeuvre de ses chers Immortels.

Conseils d'un disciple de Morrison à un fanatique de Joyce

Conseils d'un disciple de Morrison à un fanatique de Joyce
Roberto Bolano & Antonio Garcia Porta
Ed. Christian Bourgois

Ángel Ros aime le danger, Joyce et les Doors. Le temps d'un été à Barcelone, ce jeune écrivain en devenir s'éprend d'Ana, une Sud-Américaine excentrique, qu'il suit comme son ombre jusqu'aux extrémités les plus sombres où sa folie l'entraîne. Dans son errance suicidaire, ce couple à bout de souffle va s'aimer, se perdre, jouer avec sa vie et celle des autres, terroriser et massacrer absurdement en quête d'une improbable issue.

Comment Ana échappera-t-elle à cette plongée dans les bas-fonds du crime ? Ángel réussira-t-il à écrire son roman joycien tandis que résonnent les dernières notes de The End de Jim Morrison ?

Ce roman, écrit à quatre mains par Roberto Bolaño et A.G. Porta au début des années 1980, préfigure ce qu'une partie de leur oeuvre ultérieure déploiera : jeu avec l'érudition, noirceur, rage, humour et mélancolie.

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