Ce volume rassemble une cinquantaine de récits inédits publiés par Elsa Morante entre 1939 et 1941 alors qu'elle n'avait pas trente ans. Écartés des volumes dans lesquels la romancière avait réuni certains de ses récits (Le Jeu secret et Le Châle andalou), dispersés dans des journaux aujourd'hui introuvables ou sommeillant parmi les papiers qu'elle laissa à sa mort, ces pépites attendaient leur heure. Il fallait les tirer de l'oubli et restituer leur éclat sauvage.
Des personnages singuliers que la vie rend fous d'amour ou de tristesse, des histoires qui se brisent comme des verres après la fête, des rires d'enfant, des chiens peureux, des âmes, des fidélités à toute épreuve : les courts récits d'Elsa Morante tiennent de la fable et de l'anecdote, du réalisme et du rêve, ils chatoient dans la lumière d'un jour qui contiendrait les couleurs et les douleurs du couchant. Une sensibilité merveilleuse les traverse tout entiers. Chacun d'entre eux ouvre un monde et referme un destin.
Alfonso Bernardinelli, un des critiques italiens les plus influents de la littérature italienne contemporaine a pu écrire : « Elsa Morante savait que les facultés humaines d'où naît la culture la plus authentique sont vulnérables et poursuivis par de nombreux monstres, elle savait aussi que défendre ces facultés nécessite toujours, même dans les circonstances les plus communes, une certaine dose d'héroïsme. » Cet héroïsme éclate partout dans les Récits oubliés - avec quelle grâce, on le verra.
Voyageurs qui n'aimez pas les longues attentes dans les aéroports, ce livre est pour vous.
Dans un terminal, un balayeur affable et disert bavarde avec les passagers en attente, devine leur destination, leur donne des conseils, raconte des histoires passionnantes sur ses voisins, flirte avec la vendeuse de journaux. Il propose même à ses interlocuteurs en partance pour Tokyo une théorie originale : « Le Japon n'est qu'une façade. Une opération marketing comme une autre. On l'a inventé pour vendre de la technologie et ça a marché. Made in Japan est aujourd'hui le meilleur label pour vendre une voiture ou un téléviseur. »
D'histoire en histoire cet étrange balayeur nous surprend avec humour et bonheur.
Le premier roman plein d'ironie et d'énergie d'un jeune homme prometteur.
Ce livre a reçu le Prix Las Dos Orillas qui consiste en la publication simultanée en Italie, Grèce, Espagne, Portugal et France.
En 1813, Lord Byron est au sommet de sa célébrité. L'Angleterre tout entière l'adule pour ses écrits poétiques, la gent féminine pour son aura déjà sulfureuse. Lors d'un bal, il rencontre Annabella Milbanke, une jeune femme raffinée et spirituelle, qu'il épouse deux ans plus tard. La présence d'Augusta Leigh, la demi-soeur de Byron avec qui il entretient une relation ambiguë, vient cependant perturber leur idylle. S'instaure un triangle amoureux dans lequel Annabella peine à trouver sa place, partagée entre les élans de son coeur et ce que lui dicte sa raison.
«Entre les mains talentueuses de Markovits, l'histoire de Byron dépasse le cadre du drame historique - une étude de la fragilité humaine. C'est un triomphe !» (Scotland on Sunday)
«Un aperçu hypnotique, éblouissant, et impeccablement documenté de l'âme d'un homme qui fascine le monde depuis près de 200 ans.» (The Independant)
«Qu'il est malin ce Benjamin Markovits !» (Augustin Trapenard, Elle)
Il coule une retraite paisible avec Julia, sa seconde femme, qu'il aime. Pourtant, Owen Mackenzie a de plus en plus de mal à s'extirper de ses rêves, de son passé. Il déroule sa vie, celle d'un Américain ordinaire, marié deux fois, père de quatre enfants, informaticien de génie et dirigeant d'une petite société, qui lui a assuré une existence confortable. Un roman d'apprentissage : les «villages» dans lesquels il a vécu ont tout appris à Owen : la Pennsylvanie rurale où il a grandi dans les années 50 ; le prestigieux MIT dans le Massachusets ; Middle Falls, la petite ville provinciale du Connecticut où il a monté et fait prospérer sa start up ; Haskells Crossing, sa dernière résidence ; l'Amérique - son village fédéral - où les moeurs n'ont cessé d'évoluer. Et, surtout, ces lieux peuplés de femmes, mères, épouses, maîtresses, qui l'ont formé, arraché à son innocence. Le travail, l'amour, la sexualité lui ont apporté leur lot de gratifications et de pertes irrémédiables dont, au terme du chemin, il est impossible de faire le solde. C'est la richesse tragique, nostalgique de toute existence humaine que John Updike fait trembler dans une prose ample, d'un érotisme cru et frémissant.
Une sacrée grand-mère ! Autoritaire, impertinente, arrogante, catholique invétérée, bourrée de préjugés, hypocondriaque... N'ayant peur de rien, la langue bien pendue, libre, généreuse, éprise de justice : un mélange détonnant qui mène le lecteur par le bout du nez. Dans ce récit de sa vie et de celle de sa famille (son mari, un médecin juif, converti bien sûr, sa fille talentueuse, Renate, et sa petite-fille rebelle, une certaine Irene Dische, qui lui donne bien du fil à retordre), elle traverse des pans entiers d'histoire : la montée du nazisme en Allemagne, l'exil, l'Amérique contemporaine et les joyeuses errances de la période hippie. L'imposante «Frau Doktor Rother», impératrice de Weehawken, une bourgade du New Jersey, a d'indéniables dons de conteuse et assume, avec fougue et ironie, la stature de la grand-mère idéale que ses tribulations, les frottements avec la culture américaine et les jeunes générations, ont petit à petit transformée. La plume légère de l'auteur évoque avec subtilité des sujets graves. On sourit à chaque page, on se délecte à chaque formule. Magistral !
Porter un noeud papillon nuit-il gravement à la vie sexuelle ? Peut-on larguer son petit ami quand on ne sait ni cuisiner ni lire un plan ? Faut-il avoir peur des microbes dans les salles de cinéma ? Comment peut-on être Français ?
Voilà quelques-unes des questions que pose David Sedaris dans ce livre en forme de one man show. À la manière du Woody Allen de Destins tordus ou de Jerry Seinfeld, il cingle de son humour noir les travers de notre société.
Sedaris dézingue tout et tout le monde, à commencer par lui-même. Complexé, capricieux ou exubérant, il nous raconte «sa» vie (et celle de sa famille fantaisiste) avec un sens de la comédie hors du commun.
«La vie est dure et elle s'achève violemment.» Mais ce maître en dérision a pris le parti d'en rire.
Dans la réserve indienne des Hopi, George, sculpteur paillard, façonne des kachinas, ces poupées votives à l'effigie des dieux. Même le veuvage et la cécité n'ont pu entamer son élan créateur. Et puis, dans son ombre, il y a Oswald, son neveu, son fils peut-être : parti tenter sa chance à Hollywood, il est devenu acteur de pornos et a tué accidentellement sa partenaire. Depuis, il tente en vain de retrouver la paix auprès de son oncle éternellement mourant. Il lui faudra une saison dans l'enfer du Vietnam pour revenir enfin et se faire une place dans la tribu, sous le regard des étoiles.
Mais tout cela n'est que l'argument d'un roman foisonnant, torrentiel, où se donne à entendre une multitude de voix : les vivants et les morts, les hommes et les dieux. Sous le patronage de Cervantès et de Joyce, Paul West développe avec puissance et malice une quête d'absolu où, comme chez les danseurs rituels, le sacré se confond avec la réalité la plus matérielle. Et, par-dessus tout, il célèbre le geste démiurgique de l'artiste, illustré à la fois par les oeuvres de George et par une invention verbale prodigieuse. Vingt ans après sa première publication, ce roman de visionnaire s'impose comme un classique de la littérature américaine contemporaine.
Washington. Adie Klarpol, une jeune artiste désillusionnée, est engagée par une compagnie d'informatique pour travailler sur un système expérimental, «la Caverne». Ce simulateur d'univers virtuels en 3D permet de revisiter, entre quatre murs, les chefs-d'oeuvre de l'art.
Beyrouth. Taimur Martin, professeur d'anglais, est pris en otage par des fondamentalistes islamistes. Seul dans un cachot, il n'a que sa mémoire et son imagination pour s'évader.
Un simulateur d'univers virtuels, un cachot : deux pièces dissemblables, toutes deux ouvertes à toutes les transformations, l'une par la magie de l'informatique, l'autre par la ténacité de l'esprit humain. Deux univers a priori inconciliables dont Richard Powers, avec son sens renversant du romanesque, tire une polyphonie grandiose.
Le romancier explore le destin de l'art à l'époque du virtuel, celui de la mémoire à l'époque de l'informatique et questionne une fois de plus les rapports entre science, histoire et imagination.
Au-delà des grillages et des barrières de sécurité se cache un écrin de verdure à la périphérie de Buenos Aires ; un havre de paix pour 'gentlemen, à l'abri du tumulte d'une capitale grouillante et tentaculaire. Ici, on est entre gens de bonne compagnie.
Une poignée d'amis se réunissent chaque semaine, loin des regards, pour discuter entre hommes. Les épouses, exclues de ces soirées, s'appellent avec humour 'les veuves du jeudi'. Un veuvage somme toute agréable, jusqu'à ce funeste jour de la fin septembre 2001 où la plaisanterie s'avère prémonitoire : les hommes sont retrouvés électrocutés au fond d'une piscine. L'attitude du seul rescapé laisse à penser que ce pourrait ne pas être le tragique accident qu'il y paraît.
Derrière les façades clinquantes on découvre les grands secrets et les petites misères de ces nantis. Le regard est ici sans complaisance sur une société hypocrite et ostentatoire, dénuée de scrupules, tandis qu'approche l'effroyable crise économique qui a mis l'Argentine à terre. Déliquescence, chute annoncée d'une bourgeoisie affairiste, à mesure que la situation économique se dégrade croît l'impérieuse nécessité de nier l'évidence, de maintenir à toute force ce standing garant d'un certain statut social. Jusqu'à choisir l'impensable pour préserver les siens, les mettre définitivement à l'abri, tant du besoin que de la médiocrité de la plèbe.
Le jour de ses quatorze ans, Joseph Pearce apprend de la bouche de son père que celui-ci n'est pas exactement celui qu'il croyait : un soldat anglais du nom de Vernon Pearce, qui s'est fiancé après la Libération à une jeune Flamande et est resté en Belgique. Vernon Pearce s'est d'abord appelé Werner Peritz, il est né à Breslau (aujourd'hui Wroc(...)aw) en 1922, et sa famille, pour autant qu'elle ait échappé à l'holocauste, s'est trouvée jetée aux quatre coins du monde.
La découverte de cette nouvelle identité, juive et allemande, n'a pas bouleversé la vie de Joseph Pearce. Mais, peu avant 1990, accompagnant son père sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale où son grand-père avait porté l'uniforme allemand, il ressent soudain l'urgence d'arracher à l'oubli l'histoire de sa famille paternelle et de sa dispersion. C'est le début d'un long voyage, qui mènera Joseph Pearce en Angleterre, aux Etats-Unis, en Israël, en Bolivie et en Australie.
Mais Terres de promesse n'est pas une simple recherche de racines, encore moins une quête identitaire. C'est une réflexion subtile sur le sens et les implications de ce qui reste l'événement majeur du XXe siècle, à travers l'étude d'une ou deux générations de rescapés, jetés dans la diaspora.