Il n'est jamais facile d'être un fils. À fortiori celui d'un écrivain célèbre. D'aucuns compliquent encore en décidant d'embrasser la carrière de leur père. Ainsi Dan Fante, 64 ans, rejeton errant, longtemps alcoolisé, de feu John Fante. Poète maudit, clochard céleste et suicidaire, dramaturge, romancier tardif. Un équilibriste sur le fil du rasoir qui réapparaît sous nos latitudes pour une rédemption littéraire et déglinguée. L'objet du délire ? Régime sec (Short Dog en VO, du nom de ces petites flasques pour alcools forts et rêveurs fragiles).
Huit histoires d'une honnêteté décapante, où l'on croisera un chauffeur de taxi à bout de souffle, un macho battu par sa femme, un chien minuscule et méchant, une masseuse nympho qui écarte les cuisses au milieu des embouteillages... Portrait défait de L.A. sous JB, gueule de bois, addiction à la détresse et solitude vaporeuse. Du grand art.
« Un roman initiatique gravé en vous à coups de bouteille cassée. » Elle USA
Dans les banlieues miteuses d'Édimbourg chères à Welsh, quatre enfants de la bagarre et des pubs enfumés, avec la glu de l'amitié contre vents et marées. Trente ans de culture musicale et politique, du punk à la techno, de l'héroïne à l'ecstasy, d'explosion sociale et littéraire.
Trente ans de fermetures d'usines, de thatchérisme sauvage, de mutations, de petites et grandes tragédies ordinaires. Et pour eux, nés laissés-pour-compte, trente ans à chercher avec leur langue et dans leurs mots, ceux de la rue, leur place d'hommes.
L'histoire littéraire est omniprésente dans l'oeuvre de fiction de Julián Ríos : Lewis Caroll dans les nouvelles des Nouveaux Chapeaux pour Alice, par exemple, ou Ezra Pound dans le roman Poundémonium. À l'inverse, quand il écrit un essai, comme Chez Ulysse, c'est la mise en scène de la réflexion sur l'oeuvre de Joyce qui tend à devenir fiction.
Cette démarche trouve aujourd'hui son aboutissement avec la véritable apologie de la lecture - et de la lecture créative - qu'est Quichotte & Fils.
Julián Ríos y déploie sa généalogie cervantine, en se plongeant dans les oeuvres de Joyce, à nouveau, Nabokov (Lolita et Feu pâle), Arno Schmidt, Julio Cortázar, Machado de Assis. Quant au chapitre qui ouvre le volume et lui donne son titre, il raconte le premier voyage qu'avait fait Thomas Mann à bord d'un paquebot pour l'Amérique, en lisant Don Quichotte.
Comme il était à prévoir, Quichotte & Fils, outre son apport critique original et approfondi sur l'oeuvre de ces grands écrivains, se révèle être à la fois un art poétique et un autoportrait de Julián Ríos lui-même, en lecteur.
Enterrez-moi sous le carrelage est la première oeuvre littéraire de Pavel Sanaïev. Il y brosse un tableau étonnant de la « folie ordinaire » d’une famille russe, à l’aide d’une écriture qui en fait un auteur à part dans les lettres russes contemporaines. Le récit est articulé autour du personnage d’un enfant, Sacha Savéliev, qui se fait le narrateur de son propre martyre. Arraché à sa mère par ses grands-parents, l’enfant malade est malmené par sa terrible grand-mère, égarée dans un mélange de folie et d’amour sans limites pour son petit fils, qu’elle protège tout en le couvrant d’injures et en le gavant de médicaments. La succession de scènes montrant Sacha aux prises avec une réalité absurde contribue à donner au style de Sanaïev un caractère théâtral et comique. Le personnage de la grand-mère, à la fois pathétique dans sa démence et admirable dans son dévouement, incarne la folie mêlée de tendresse qui imprègne l’atmosphère de ce roman tendre et burlesque.
«J'ai quitté mon pays, la Russie, au moment de la perestroïka, pour des raisons plutôt morales qu'économiques et je suis venue vivre en Italie, échangeant la Venise du Nord, ma magnifique Saint-Pétersbourg, pour la Venise originale, passant des eaux de la Baltique à celles de l'Adriatique.
«Je voulais vivre ma vie à moi et non une vie commune et je crois que je suis en train d'y arriver.
«Certes, ce n'est pas une vie exemplaire que celle que je mène, ni une vie en rien facile, mais en tout cas elle est pleine de surprises et elle me plaît ainsi.
«En écrivant ce livre, j'ai voulu raconter, à travers mon histoire, comment il est possible de vivre comme je le fais : sans chercher à faire carrière ni à gagner beaucoup d'argent, sans poursuivre l'idée du mariage ni penser à sa retraite pour ses vieux jours, mais en profitant chaque jour du bonheur de l'instant qu'il nous est donné de vivre, de l'amitié, des livres, des voyages proches et lointains, de l'infinie variété des simples mets et du monde plein de miracles.
«Les souvenirs des beaux jours de ma jeunesse passés dans l'Union soviétique, des situations comiques, des aventures bizarres se sont mêlés dans mon récit à la découverte que j'ai faite d'un monde nouveau et étranger, parfois hostile, parfois amical, mais enfin, qui m'offrait tout de même la possibilité de vivre ma vie en toute liberté, comme je l'avais rêvée.»
Ce roman, qui fait revivre au quotidien un Walt Disney vieillissant, nous en apprend plus qu'une longue biographie sur la vie de cet homme qui se trouva confronté au mythe qu'il avait lui-même créé. Une visite à Marceline dans le Missouri en compagnie de Roy, le frère gestionnaire de la société Disney, en dévoile l'origine. C'est en effet dans la petite ville que l'enfant Walt, élevé à la dure dans une famille de paysans pauvres, aurait découvert la nature qui ne ment pas, les sympathiques petits animaux qui peupleront son oeuvre, et inventé Mickey, la souris planétaire. C'est aussi dans cet Etat du Middle West que se sont sans doute forgées les idées ultraconservatrices, voire fascisantes, qui guideront sa vie. Au nom de la grande Amérique, Disney fraternisera avec Hoover et ira jusqu'à dénoncer Charlie Chaplin à la commission McCarthy. Vulgaire et génial, abject et fascinant, celui qui se disait plus connu que Jésus-Christ est ici mis à nu par la hargne du narrateur, un ancien employé licencié. Un roman remarquablement documenté et écrit avec une ironique alacrité.
Impressionnant premier roman d'un jeune auteur de vingt-six ans, Histoire de l'oubli raconte, des années 50 à la fin des années 90, l'histoire d'une famille frappée de génération en génération par une forme précoce de la maladie d'Alzheimer.
Seth, un adolescent surdoué, conscient que ses parents lui ont toujours caché les secrets du passé familial, se lance dans une véritable enquête sur ses origines. À quelques centaines de kilomètres de là, Abel Haggard, un vieil ermite bossu, ne vit plus que de souvenirs, attendant le retour de sa fille dont il n'a plus de nouvelles depuis plus de vingt ans. Et si la rencontre improbable de Seth et Abel parvenait à rompre l'engrenage de la malédiction ?
Fait de tragédie mais aussi d'humour et d'espoir, un grand livre plein d'émotion, qui ne vous lâche pas.
« Une de ces oeuvres qui frôlent le génie. » The Independent
« Un premier roman époustouflant. » Publishers Weekly
À Prague, après la récente chute du communisme, Les Cosmonautes au paradis retrace l'épopée d'une bande de bohèmes dissolus, de réfugiés politiques, d'un arbitre de football, d'un policier désorienté et d'un astronaute soviétique en rade qui continue de tourner autour de la terre. Tous sont à la recherche d'une icône volée dans une galerie de Sofia.
Tom McCarthy nous offre une pantomime métaphorique et métaphysique à la construction virtuose, à l'intrigue délirante, aux personnages qui se déplacent à toute allure à travers toutes sortes d'espaces : physique, politique, émotionnel et métaphysique. Il en émerge une humanité à la dérive dans l'histoire et un monde proche de la désintégration.
Dix ans après son départ cataclysmique vers une institution psychiatrique où elle a été internée, Muriel Axon est de retour dans sa petite ville des environs de Londres. Elle veut récupérer son ancienne maison qu'elle considère comme un dû. Mais par-dessus tout, elle veut se venger de ceux qui ont fait son malheur une décennie plus tôt. À cette fin, elle va user d'un art où elle est passée maître, le déguisement. Devenant tour à tour femme de ménage ou aide-soignante, elle va infiltrer le foyer de ses anciens voisins et exploiter leurs difficultés familiales, mettant son grain de sable dans des vies déjà bien assez compliquées...
La locataire est un bijou d'humour noir qui met en scène un réseau de personnages placés sur une vaste toile d'araignée, au centre de laquelle trônerait Muriel, maniant tous les fils avec une malveillance jubilatoire, façon Desperate Housewives. Sous des aspects comiques, La locataire pose la vaste question de l'identité, des apparences, des malentendus qui surgissent quand on juge les gens trop rapidement.
Lemuel Sears mène une existence paisible à Manhattan. Conscient de son vieillissement, il vit dans la crainte de ne plus connaître l'amour avant de disparaître. Un jour, il se rend dans la petite ville de Janice pour patiner sur l'étang, et découvre que celui-ci est utilisé comme dépotoir. Révolté, il décide de tout mettre en oeuvre pour rendre à Janice son paysage bucolique. Amené à côtoyer les riverains, il rencontrera certaines figures du crime organisé, des politiciens véreux ainsi que quelques bonnes âmes prêtes à l'aider qui utilisent pour ce faire des méthodes pour le moins radicales... Parmi ces personnes, Sears fera la connaissance d'une jeune femme dont il tombera amoureux.
On dirait vraiment le paradis, paru aux États-Unis en 1982, inédit en français, est le dernier roman de John Cheever. On y retrouve l'élégance de son style, l'humour omniprésent et l'immense tendresse qu'il porte à ses personnages.