Des larmes invisibles au monde

Des larmes invisibles au monde
Tchékhov Anton
Ed. Syrtes

On l'a assez répété : Tchékhov est un grand réaliste. Même quand il cultive le rire, ses personnages, veules, irresponsables, banals, falots, ont une présence qui s'impose parce que l'auteur, par sa lucidité, nous fait accepter leur manque de lucidité, par sa compassion leur absence de courage, leurs apitoiements pleurards et leur vanité. Il dit d'eux : 'Ils ne sont pas mauvais, mais ils ne savent pas vivre.' Et tout ce qu'il dit est vrai : Tchékhov ne ment jamais. Lily Denis

La Compagnie des Célestins

La Compagnie des Célestins
Benni Stefano
Ed. Actes Sud

Une sombre prophétie pèse sur la Gladonie, pays riche et corrompu, gouverné très médiatiquement par l'Egoarque Mussolardi.

Trois gamins courageux - la Compagnie des Célestins - parviennent à s'enfuir de l'orphelinat des cruels Zopilotes. Leur but : participer au Championnat mondial de foot de rue, sport ultra-secret et ultrarebelle, le plus noble et le plus indomptable du monde, antithèse du foot mercantile, qui doit justement se dérouler, cette année-là, en Gladonie. D'autres équipes, venues du monde entier par les moyens les plus loufoques, les rejoindront, alors que le pouvoir et les médias, incarnés par deux journalistes sans scrupules, les pourchassent. Mais il faut compter avec le Grand Bâtard, 'l'étranger qui hante le seuil entre le jour et la nuit, (...) protecteur de tous les orphelins du monde, Bouddha des errants, comète des ruelles'...

Féroce satire de moeurs, utopie poétique, La Compagnie des Célestins, qui a inspiré le dessin animé Foot 2 Rue, est une oeuvre éblouissante, servie par une langue inventive qui fait feu de tout bois et nous emporte dans une véritable Babel de l'imagination.
Présentation de l'éditeur

El negro et moi

El negro et moi
Westerman Frank
Ed. Christian Bourgois

En 1983, Frank Westerman découvre, en Catalogne, dans le Musée d'histoire naturelle de Banyoles, le corps naturalisé d'un Bushman, exposé comme le sont les animaux et les plantes rares dans un tel musée. El Negro date des années 1830. Qui était cet homme? Qui l'a empaillé et dans quel but? Comment cet « objet» a-t-il été perçu par ses contemporains? Comment a-t-il atterri en Catalogne et pourquoi disparaît-il vingt ans plus tard, au grand dam des habitants de la petite ville qui semblent s'en être emparé comme symbole assez paradoxal de leur singularité catalane?
Frank Westerman mène l'enquête et entraîne le lecteur dans le monde des naturalistes du XIXe siècle, à l'époque des grands débats sur l'évolution. Il l'initie aux secrets de la taxidermie, évoque l 'histoire de l'esclavage et de l'étonnant retour d'anciens esclaves vers l'Afrique dans les années 1780. L'auteur nous confronte également au problème du racisme et au vaste débat sur le devenir du continent africain.
Enquête journalistique sur un sujet insolite, réflexion humaniste et récit autobiographique.
Présentation de l'éditeur

Madame Bentinck l'indiscrète

Madame Bentinck l'indiscrète
S; Haasse Hella
Ed. Seuil

Après sa rupture avec l'ordre social et un divorce dont le lecteur a pu suivre les péripéties dans La Récalcitrante, précédée par sa réputation de femme scandaleuse, Charlotte-Sophie Bentinck, de 1750 à 1761, parcourt l'Europe des Lumières et séjourne dans les cours prestigieuses de Frédéric II à Berlin et de Marie-Thérèse à Vienne où elle s'impose d'emblée par son charme et son entregent. Parmi ses amis et relations, on compte les grands de ce monde et Voltaire, qui réside alors à Potsdam et ne jure que par celle qu'il nomme son «ange tutélaire».
Curieuse de tout, généreuse, nomade traînant partout avec elle, de la Saxe aux Alpes suisses, sa colonie d'enfants illégitimes et de protégés, Charlotte-Sophie aime se savoir indispensable, jusqu'au jour où son obstination procédurière et son ingérence dans les affaires des princes entraînent une disgrâce dont Hella Haasse nous retrace l'inexorable progression à travers un montage de pièces d'archives.
Par souci d'équité, l'auteur a d'abord exposé, dans un récit historique richement documenté, les tourments privés et les actions politiques de son ex-époux, Willem Bentinck. Ainsi, le procès «Bentinck contre Bentinck» trouve enfin son dénouement. Si différents que soient les ex-conjoints, le talent de la romancière les rend également estimables et nous en restitue l'indéniable modernité.
Présentation de l'éditeur

La vitesse foudroyante du passé

La vitesse foudroyante du passé
Carver Raymond
Ed. L'Olivier

Poésie

«La fille dans le hall qui lit un livre à reliure de cuir. L'homme dans le hall qui balaye.
Le garçon dans le hall qui arrose les plantes.
Le réceptionniste qui inspecte ses ongles.
La femme dans le hall qui écrit une lettre.
Le vieil homme dans le hall qui dort dans son fauteuil.
Le ventilateur dans le hall qui tourne lentement au plafond. Un autre dimanche après-midi torride. »
Présentation de l'éditeur

A paraître très prochainement Le monde de Raymond Carver
(coédition la Martinière/L'Olivier), album dans lequel Le photographe Bob Adelman confronte des images du monde dont s'est inspiré Raymond Carver avec des extraits de son oeuvre afin de montrer que la simplicité de cette dernière n'est qu'apparente...

Sous influence

Sous influence
Sutcliffe William
Ed. Denoël & d'ailleurs

Voisins depuis toujours, Ben et Olly, dix ans, sont les meilleurs amis du monde. Ils passent le plus clair de leur temps à jouer, à démêler les intrigues qui se nouent à la cour de récré, et, accessoirement, à décrypter l'étrange monde d'adultes qui les entoure.
La belle vie en somme.
Tout bascule cependant quand Carl, un gamin de leur âge, emménage dans leur rue. Très vite, leur nouveau compagnon se révèle méchant et dangereux. Injuste. Ses jeux cruels et ses comportements déloyaux rongent insidieusement la solide amitié de Ben et Olly.
De plus en plus troublés, les deux amis tentent chacun à leur manière de résister à Carl. Mais l'onde de mystère qui plane autour de lui les attire irrésistiblement. Pour le pire.

Sous influence met en scène avec une grande justesse et beaucoup d'humour le monde de l'enfance et ses préoccupations. Mais William Sutcliffe offre bien plus au lecteur que cette madeleine : au fur et à mesure que l'intrigue progresse et que ses personnages vacillent au contact de Carl, il livre un réflexion dure et réaliste sur la perte de l'innocence et la cruauté aveugle des enfants trop vite grandis.
Présentation de l'éditeur

Drôle de tendresse

Drôle de tendresse
Toews Miriam
Ed. Seuil

Âgée de seize ans, Nomi Nickel vit seule avec son père Ray et s'obstine à vouloir percer le mystère qui entoure la disparition de Trudie, sa mère, et de Tash, sa soeur aînée. Elle tente aussi d'échapper à l'avenir sombre qui l'attend : une vie de labeur à l'abattoir de poulets situé à l'orée d'East Village, lequel n'a rien à voir avec le quartier branché de New York mais est un bled mennonite paumé au sud de Manitoba et régenté par l'oncle de Nomi, homme à la piété rigide.

Alors qu'elle approche de la vérité sur le départ précipité de Trudie, Nomi s'engage sur la voie qui l'opposera à son oncle et à la seule communauté qu'elle ait jamais connue.

Avec une verve acidulée, Miriam Toews décrit dans ce roman d'apprentissage drôle et tendre un drame familial et les affres d'une adolescente écartelée entre des valeurs rétrogrades et un désir irrésistible de modernité et de liberté.
Présentation de l'éditeur

La vérité par le mensonge

La vérité par le mensonge
Vargas Llosa Mario
Ed. Gallimard/Arcades

Bibliothécaire adjoint d'un club de Lima dans sa jeunesse, Mario Vargas Llosa fut possédé très tôt par ce vice impuni qui ne l'a jamais quitté : la lecture. Il nous en donne encore la preuve en analysant ici plus de trente chefs-d'oeuvre romanesques du XXe siècle et en scrutant la figure de ces romanciers majeurs que furent Joyce et Faulkner, Camus et Bellow, Nabokov et Hemingway, et bien d'autres encore.

Sa complicité de plume lui fait entrevoir l'alchimie particulière du roman contemporain, qui repose notamment sur ce « mentir-vrai » cher à Aragon. Le mensonge de la fiction, développe-t-il dans ces pages, nous renvoie la vérité de nos manques et de nos désirs, celle de nos propres démons ; et nous permet ainsi de vivre en « intelligence » avec eux. Mais ce faisant, l'écrivain prolixe et infatigable lecteur qu'est Vargas Llosa ne trace-t-il pas son autobiographie littéraire ? Il nous transmet en tout cas son enthousiasme pour la littérature et nous invite à lire et à relire passionnément les grands maîtres de notre temps.
Présentation de l'éditeur

Bel et bien morts. Souvenirs de Dublin

Bel et bien morts. Souvenirs de Dublin<br />
Cronin Anthony
Ed. Rocher/Anatolia

Le tableau que peint Anthony Cronin de la vie dans la Dublin littéraire de l'immédiat après-guerre est aussi drôle et coloré que l'on pouvait s'y attendre de la part d'un intime de Brendan Behan, Patrick Kavanagh et Brian O'Nolan (Myles na Gopaleen). Cronin aborde d'une plume remarquable par sa subtilité les frustrations et les pathologies de sa génération : l'abus d'alcool, la pénurie sexuelle, l'insécurité et l'insatisfaction, les pénibles limitations de la vie culturelle et l'attrait doux-amer de l'exil. Il nous narre un séjour en France, tout à fait comique, avec Behan, et ses propres années à Londres, en qualité de directeur de collection et d'ami de l'écrivain Julian Maclaren-Ross et des peintres Robert MacBryde et Robert Colquhoun.

C'est la chronique de toute une génération d'excentriques qui se déroule dans ces pages. La prose exceptionnelle de Bel et bien morts assure à l'oeuvre une place bien à elle dans l'histoire de la littérature irlandaise, à côté des plus beaux ouvrages de Behan, Kavanagh et Myles.

Fort heureusement, ce livre n'est pas autobiographique. Il n'est donc pas nécessaire que je relate les chagrins et les plaisirs de ma propre existence au cours des années évoquées, non plus que mes voyages et mes découvertes, mes départs et mes retours, sinon dans la mesure où ils touchent aux existences de ceux dont je tente de brosser le portrait. Qu'on me permette simplement de dire ceci : je crois aujourd'hui, avec le recul des ans, que la jeunesse est une maladie en faveur de laquelle la seule chose à dire est qu'elle n'est pas incurable et ne laisse guère de cicatrices, tant les pouvoirs de récupération de la race humaine sont extraordinaires. Et puisque j'aborde le sujet, autant ajouter que je crois aussi fermement, au point d'en faire un conseil pratique, aux paroles du Christ nous enjoignant de naître de nouveau, plusieurs fois s'il le faut. La proximité géographique de notre île avec sa voisine, ainsi que leur langue commune, fournit aux Irlandais sans attaches, doués de penchants littéraires, des occasions uniques de renaissances diverses, pour le moins partielles, occasions dont je sus profiter souvent à cette époque.
Présentation de l'éditeur

Quinze minutes

Quinze minutes
Dickinson Charles
Ed. Joëlle Losfeld

'Vous ne tenteriez pas de modifier le passé pour améliorer le présent ? demande-t-il. Si vous en aviez la possibilité ?'

Josh Winkler, peintre de son état, vit dans l'Illinois avec sa famille. Lors d'une de ses promenades, il rencontre une mystérieuse jeune fille vêtue d'une longue robe qui l'observe puis disparaît mystérieusement. Il constate à ce moment-là que sa montre retarde d'un quart d'heure. Convaincu d'avoir effectué un voyage dans le temps, Josh se lance dans une enquête et une poursuite haletantes à la recherche de cette jeune fille, persuadé que sa vie, son avenir et ceux de sa femme et de sa fille se jouent dans ces quinze minutes qui lui font défaut. Mais on ne saurait raconter la suite sans commettre un crime, celui de révéler l'implacable complot que le temps inflige et la si forte tentation d'y remédier afin de changer le cours de la vie. La délicatesse, l'amour et l'émotion qui lient les personnages viennent renforcer la tension que le lecteur ressent dès l'ouverture sans pouvoir lâcher prise.
Présentation de l'éditeur

Newsletter