Guatemala, fin du XIXe siècle.
Au fond de la jungle, un explorateur découvre un jour une petite fille : métisse de père américain et de mère indienne, l'enfant s'exprime dans un surprenant sabir, mélange d'anglais, d'espagnol et de dialecte. Elle a appris à lire sur de vieux numéros de Harper's Weekly et fume des cigares de tabac sauvage. Elle s'appelle Maria de las Nieves et elle est promise à un remarquable destin.
Dans une Amérique centrale en pleine ébullition, Maria de las Nieves entre au couvent à douze ans. Elle est l'une des dernières novices de la sévère Monjita Inglesa, avant que la Révolution libérale menée par Justo Rufino - dit El Anticristo - abolisse la religion dans le pays. Maria de las Nieves goûte alors une liberté toute nouvelle et décide de vivre sa vie.
Dans les pas de cette femme hors du commun, on croise le poète cubain José Marti, des diplomates corrompus, des missionnaires, des inventeurs, des aventuriers et des révolutionnaires.
Autant de figures historiques ou de visages anonymes qui ont marqué l'éveil d'un continent jusque-là oublié par l'Histoire.
Des plantations d'Amérique centrale à la Cinquième Avenue, de la naissance de l'industrie du caoutchouc à la première révolution cubaine, L'Époux divin est un immense roman où se mêlent amour, politique et littérature. Avec ce livre, c'est l'Amérique tout entière qui épouse son siècle.
Présentation de l'éditeur
Le Dr Shiva Mukti est un psychiatre malheureux.
Dans son service de l'hôpital St Mungo, c'est un ballet incessant de patients - les schizophrènes n'ont rien d'exaltant. Il remâche son aigreur et exècre ses pairs, en particulier l'arrogant Dr Zack Busner que la profession encense.
Lorsque ce dernier lui envoie un patient pour un second diagnostic, le Dr Mukti est stupéfait. Reconnaîtrait-on enfin ses qualités ? S'agit-il d'un duel ? Ou seraient-ce plutôt les prémices d'un gigantesque complot ?
Décidément, rien n'est sacré pour cet écrivain anarchiste qui ne respecte ni la religion, ni la psychanalyse. Will Self démontre une fois de plus que, dans son monde à lui, les soignants sont aussi fous que les patients.
Présentation de l'éditeur
Je voudrais qu'on oublie aussi mes ossements, mais dans un bordel. Et que les femmes s'en servent comme canules pour leurs bocks, comme fume-cigarettes, comme sifflets.
Chef-d'oeuvre publié en 1954, Le Quart, roman du poète grec Nikos Kavvadias, est une odyssée moderne d'une noirceur totale.
On y suit les errements d'une embarcation sans âge, en route vers la Chine. Cercueil flottant, le cargo et son équipage voguent sans cesse vers d'autres ports, d'autres maraudages, d'autres bordels et d'autres putains. Entre deux escales, les marins grecs qui se trouvent à bord nous livrent sans pudeur leurs misérables existences ; ils ressassent leurs aventures, leurs amours, leurs échecs, avec une amertume et une mélancolie abyssales.
À travers la voix de ces hommes de quart qui ne nous épargnent rien de la cruauté et de l'obscénité de leur univers, Kavvadias parle de l'absurdité humaine mais aussi et surtout de la mer, ce lieu mythique que, de Conrad à Cendrars, nul n'a si bien décrit que lui.
Présentation de l'éditeur
Ce livre de voyage, aussi divertissant qu'inattendu, est le fruit d'une joyeuse tournée qu'entreprirent deux jeunes poètes anglais, W. H. Auden et Louis MacNeice, en Islande, à l'été 1936. Les lettres qu'ils envoient au pays, en vers et en prose, débordent de blagues, de jeux de mots, de commentaires irrévérencieux sur tout et tout le monde - les gens rencontrés, la politique, la littérature, les idées de leur temps...
Lettres d'Islande est certainement l'un des livres les plus distrayants qu'ait produits la littérature moderne. De la «Lettre à Lord Byron» d'Auden, poème fondateur d'une modernité explosive, jusqu'à l'«Églogue», concocté par MacNeice, et au «Testament et dernières volontés» qu'ils composent à quatre mains, la gaieté, la malice qu'ils déploient au fil des pages est irrésistible et fait de cet ouvrage un classique du XXe siècle.
Me voilà à présent à mille milles de chez moi.
Qui je suis ? Peu importe. Désormais, je suis seul.
À ce qu'on me raconte, je ne comprends plus rien
Et il me faut tendre l'oreille, comme un chien,
Pour deviner, au ton, le sens du message.
Je ne suis guère doué pour les autres langages...
Et ici, point de lexique, point de répétiteur
Pour dans mon esprit éveiller quelque lueur.
L'idée, donc, m'est venue d'écrire cette lettre.
Aujourd'hui (j'aime à préciser le moment et le lieu)
En plein désert ; l'autocar faisait route
De Mothrudalur vers Dieu
Sait où ; les larmes ruisselaient sur mes joues en feu ;
À Akureyri, j'avais attrapé un rhume carabiné,
Le déjeuner se faisait vraiment trop désirer
Et la vie paraissait bien peu appétissante.
Présentation de l'éditeur
Autre extrait :
Lettre de Graham et Anna Shepard
Reykjavik, 16 août 1936
A Graham et Anna, du fin fond des solitudes arctiques
J'envoie cette lettre à Londres, huitième arrondissement,
Espérant qu'en cette ville tout aille aimablement,
Que Pauli soit sans vers, et que la cuisinière
Cuisine comme vous voulez ; me voici débarqué,
Sans trop de mal de mer, au port de Reykjavik.
J'avais pris la seconde : le manque d'air est un hic,
Mais il y a beaucoup d'hommes et, lorsque j'ai vu
Les passagers de première, j'ai tout de suite su
Que j'avais très bien fait. Les repas étaient bons :
De l'agneau, des fromages et beaucoup de poisson,
Jambons, saucisses, confitures, cornichons doux, saumon
fumé, gaffalbitar, bref, rien que du scandinave,
Et sussi du pain de seigle, ah, et de la betterave.
Me voici en ces lieux ignorés des Romains,
Laissés au colonisateur - viking - et puis aux saints
Venus d'Irlande. Mais que fais-je donc ici ? Dans cette galère
De roches volcaniques, de ciels bas et gris, que suis-je venu faire ?
Lettres d'Islandes, pp.30-31
Après la mise à sac de la mosquée par les fondamentalistes hindous, l'immense et bruissante ville de Calcutta se trouve plongée dans le silence, telle une conque dont seuls ceux qui en approcheraient l'oreille pourraient entendre le grondement. Dans cette langueur apparente alourdie de sourdes menaces, deux vieilles dames, amies de classe d'autrefois, ponctuent de leurs remarques, de leurs souvenirs et de leurs siestes les événements qui touchent leurs familles et la ville. Entre ombre et lumière, passé et futur, le sort de ces familles se joue de 1 'hiver à l'été, en un récit qui égraine les menus faits de la vie quotidienne comme autant de gouttelettes scandant l'approche de l'orage, petite musique déployant ses variations mélodiques et sentimentales. Il faut marier Bhaskar pour le détourner de la politique, sauver l'entreprise où travaille Shib, partir en voyage ou remonter le temps... Quoi qu'il arrive, les oiseaux, et la voix du muezzin, saluent un nouveau jour à vivre.
Présentation de l'éditeur
Sur la côte ouest de l'Ecosse, Alasdair Mor exploite la petite ferme familiale, seul après la mort de son père et le départ pour la ville de son frère. Il vit de la pêche au homard. Il aime profondément la nature sauvage et grandiose qui l'entoure. Mais un couple s'installe dans les environs, et le vol et le mal font irruption dans la vie d'Alasdair qui répond par l'incompréhension. L'homme s'en prend aux animaux d'Alasdair, et l'entraîne dans un affrontement à mort après une poursuite hallucinante à travers les collines sauvages.
Au-delà des personnages austères et attachants, les véritables héros du livre sont l'océan, le vent glacial et la lande inhabitée. Les descriptions de la mer ou du passage des saisons vers un inévitable 'c?ur de l'hiver' sont inoubliables.
Ce texte poétique et lyrique aux accents steinbeckiens est écrit dans une langue magnifique.
Présentation de l'éditeur
Voici que s'accomplit, avec ce dernier volume de la «Trilogie transylvaine», la troisième parole prophétique du livre de Daniel : Vous serez divisés...
Lorsque Bálint Abády pénètre dans cette loge où résonnent les accents déchirants de Madame Butterfly, un frisson le saisit. Adrienne Milóth est assise tout près de lui, dans la loge voisine, et au moindre mouvement, ils peuvent s'effleurer. Il ne l'a pas revue depuis un an, depuis que le destin les a séparés, mais l'épreuve est trop douloureuse... il ne peut que prendre la fuite.
Dans cette évocation poignante de la fin de l'Empire austro-hongrois, Miklós Bánffy, conteur né, restitue à merveille les fastes et les ravissements d'une société qui s'étourdit au bord de l'abîme. Il entrecroise les destins individuels, ceux d'Adrienne la femme mariée, et de Bálint l'homme public, les descriptions éblouissantes de la Transylvanie, aux soubresauts de l'Histoire, promenant sur les amours qui se décomposent et les dynasties qui finissent en impasse le regard désenchanté de l'aristocrate exilé dans son propre pays...
Comme celle de son compatriote Sándor Márai, l'oeuvre de Miklós Bánffy, quasiment oubliée depuis plus d'un demi-siècle, comparée par la critique à La marche de Radetzky de Joseph Roth et au Guépard de Lampedusa, nous transporte avec nostalgie et lucidité au coeur d'un monde aujourd'hui disparu.
Présentation de l'éditeur
En mars dernier, ce devait être autour du 10, je prenais le thé un après-midi au Café Central, place de l'Université (...)
C'est alors que les trains sont partis. Avec précision, à l'heure, à sept heures dix.
J'ai levé la tête avec étonnement.
Qu'est-ce que c'est ?
(...) Par trois fois j'ai levé la tête, et au quatrième train je me suis rendu compte que j'hallucinais.
C'est ainsi que commence l'étonnant récit que Karinthy rédige après avoir été opéré d'une tumeur au cerveau en 1936. Les locomotives qu'il croit entendre, assis au café sur une place de Budapest, bien loin de toute gare, sont le premier symptôme du mal qui le ronge et qu'il va traquer dans ses moindres détails, dans sa moindre avancée avec un humour ravageur.
Le monde autour de lui vacille, devient de plus en plus étrange, mais le narrateur Karinthy résiste : il nie, il tremble, il refuse, il lutte. Petit à petit, l'univers que lui impose la maladie devient sien : il l'explore sans relâche, s'acharne à en découvrir le sens, à l'apprivoiser.
Rien ne lui échappe, de sa volonté de ne pas accepter ce qui lui arrive au déroulement de l'ablation de sa tumeur, réalisée sous anesthésie locale, en passant par le lyrisme des hallucinations qui le frappent.
Vertigineux.
Présentation de l'éditeur
De Richard Meltzer, Lester Bangs disait: «Il écrirait sur les tablettes de chewing-gum avec la même dose de passion et de perspicacité que s'il s'agissait de lancer une fusée lunaire.» Dès les années 70, Richard Meltzer fut reconnu par ses pairs comme l'un des observateurs les plus originaux de la contre-culture américaine.
Publié en 1972 et revu par l'auteur en 1990, Gulcher élabore une mythologie intime de l'american way of life, à travers les images et les produits de grande consommation. Dans ce recueil de courts textes, Meltzer aborde des sujets aussi variés que les monstres des films japonais, les dix meilleurs boxeurs de tous les temps, la représentation des seins dans les comics, les mérites respectifs de l'alcool et des drogues, ou encore les vertus comparées de différentes marques de papier toilette ou de préservatifs...
Dans un style gonzo empreint d'autodérision, avec un point de vue incisif, parfois délirant et toujours drôle, voici un portrait inédit de l'Amérique à travers les objets de la vie quotidienne.
Présentation de l'éditeur
Bientôt le pré s'est illuminé çà et là de brefs éclairs, à la fois vifs et doux, qui répandaient une phosphorescence couleur citron. Les lucioles étaient arrivées, comme l'avait prédit mon père, et je les ai contemplées bouche bée, émerveillée, les lèvres sèches et les mains qui glissaient avec impatience sur le devant de ma robe. [...] «Moi c'est Jeliza-Rose », j'ai dit, assise en tailleur, en faisant de petits bonds sur place.
Jeliza-Rose a quitté Los Angeles pour une ferme décrépie du fin fond du Texas en compagnie de son père, un ex-rockeur héroïnomane. Livrée à elle-même, la fillette explore les alentours. De rencontres singulières en inquiétantes découvertes, elle plonge dans un monde où les trains deviennent des requins, où les écureuils se prennent pour Spiderman et où des Hommes des Marais prennent vie à la nuit tombée...
Mélange d'Alice au pays des merveilles et de Psychose, ce roman happe le lecteur, guidé dans un univers psychédélique par Jeliza-Rose. L'écriture lumineuse de Mitch Cullin donne magistralement vie à cette peinture désenchantée de l'Amérique, où le plus beau des cauchemars est aussi le pire des rêves.
Extrait de la présentation de l'éditeur