Vieille. Le mot lui-même est tabou. On lui préfère souvent le politiquement correct « femme mûre », le fourre-tout « senior », le désuet « aînée »... Notre société vieillit, mais elle a un problème avec les vieux en général et les vieilles en particulier.
Après 50 ans, de nombreuses femmes se sentent invisibilisées, mises à l'écart, alors qu'elles ont encore leur place à prendre dans le monde comme dans l'intimité. Les rides rendraient-elles moins apte à entreprendre ou diriger ? Avec la ménopause et les cheveux gris, serait-on moins libre de séduire et de jouir ? L'opprobre qui pèse sur les vieilles depuis longtemps éclaire nos normes et la façon dont les valeurs patriarcales ont forgé nos regards sur le corps vieillissant.
Bruno Latour et Isabelle Stengers ont peu écrit en commun, mais leurs oeuvres sont complémentaires, témoignant d'un compagnonnage et d'un chassé-croisé intellectuel qui dure depuis plus de trois décennies. Au centre de leurs travaux, une même interrogation sur les difficultés contemporaines à concilier science et pensée philosophique.
Lorsqu'ils ont colonisé l'Afrique, les Européens y ont imposé leur conception idéologique du langage. Pour eux, les pratiques langagières ne pouvaient être appréhendées qu'au prisme d'un ordre de la langue instituant l'essor d'une culture nécessairement nationale. Cette idéologie s'est traduite par la mise en oeuvre d'un véritable impérialisme linguistique : outre l'imposition des langues européennes, les missionnaires puis les administrateurs coloniaux ont façonné des « dialectes africains », catégorisés comme tels afin de mieux les reléguer au bas d'une fantasmatique hiérarchie des langues.
Nous vivons en France une époque politique trouble et pleine de stridences, mais aussi bien ce trouble que ces zébrures du temps ont une histoire qu'il convient de restituer pour comprendre ce qui nous arrive et relever les défis politiques nous avons désormais devant nous.
Etude de l'impact des représentations idéales du couple héritées du patriarcat sur les relations hétérosexuelles. La journaliste considère que l'espace du désir est saturé par les fantasmes masculins et que les femmes sont conditionnées à choisir entre le bonheur amoureux ou la pleine expression d'elles-mêmes. Cette asymétrie entre les sexes débouche logiquement sur des situations malheureuses.
Un essai sur la condition féminine dans lequel l'auteure évoque les relations hommes-femmes, le féminisme ou la sexualité en convoquant des figures telles que Astrid Lindgren, Françoise Vergès, les anonymes du Queer Manifesto, Agnès Desarthes et Virginia Woolf, entre autres.
On appelle généralement « sécularisation » le phénomène qui aurait vu les sociétés occidentales sortir du règne de l'hétéronomie et entrer dans l'ère de l'histoire et de l'autonomie. Dès lors les humains, guidés par la Raison, auraient construit un monde libéré des croyances et des superstitions.
C'est une tout autre histoire que raconte ce livre, une histoire dans laquelle la proclamation d'un monde sans Dieu est le fruit d'une « impérialité » hantant l'Europe et ses colonies depuis l'échec de la réunification de l'Empire chrétien par Charles Quint - un monde impérial qui s'annonce, dès la fin du XVIIIe siècle, comme le seul ayant dépassé les religions et ainsi capable de les réconcilier. Mais cette affirmation n'est possible qu'au prix de la racialisation de l'islam et de sa réduction à un universalisme concurrent, insécularisable et irrémédiablement « fanatique », ouvrant ainsi la voie à l'expansion européenne vers l'Afrique et l'Asie.
« Qu'est-ce que la culture de droite ? » demande un journaliste à Furio Jesi en 1979. C'est « la culture pour laquelle le passé est une sorte de bouillie homogénéisée que l'on peut modeler de la façon la plus utile, dans laquelle on affirme qu'il existe des valeurs indiscutables, désignées par des mots qui commencent par une majuscule ». Jesi consacre les études ici réunies à l'analyse des matrices souterraines, du langage et des manifestations des « idées sans mots » de la culture de droite du dix-neuvième siècle ; ce faisant il démasque les lieux communs, les formules et les mots d'ordres qui font allusion à un noyau mythique qui, bien que profond et inconnaissable, a un grand pouvoir de fondation et de façonnage : celui auquel font référence les principes récurrents de Tradition, Passé, Race, Origine, Sacré. Un « vide » à remplir de matériaux mythologiques, manipulés par la propagande politique de droite pour légitimer son pouvoir et l'ordre social dominant. Dans cette perspective, Jesi enquête sur les appareils linguistiques et iconographiques qui sous-tendent le néo-fascisme, le nazisme et le racisme. Cette première édition française d'un texte d'une actualité brûlante est enrichie de trois inédits et d'un entretien.
Ce livre, écrit à la première personne, s'adresse en fait à la seconde. Il tente de rendre poids et vie au mot liberté en le réintégrant dans l'existant. Ecrit dans les années 1950, il est l'une des oeuvres capitales de B. Charbonneau
Entre les lignes de nos textes, de nos cultures et de nos vies, se glissent des bêtes - familières, indifférentes ou effroyables. Anne Simon aborde la richesse de nos relations aux animaux à travers les récits et les rêves des écrivains.
Si la littérature est apte à évoquer la puissance et la profusion des vies animales, c'est que la langue et l'écriture elles-mêmes, souvent considérées comme des « propres » de l'espèce humaine, se découvrent traversées par l'animalité. La langue poétique permet d'accéder aux bêtes qui, soufflant et traçant leurs histoires de vie et de survie à même le monde, nous ont peut-être appris à lire.