La place généralement attribuée à Kierkegaard dans l'histoire de la philosophie témoigne toujours d'un certain embarras. Lui qui, ironiquement, prétendait avoir, au moment même où il écrivait, une place déjà réservée dans la grande nécropole des philosophies disparues, il n'a cessé d'importuner ceux qui ont voulu l'enterrer. Qu'était-il ? Philosophe anti-hégélien, incarnant la réaction de la subjectivité concrète contre le système abstrait de la métaphysique à son achèvement ? Père de l'existentialisme ? Chrétien torturé ? Ironiste et «penseur privé» ? Polémiste ? «Poète du religieux» ? Simplement écrivain ? Cet essai voudrait montrer que cette incertitude tient au fait que Kierkegaard ne construit pas seulement des catégories philosophiques qui vont marquer l'histoire de la philosophie au XXe siècle, de Heidegger à Gadamer ou Wittgenstein, mais qu'il invente surtout une nouvelle manière de philosopher. Car la «pensée existentielle», une philosophie qui veut penser le fait même de l'existence dans ce qu'il a d'irréductible au Concept, nécessite un autre discours - une autre façon de parler, de bâtir des concepts, mais aussi de s'adresser au lecteur et de se faire comprendre de lui. Et pour remplir cette exigence, la littérature peut venir au secours de la philosophie : elle construit des fictions et installe un philosophe en première personne dans un discours jusqu'alors funestement voué à l'impersonnalité, elle se donne un lecteur singulier et des jeux complexes de représentation qui doivent indiquer ce qui échappe généralement à l'objectivité du discours. Il faut alors moins examiner le contenu de cette philosophie que la forme qui en rend possible la production, cette singulière façon de philosopher, cette manière de philosopher au singulier et pour le singulier - la réinvention de l'acte de philosopher et d'écrire.
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Né à Anvers en 1976, de père marocain et de mère flamande, Sidi Larbi Cherkaoui est aujourd'hui un chorégraphe et un danseur de renommée internationale. Son travail se singularise par une exceptionnelle ouverture au multiculturalisme, qu'il transcrit dans des pièces qui ont fait date, telles que Foi, Tempus fugit et In memoriam. Pèlerinage sur soi est une suite d'arrêts sur image qui permet d'aborder les thèmes qui fécondent la création de Larbi Cherkaoui, la mémoire, le temps, le partage.
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Gilles Clément est aujourd'hui reconnu comme l'un des plus grands paysagistes et théoriciens du jardin.
Personnalité à part parmi les paysagistes français, il prône avec énergie une nouvelle manière d'aborder le jardin qui privilégie son aspect dynamique et son évolution naturelle (le 'jardin en mouvement'), une intervention minimale du jardinier, des machines et des produits chimiques. Son credo : 'faire le plus possible avec et le moins possible contre' afin que le jardin reste un lieu de diversité et d'expression optimale des espèces, mais aussi de refuge pour les petits animaux sauvages (même les taupes !). Une démarche nécessitant une parfaite connaissance des biotopes et des interactions du monde vivant, donc une prise de conscience écologique.
Il défend ici, au travers des ses trois célèbres 'notions-outils' - le Jardin en Mouvement, le Jardin Planétaire et le Tiers-paysage une écologie humaniste à l'échelle mondiale en s'interrogeant sur la place de l'Homme dans ces écosystèmes en constante évolution. Vivrons-nous toujours en parasites ou désormais en 'bons jardiniers' ?
A la fois monographie et manifeste, cet ouvrage original est construit à deux voix. Louisa Jones dresse le portrait de l'homme, de sa démarche et de son style, mais aussi de ses combats, tandis que, prenant à son tour la parole, Gilles Clément nous conte l'histoire de chacun de ses jardins les plus célèbres, nous dévoilant la richesse et l'étonnante diversité - souvent méconnue - de son oeuvre.
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La pensée arabe et islamique est vieille de seize siècles et s'étend sur deux continents. C'est une pensée plurielle dans son inspiration comme dans son évolution, riche de débats, de controverses et de dissidences, où sauvegarde de la tradition et désir d'innovation se côtoient, se succèdent ou s'affrontent. Doctrines religieuses, systèmes philosophiques, théories scientifiques et engagements politiques s'y entrecroisent. Sunnites, chiites, mystiques soufis, mais aussi Arabes chrétiens ou judéo-Arabes en sont, au côté de beaucoup d'autres, les acteurs.
De l'examen des valeurs coraniques à l'étude de la crise de l'islam contemporain, des moments fondateurs aux événements tragiques qui marquèrent les débuts du troisième millénaire : pour appréhender cette histoire trop méconnue, il manquait un livre de référence. Le voici.
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«Face à une réalité sociale qui, se transformant en profondeur, résiste toujours davantage à nos grilles d'analyse traditionnelles et rend ainsi opaques des univers que l'on croyait jusque-là familiers, chacun ressent intimement le besoin de faire à nouveau le point sur ce que nous savons de l'être humain et de la société. C'est pour relever le défi de la compréhension du temps présent que nous avons voulu forger cet outil inédit, né de l'articulation et du croisement des différentes sciences humaines.» (Sylvie Mesure, Patrick Savidan)
Anthropologie, sociologie, psychologie, psychanalyse, droit, économie, linguistique, histoire, géographie, démographie, science politique, philosophie... toutes ces disciplines constituent et construisent les sciences humaines. Pour conduire cette vaste enquête et décrypter notre monde contemporain, 350 auteurs français et étrangers se sont mobilisés. Ils ont rédigé 565 articles, monographies, essais ou synthèses, qui reflètent les orientations et les enjeux, mais aussi la fécondité des travaux actuels. Des corrélats, pour chaque article, structurent un véritable logiciel de navigation qui conduit le lecteur dans un parcours de mémoire et d'aventure, introduisent des relations suggérant ainsi des approches inhabituelles. Deux index, l'un concernant plus de 2 000 notions, l'autre plus de 1 000 noms, enrichissent ce Dictionnaire des sciences humaines, passionnante interrogation, vivant témoignage «sur ce que nous sommes devenus, ce que nous cherchons à être».
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Existe aussi en édition réliée. 99 ?
Nulle terre n'a été fouillée comme la Terre sainte. En un siècle et demi notre connaissance du monde de la Bible a été considérablement renouvelée à travers l'archéologie. Celle-ci connaît en effet, depuis une trentaine d'années, un développement prodigieux : d'innombrables chantiers ont été ouverts un peu partout au Proche-Orient ; des données autrefois douteuses ou incertaines ont pu être vérifiées sur le terrain ; d'autres ont soulevé des problèmes nouveaux. Il suffit, d'évoquer ici l'immense retentissement de la découverte des manuscrits de la mer Morte ou des fouilles de la forteresse de Masada. La première édition de cet ouvrage, en 1970, dirigée par le professeur Abraham Negev, de l'Université hébraïque de Jérusalem, avait constitué une tentative originale d'approche archéologique de la Bible. La présente édition offre une refonte totale rédigée par plus d'une centaine de spécialistes qui ont participé le plus souvent aux fouilles dont ils présentent les résultats. Plus de 800 entrées alphabétiques accompagnées de plans, de photographies et de tables chronologiques offrent un répertoire de la majorité dés sites archéologiques de la Terre sainte (Israël, Palestine et Jordanie), avec leur identification actuelle. Pour chacun des sites (villes, monuments, forteresses, cours d'eau, plaines, montagnes), un bref descriptif géographique et un relevé des occurrences dans les textes saints sont suivis d'un solide exposé historique mêlant archéologie, ethnographie, économie et religion.
Outre les sites bibliques, sont aussi étudiés sur dix
millénaires - des temps préhistoriques à la conquête arabe -, les peuples et les tribus, les règnes et les dynasties, les habitudes alimentaires, l'habitat, les techniques et les objets de ces civilisations. L'ouvrage fait ainsi revivre les lieux et les temps prestigieux où se jouèrent quelques-uns des actes les plus importants de l'histoire humaine et où plongent les racines de notre civilisation.
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En 1972, Stephen Jay Gould bouleversa l'orthodoxie darwinienne - autrement appelée la «théorie synthétique de l'évolution». Il formulait la théorie de l'équilibre ponctué : le changement, au cours des temps géologiques, ne s'était pas fait de manière graduelle, comme l'avait soutenu Darwin, mais par des phases de stabilité suivies de phases de changement rapides, permettant l'apparition de nouvelles espèces.
Cette thèse, largement confirmée aujourd'hui, a conduit S. J. Gould à réexaminer la théorie darwinienne et à la repenser profondément. L'ouvrage, fruit de ce travail de réflexion et de conceptualisation, est le livre fondateur d'une nouvelle théorie de l'évolution, à partir d'un élargissement du darwinisme.
Selon Darwin, la sélection naturelle n'agissait qu'au niveau des organismes individuels. Gould prend en compte de nombreux autres niveaux, dont, particulièrement, le niveau des gènes, en dessous de celui des organismes ; et le niveau des espèces, au-dessus des organismes - gènes ou espèces étant considérés en tant qu'entités individuelles.
Par ailleurs, à l'encontre de Darwin, Gould tient que la sélection naturelle n'a pas, seule, déterminé toutes les formes prises par les espèces dans le tableau général de l'évolution, mais qu'elle a souvent agi de pair avec l'orientation de la variation. Ainsi Gould insiste sur le rôle des gènes architectes (dits «gènes homéotiques»), qui canalisent le développement des organismes selon les mêmes grandes lignes dans la plupart des embranchements. Il montre également l'importance d'un autre facteur de l'évolution : l'exaptation, ou mode d'édification des traits fondé sur le changement au cours du temps de leur fonction adaptative, certains d'entre eux pouvant passer d'un statut de non-adaptation à un statut adaptatif. Ce dernier point n'avait pratiquement pas été pris en compte par Darwin.
Enfin, les grandes tendances observables dans le tableau général des formes animales au cours des temps géologiques (la «macroévolution») ne peuvent pas se déduire par simple extrapolation des phénomènes étudiés par les biologistes de l'évolution au sein des populations animales vivantes (la «microévolution»), contrairement à ce qu'avaient postulé Darwin et les néodarwiniens. En effet, les espèces se comportent comme des entités individuelles les unes par rapport aux autres, et sont soumises, à leur propre niveau, à des processus de sélection, de dérive aléatoire ou de changement directionnel. Ainsi, au niveau des espèces, apparaissent des «propriétés émergentes» ou des «valeurs compétitives émergentes», qui ne se réduisent pas à celles des organismes qui les constituent. Ces phénomènes sont l'apport le plus original de la nouvelle théorie proposée par Gould dans une démonstration qui mêle, pour le plus grand plaisir du lecteur, anecdotes éclairantes, exemples fondamentaux et histoire des sciences.
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À l'origine de ce livre, deux convictions. D'une part, ce que l'on a appelé le « siècle bref », cette époque qui, de 1917 à 1968, a cherché à réaliser le socialisme et dans laquelle nous avons appris à penser, est désormais fini. De l'autre, la crise du socialisme a entraîné avec elle toutes les catégories politiques d'une modernité dont le socialisme lui-même faisait partie.
Pourtant l'espérance, l'indignation et la volonté de transformer le monde se présentent aujourd'hui sous de nouvelles figures. Les modifications de l'organisation du travail et les nouvelles configurations des modes de gouverner sont profondément impliquées dans cette transformation radicale de la réalité politique et dans celle du langage qui l'exprime.
Biopolitique, biopouvoirs, disciplines, contrôle, multitude, peuple, production de subjectivité, guerre, frontières, dépendance, interdépendance, État, nation, commun, différence, résistance, droits, pouvoir constituant, gouvernement, décision, sont discutés - parfois âprement - dans cette fabrique.
Tout au long d'une réflexion menée lors de séminaires donnés au Collège International de Philosophie en 2005, Antonio Negri cherche à suivre - avec une passion jamais démentie - la formation d'un nouvel horizon politique : une manière de définir d'autres pratiques et d'autres expressions de la démocratie.
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Très belle édition illustrée par des créateurs de l'Art Brut
'Un soir Zarathoustra passait avec ses disciples à travers la forêt et, cherchant une fontaine, voici qu'il arriva à une verte prairie qu'entouraient des arbres et des buissons silencieux. Des jeunes filles y dansaient entre elles. Aussitôt que les jeunes filles reconnurent Zarathoustra, elles cessèrent de danser ; mais Zarathoustra s'approcha d'elles dans une attitude amicale et dit les mots que voici :
`Ne cessez point vos danses, charmantes jeunes filles ! Ce n'est pas un trouble-fête avec un regard mauvais qui est venu, ce n'est pas un ennemi des jeunes filles.
Je suis l'avocat de Dieu auprès du diable : or celui-ci est l'esprit de pesanteur. Comment pourrais-je, être de légèreté, être ennemi de danses divines ?''
Le Zarathoustra est peut-être le texte allemand le plus important depuis la Bible de Luther. La traduction de Georges-Arthur Goldschmidt en restitue la force et la joie manifeste. Des créateurs majeurs de l'Art Brut en accompagnent pour la première fois la danse multicolore. Aloïse, Carlo, Darger, Gill, Lesage, Pigeon, Tripier, Tschirtner et Wölfli, notamment, tissent avec Nietzsche un dialogue musical composé.
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Notre moi n'est-il qu'une illusion, une simple apparence produite par une réalité étrangère? Est-il la principale source de la violence et de l'injustice? Ce sont ces préjugés aujourd'hui dominants que ce livre remet en question, en distinguant du moi narcissique et aliéné le moi vrai. Il est temps d'en finir avec cette destruction de l'ego, cet égicide qui règne sur la philosophie contemporaine, la psychanalyse et les sciences humaines. La critique de deux maîtres-égicides, Heidegger et Lacan, est le point de départ de ce livre. Mais cette critique ne suffit pas: c'est une pensée neuve de l'ego qu'il s'agit de fonder, une egoanalyse. Ce qui demande d'abord de relire ce philosophe décrié, Descartes, qui avait découvert cette vérité absolue que je suis. Dans la dernière partie du livre, nous approchons de cet inconnu qui est moi. Nous y découvrons un moi-chair divisé et précaire qui s'efforce de s'unir à lui-même et de se donner un corps, mais se heurte toujours à la hantise d'un restant. Nous pouvons alors aborder l'énigme de la rencontre d'autrui, celles du passage de la haine à l'amour, de la mort et de la résurrection du moi. Nous commençons enfin à comprendre quelle est l'origine de notre aliénation, et à entrevoir le chemin de notre délivrance.
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