La Chine est ailleurs, est-elle 'autre' ?
Cet ailleurs de la Chine se constate dans la langue comme dans l'Histoire. Quant à l'altérité, elle est à construire patiemment en nouant le dialogue entre deux civilisations, la chinoise et l'européenne, qui se sont développées si longtemps sans contact entre elles.
C'est à ce travail que se livre François Jullien, essai après essai, ou chemin faisant, sans postuler d'altérité ni d'identité de principe. A la fois pour fournir des concepts à la connaissance de la Chine et relancer la philosophie en l'interrogeant du dehors chinois.
A l'occasion de cette Réplique, François Jullien récapitule le chemin parcouru, ou sa 'méthode', et les résultats acquis. Il montre du même coup comment, à partir du dévisagement réciproque des cultures, ouvrir la voie d'un auto-réfléchissement de l'humain qui nous délivre de l'humanisme mou et de sa pensée faible.
Présentation de l'éditeur
William James (1842-1910) est l'une des principales figures du pragmatisme américain, selon lequel toute distinction théorique doit conduire à une différence pratique. On sait moins que James a développé sous le nom d''empirisme radical' une philosophie originale dont le projet général consiste à libérer les expériences de toute forme de pensée préexistante. Sa conception pragmatique de la vérité - 'est vrai ce qui réussit' - est devenue célèbre, mais parce qu'on y a vu la maxime de l'homme d'affaires américain et la philosophie du capitalisme sauvage. En réalité, il s'agit de concevoir les expériences comme autant de processus d'expérimentation, comme autant d'actes de confiance. Peut-être la question de la vérité rejoint-elle finalement celle de la confiance ? Quels accords passer avec nos connaissances (épitémologie), avec les autres (sociologie) et avec nous-mêmes (éthique) pour favoriser cette confiance et libérer en nous la création de nouvelles vérités ? Telle devient alors la question centrale du pragmatisme de James.
Présentation de l'éditeur
'Je me fatigue et je vous fatique, je le sais, en cherchant vainement à décrire par des concepts et des mots ce qui, selon moi, excède en même temps toute conceptualisation ou verbalisation. Tant que l'on continue de parler, l'intellectualisme demeure sans conteste maître du terrain. On ne peut revenir à la vie en parlant. C'est un acte ; pour vous faire revenir à la vie, je dois vous rendre sourds à la parole ou à l'importance de la parole, en vous montrant, comme Bergson le fait, que les concepts au moyen desquels ous nous exprimons sont élaborés en vue de la pratique, et non du discernement.'
Présentation de l'éditeur
Un spectre hante les intellectuels occidentaux, le sujet cartésien, prétendument dominateur, exploiteur de la nature et aveugle aux particularismes. Ils ont beau se livrer officiellement une lutte à mort, tous sont unis en une Sainte-Alliance destinée à exorciser ce spectre : l'obscurantiste New Age et le déconstructionniste postmoderne ; le théoricien habermassien de la communication et le partisan heideggérien d'une pensée de l'Etre ; le scientifique cognitiviste et l'écologiste intégriste ; le (post)marxiste critique et la féministe.
Le sujet qui fâche s'engage au contraire à réaffirmer le sujet cartésien, à démontrer que l'attitude productiviste moderne ne constitue pas la réalisation de son potentiel profond. Il ne propose pas un retour au cogito dans la forme sous laquelle cette notion a dominé la pensée moderne (le sujet pensant transparent à lui-même), mais tente de mettre en lumière son envers oublié, le noyau non reconnu du cogito, toujours en excès, très loin d'une image pacifiante du Soi.
Slavoj Zizek entreprend une confrontation détaillée avec la tradition de l'idéalisme allemand, Heidegger, Kant, Hegel ; puis avec les quatre philosophes actuels qui, d'une manière ou d'une autre, ont pris Althusser pour point de départ avant de développer leur propre théorie de la subjectivité politique : Laclau, Balibar, Rancière et Badiou. Enfin, il analyse le glissement 'déconstructionniste' de la problématique du sujet vers celle de la multiplicité des positions subjectives et des modes de subjectivation, en discutant notamment la théorie de la formation du genre avec Judith Butler.
Mais la portée de ce livre n'est pas seulement philosophique. Il s'agit d'une intervention politique engagée, qui traite la question de notre époque : comment reformuler un projet politique anticapitaliste de gauche à l'époque où dominent le capitalisme mondialisé et son complément idéologique, le multiculturalisme libéral-démocrate ?
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L'oeuvre et l'influence de Vincent Descombes, un des philosophes les plus importants aujourd'hui, sont reconnues depuis longtemps. Elles touchent aux domaines de la critique littéraire, comme à ceux de la pensée politique et juridique, ainsi qu'à la philosophie analytique de l'esprit et de l'action. Philosophe singulier, Descombes s'attaque à nos embarras intellectuels, non sans parfois en provoquer d'autres : il suscite la discussion. C'est pour y introduire le lecteur que ce livre rassemble une douzaine de contributions sur les thèmes de l'esthétique, de l'anthropologie sociale, de la question de l'esprit, du sujet et des règles, et de la réflexion sur la modernité. Des contributions de S. Chauvier, B. Gnassounou, Ph. de Lara, S. Laugier, P. Livet, P. Manent, P. Pachet, J.-Cl. Pinson, R. Pouivet, C. Romano, D. Rozakis, Ph. Urfalino, sont suivies d'une réponse sous forme d'entretien avec V. Descombes.
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La joie nous rend plus vifs dans un plus vaste monde. Comment penser cet élargissement du dehors et du dedans, et le chant neuf de ses possibles? Et de quelle manière décrire ce que la Bible nommait dilatation du coeur, laquelle parfois se produit jusque dans l'épreuve et l'angoisse, comme si leur pression faisait naître une force à nous-mêmes imprévue?
Plus encore que les philosophes, les poètes et les mystiques ont su ce qu'il en est d'être soulevé par cette crue de l'espace, et déchiré presque par cette joie. De saint Augustin à saint Bernard et à sainte Thérèse d'Avila, du trop méconnu Thomas Traherne à Victor Hugo, Walt Whitman, Paul Claudel et Henri Michaux, ces explorateurs de la joie spacieuse servent ici de maîtres et de guides pour ce pays qui peut s'ouvrir au détour du moindre chemin, voire au coin d'une chambre, si nous nous laissons rejoindre et traverser par sa soudaine lumière. Lourd d'histoire est le mot «dilatation», mais riche aussi de promesse.
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On pourrait plaider en faveur des études médiévales à partir de ce que l'on appelle le mouvement « post-moderne ». Si l'on admet, à titre d'hypothèse, que nous sommes après la modernité, nous pouvons acquérir une liberté nouvelle dans notre pratique de l'histoire de la philosophie. Nous pourrions nous dégager de l'idée même d'une téléologie, d'une orientation nécessaire vers des idées de plus en plus « modernes ». Par suite, des idées pré-modernes, et en particulier des idées médiévales, ne seraient pas plus surannées, ou dépassées, que d'autres formes de pensée. Mais d'autre part, nous n'aurions pas non plus, comme le firent autrefois certains médiévistes, à plaider pour un retour au Moyen Âge. Si cette hypothèse pouvait s'avérer, certains éléments de la pensée pré-moderne pourraient retrouver une pertinence. Et pas seulement la pensée antique, mais tout aussi bien le Moyen Âge. Une période pré-moderne dans l'histoire de la philosophie, et tout spécialement cette période que la modernité voulait évacuer, à savoir le Moyen Âge, pourrait-elle avoir quelque chose à nous dire ? Pouvons-nous donc repérer dans l'attitude d'esprit médiévale certains éléments dont nous pourrions nous servir pour une synthèse post-moderne ?
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La complexité s'inscrit aujourd'hui dans un véritable mouvement de pensée qui nous invite à restaurer l'intelligence de la complexité dans nos cultures et nos enseignements. Elle pose un problème épistémologique clé pour la connaissance et l'action, et appelle une réforme de pensée. Alors qu'un savoir fragmentaire et dispersé nous rend de plus en plus aveugles à nos problèmes fondamentaux, l'intelligence de la complexité devient un besoin vital pour nos personnes, nos cultures, nos sociétés. L'aventure collective de la pensée complexe fait apparaître deux modes d'appréhension de la complexité : le « paradigme de la complexité restreinte », qui se forme dans les creusets des disciplines traditionnelles, et le « paradigme de la complexité générale ou épistémique », qui se forme dans des creusets plus ouverts. L'intelligence de la complexité relie les données, informations et connaissances séparées, pour lesquelles l'intelligence du réel n'est pas un reflet de la réalité mais une traduction / reconstruction de cette réalité à partir d'un esprit / cerveau humain ; elle relie la connaissance et l'action, l'épistémique et la pragmatique. Cette aventure de la connaissance s'inscrit dans l'humaine histoire de la pensée, et lui apporte peut-être une pertinence nouvelle. C'est au coeur de cette aventure que se situe ce colloque de Cerisy, un livre savant et passionnant.
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À la Libération, en 1944, Claude Lefort a vingt ans. Jeune philosophe, élève de Merleau-Ponty, trotskiste (avant de se retourner contre cette appartenance et, bientôt, de faire porter ses critiques sur le marxisme même), il se jette d'emblée dans le débat politique - d'abord en écrivant dans Les Temps Modernes, puis en participant à la fondation de Socialisme ou Barbarie et, plus tard, de Libre. Soixante années durant, son attention aux événements - en particulier à ceux qui ébranleront les pays de l'Est - ne se relâchera jamais.
En même temps (tout en enseignant successivement à la Sorbonne, à Caen, à l'EHESS) il contribue - dans son monumental livre sur Machiavel, mais aussi dans maintes autres études où il se confronte à de grandes pensées (de Marx à Tocqueville, Michelet, Quinet, Aron, Hannah Arendt ou Soljenitsyne) - à la restauration et au renouvellement de la philosophie politique.
Le temps présent réunit des textes écrits pendant les soixante dernières années (et dont bon nombre étaient devenus inaccessibles). C'est ainsi tout le vingtième siècle qui se réouvre, avec ses emportements historiques - guerres et révolutions - sans précédent, ses « mutations » politiques inouïes.
Au coeur de ces tumultes, Claude Lefort a su élaborer une des analyses les plus lucides du totalitarisme ainsi qu'une théorie de la démocratie qui, dans sa rigueur et son sens de la complexité, nous est aujourd'hui plus que jamais indispensable.
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