Maître dans l’art percutant et lapidaire de la pensée éclair à coup de tracts, manifestes, notes, invectives et autres transfigurations de catalogues, de poèmes, de manuels ou de slogans publicitaires, Paul Nougé a fait du détournement des mots une arme, de l’écriture un acte en soi, du texte un objet agissant, révolutionnaire. Considéré comme le premier instigateur du surréalisme en Belgique aux côtés de Magritte, Nougé s’est toujours refusé à la tentation de l’œuvre littéraire et de la posture d’écrivain.
L’œuvre de Fernando Pessoa (1888-1935), en grande partie posthume, est considérée aujourd’hui comme l’une des plus importantes du XXème siècle, la découverte de sa poésie et du Livre de l’Intranquillité ayant été une révélation dans le monde entier. Le projet complexe de Pessoa consiste, par l’écriture, à « tout sentir de toutes manières », ce qui l’a conduit à éclater son « moi » en plusieurs écrivains fictifs, les « hétéronymes », dotés chacun d’un nom (Alberto Caeiros Álvaro de Campos, Ricardo Reis, Fernando Pessoa lui-même, Bernardo Soares, etc.) d’un style propre et d’une vision du monde singulière.
« Ô Muse, conte-moi l'aventure de l'inventif : celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d'usages, souffrant beaucoup d'angoisse dans son âme sur la mer pour défendre sa vie et le retour de ses marins sans en pouvoir sauver un seul, quoi qu'il en eût : par leur propre fureur ils lurent perdus en effet, ces enfants qui touchèrent aux troupeaux du dieu d'En-Haut, le Soleil qui leur prit le bonheur du retour...
À nous aussi, Fille de Zeus, conte un peu ces exploits ! »
Après les trois romans de sa trilogie, Le Grand Cahier, La Preuve, Le Troisième Mensonge, son dernier roman Hier, ses nouvelles C'est égal et son récit autobiographique L'Analphabète, nous pouvons lire aujourd'hui les poèmes d'Agota Kristof (1935-2011). Peu avant sa mort, elle les avait sortis de ses archives pour qu'ils soient édités.
Recueil de poèmes et de chants écrits par le poète américain au début du XXe siècle. L'auteur raconte la vie des habitants de la ville fictive de Spoon River et démystifie la vie rurale américaine.
Sa vie se partageait entre le San Francisco des Diggers, le Japon adulé et son ranch dans le Montana auprès de ses amis Jim Harrison, Tom McGuane, Peter Fonda et Sam Peckinpah. Il aimait Baudelaire, le Grateful Dead et Janis Joplin, Emily Dickinson et William Carlos Williams, les haïkus de Bashô et Issa, les winchesters et le whisky. Ses poèmes, qu’il nommait ses « fleurs de papier avec de l’amour et de la mort », figurent parmi les plus réjouissants et les plus inventifs de la littérature américaine. Inventeur de formes littéraires, il mitonnait l’humour à feu doux, même si la mort le hantait.
Le voyageur au regard aigu, le romancier ou le nouvelliste subtil, l'essayiste féru d'art et d'histoire : ces figures de l'écrivain Cees Nooteboom nous sont familières. Mais la tonalité qui relie chez lui des genres si différents est une écriture reconnaissable entre toutes, rythmée, audacieuse, parcourue d'images étonnantes et de fulgurances. En un mot, une écriture de poète.
De courts extraits de poèmes et de lettres, ainsi que des fragments en prose d'E. Dickinson complétés par une notice biographique en fin d'ouvrage. Ce volume permet de rendre compte de la portée spirituelle et philosophique de son oeuvre.
Après avoir traduit Eugène Onéguine, le chef-d'oeuvre d'Alexandre Pouchkine (1799-1837), André Markowicz a entrepris de rassembler autour de la figure de celui qui reste le plus grand poète russe les poèmes écrits et souvent échangés par ses amis. Bon nombre d'entre eux, emprisonnés et exilés, peu à peu conduits à la mort - comme Pouchkine lui-même - après le complot des décembristes (14 décembre 1825) contre le tsar Nicolas Ier, ont résisté à la tyrannie par la poésie.
Toute sa vie, le romancier Natsume Sôseki (1867-1916) a composé, avec bonheur, des « poèmes en chinois classique » (kanshi), qui ont pour originalité de se rattacher au ton des grands modèles chinois tout en développant un mode d'expression résolument personnel, propre à refléter le cheminement de toute une vie intérieure : un état d'esprit imprégné d'une pensée de type extrême-oriental, conciliant taoïsme et bouddhisme.