Albert Camus contre la peine de mort

Albert Camus contre la peine de mort
Camus Albert
Ed. Gallimard

« Donner à lire, pour la première fois, l'ensemble des textes à travers lesquels Albert Camus s'éleva contre la peine de mort met en lumière un pan méconnu de la pensée intime et de l'activisme du Prix Nobel 1957. Si Camus a publié cette année-là ses « Réflexions sur la guillotine », cet essai s'accompagne en effet d'une constellation d'écrits qui, tout au long de sa vie d'écrivain, interrogent, analysent et dénoncent l'illégitimité du couperet.

Documents inédits, lettres envoyées à titre privé dont certaines restaient à ce jour indisponibles - en partie ou dans leur intégralité -, extraits de carnets, d'allocutions, d'écrits fictionnels (romans et théâtre) et journalistiques se répondent ici pour révéler, dans sa complexité et sa profondeur, la préoccupation d'une vie : « sauver les corps ».

Ces textes d'invention et d'intervention retracent une conviction abolitionniste ébranlée à la Libération, mais qui n'en traverse pas moins résolument, avec intégrité et parfois douleur, les plus sombres événements du XXe siècle : la dictature franquiste, la Seconde Guerre mondiale, la guerre civile grecque, les répressions perpétrées en Europe de l'Est ou encore la guerre d'Algérie. »

L'ouvrage s'achève sur un essai d'Ève Morisi étudiant le motif de la peine capitale dans les romans d'Albert Camus (L'Étranger, La Peste, Le Premier Homme) et « l'éthique résistante » qu'ils esquissent.

Correspondance. 1919-1968

Correspondance. 1919-1968
Gaston Gallimard & Jean Paulhan
Ed. Gallimard

Gaston Gallimard et Jean Paulhan sont des personnages que nous connaissons bien, mais des personnes que nous méconnaissons. Ce couple célèbre de l'édition a fait couler tellement d'encre que leur masque nous est plus familier que leur visage. Par chance, les deux hommes nous ont laissé une correspondance de la plus belle eau, qui court sur près de cinquante années. Gaston Gallimard a ôté son nœud papillon, Paulhan sa veste grise : nous découvrons, avec ces deux hommes en bras de chemise, les dessous de la NRF. Rien de plus vivant ni de plus déconcertant parfois que cet échange fait de pièces et de morceaux : on y trouve à la fois des billets griffonnés et des lettres ouvragées, des années blanches et des années noires, des déclarations d'amitié et d'impôts. Paulhan et Gallimard travaillaient ensemble et se voyaient facilement  ; leurs lettres sont le plus souvent familières, sans façon. Et souvent sans suite puisqu'elles appellent ou prolongent une conversation, à la faveur d'une maladie, d'un voyage ou d'un dimanche.
Cette correspondance à bâtons rompus, où Claude Gallimard va prendre peu à peu sa part, fut avant tout professionnelle. Mais c'est une bien curieuse profession, qui serait plutôt de l'ordre de la profession de foi. Paulhan estimait en effet que sa « vie véritable » avait commencé le jour où Gaston Gallimard était venu, avec Jacques Rivière, lui proposer d'entrer à La NRF. Gallimard invoquera aussi l'ami disparu pour sceller leur alliance : « Depuis la mort de Jacques Rivière, la NRF, la maison, c'est vous et moi. »

Persévérer dans l'être. Correspondance 1961-1963

Persévérer dans l'être. Correspondance 1961-1963
Yourcenar Marguerite
Ed. Gallimard

(D'Hadrien à Zénon, III)

1961-1963, Marguerite Yourcenar approche de la soixantaine. Pour beaucoup, un âge d'interrogations, de conscience aiguë de l'âge qui vient. Rien de ce genre chez elle. Au contraire. Elle affirme une belle solidité dans l'accueil des années à venir. Le temps qui vient sonne même comme prometteur pour elle. De fait, sa vie se poursuit pareille à ce qu'elle a été depuis qu'elle a mouillé l'ancre à Bar Harbor, caractérisée par le même élan, la même force créatrice. Dans cette existence qu'elle a voulue toute consacrée à la pensée et à l'écriture, la pérennité révèle un approfondissement de l'expérience. « Vous êtes si bien faite pour ' persévérer dans l'être' », écrit-elle à Natalie Berney. Mais lectrices et lecteurs savent que ce mot de Spinoza peut aussi s'appliquer à Yourcenar elle-même. En effet, c'est en persévérant dans son être que Yourcenar, au long des jours, a réussi à tisser entre eux les fils de réflexions émanant de ses différentes recherches et études.

Tout un condensé de sa vie créatrice, de sa pensée, de son expérience littéraire, de son éthique, de ses réflexions sur le mal - la cruauté en l'homme - et sur l'Histoire, se profile et nous fait entrevoir l'écrivain dans sa maison de Bar Harbor, mais aussi en voyage parfois, entourée de livres, ceux qu'elle écrit et ceux qu'elle lit, puisant à mille champs du savoir, sachant ce qu'elle cherche, non ce qu'elle va découvrir, retenant ce qu'elle veut, le transformant. Elle aussi alchimiste du verbe ! Toute une expérience intellectuelle et littéraire, une expérience de vie, qu'elle communique - en répondant à des appels de lecteurs, certains eux-mêmes écrivains en herbe, en écrivant à des amis ou à d'autres qui ne le sont pas -, soucieuse toujours d'un échange intellectuel permanent avec autrui.

Lettres à André Breton. 1918-1931

Lettres à André Breton. 1918-1931
Aragon Louis
Ed. Galliamard

Ces quelque cent soixante-dix lettres sont la chronique d'une amitié passionnée puis violemment rompue, en même temps qu'elles jalonnent un moment essentiel de la modernité du XXe siècle. Un premier ensemble réunit les lettres de 1918-1919, écrites du front, puis d'Alsace et de Sarre après l'armistice : médecin-auxiliaire jeté en première ligne, Aragon a vécu de près la tuerie mondiale, naufrage d'une civilisation d'où naît la révolte Dada. Ensuite affleure l'histoire agitée du groupe surréaliste, en particulier son entrée dans l'action politique en 1925. Enfin le «Congrès de Kharkov» de 1930 va sceller l'adhésion d'Aragon au communisme, et provoquer à terme sa rupture avec Breton.

Tant de noms au fil des pages témoignent d'une amitié née sous le signe de la littérature, et bientôt de sa critique radicale : Rimbaud puis Lautréamont, intercesseurs essentiels ; Gide et Valéry, tôt délaissés ; Apollinaire (sous un jour inattendu), Reverdy, «l'ange offensé» ; Soupault, le premier compagnon, puis Eluard, Desnos... ; et les alliés incommodes Tzara, Picabia...

Précieuses enfin sont les lettres où Aragon commente son esthétique, l'écriture du poème qu'il vient d'achever - ou analyse subtilement celui qu'il a reçu de Breton ; et celles où affleure déjà ce débat majeur entre eux, le roman.

Incisives, jamais apprêtées, ces lettres attestent la vérité de l'instant : à leur regard, on ne pourra plus écrire la vie d'Aragon ni lire son oeuvre tout à fait de la même façon.

Colette

Colette
Collectif
Ed. Cahiers de l'Herne

Ce numéro revisite quelques-uns des grands thèmes de l'oeuvre de Colette et s'interroge sur la radicalité dont elle faisait parfois preuve dans ses choix, comme lorsqu'elle figurait les genres masculin et féminin dans ses récits. Son oeuvre fut bâtie à l'écart des mouvements littéraires et idéologiques du début du XXe siècle, au point qu'elle ne fut pas reconnue pour sa singularité.

Réunit :

«J'eus toujours la passion de regarder et d'écouter les acteurs»

Connaissance des parfums

Conférences inédites :

«L'Envers du Music-hall»

«Les bêtes et nous»

«Causerie sur L'École des femmes»

Paris au pied de la lettre. Un guide littéraire

Paris au pied de la lettre. Un guide littéraire
Collectif
Ed. Inculte

À chaque carrefour, chaque détour de ruelle, chaque ombre portée d'un lampadaire, Paris respire du souffle de ses grands écrivains. Flaubert, Lautréamont, Perec, Fargue, Hemingway, Proust ou Villon parcourent les rues de Paris au sein de cette anthologie où se croisent classiques, modernes et romanciers contemporains. Présenté sous la forme d'un guide touristique, ce Paris au pied de la lettre est un voyage dans une ville inépuisable. On y apprendra comment «rencontrer l'autochtone», s'orienter et se désorienter dans le dédale des passages parisiens, occuper ses dimanches, éviter dangers et désagréments, vivre les nuits d'ivresse et les matins blêmes de cette ville qui «ne finit jamais».

La grandeur. Saint-Simon

La grandeur. Saint-Simon
Delacomptée Jean-Michel
Ed. Gallimard

Saint-Simon vivait entouré de tableaux. Ils peuplaient par dizaines les murs de son château, portraits de famille, portraits de Louis XIII encadrés dans les boiseries, fixés au-dessus des glaces, peints sur toile, peints sur bois, en estampes, buste de Louis XIII sur un piédestal, la tête en cire ceinte d'une couronne en cuivre, portraits de Mme de Saint-Simon, de Rancé, du duc d'Orléans, du cardinal de Fleury, du cardinal de Noailles, du cardinal Dubois devant la chaise percée, et, dans une chambre au premier étage ayant vue sur le parc, du feu duc de Saint-Simon et de la feue duchesse, sans autres précisions, le duc Claude et Charlotte la mère, ou Diane sa première épouse.

Saint-Simon n'apparaît jamais, aucun tableau de lui.

J.-M. D.

Anthologie de la subversion carabinée

Anthologie de la subversion carabinée
Anthologie
Ed. Age d'homme

Les points d'orgue de la subversion bel et bien carabinée puisque nous avons affaire ici à la première association de gros calibre de textes résolument malfaiteurs. A travers toutes les formes rocambolesques de subversion : appel au meurtre, grève orgiaque, tour pendable, etc. A travers tous les genres littéraires : libelle, reportage, poème satirique, dessin pamphlétaire, tract, mots croisés, lettre d'insultes, etc. A travers toutes les écoles du crime donquichottesque : des émeutiers galope-les-cotillons de l'Antiquité aux chaos-spontex de 68 et d'après, en passant par les iconoclastes du Moyen Age, les ' emporte-pièce ' de 1789, les ' amazones-crapule ' de la Commune... A travers tous les catalogues d'auteurs dépassant les bornes : d'Allais et Fourier à Stirner et Wilde, de Darien et Forton à Leroux et Swift, de poètes-assassins ayant prémédité de ' mettre le terme au maître ' à des fauteurs de troubles plutôt inattendus : Balzac, Claudel, Mérimée... Une nouvelle édition de la Bible de l'anarchisme, depuis longtemps épuisée.

Les soirées de Paris. Revue littéraire et artistique dirigée par Guillaume Apollinaire. Fac simile

Les soirées de Paris. Revue littéraire et artistique dirigée par Guillaume Apollinaire. Fac simile
Revue
Ed. Edite

Fondée en février 1912 et dirigée par Guillaume Apollinaire, la revue littéraire et artistique Les Soirées de Paris ne tarde pas à prendre un caractère fondateur en devenant rapidement un creuset des avant-gardes historiques, un espace de dialogue entre futurisme d'avant-guerre et surréalisme à venir.

Cet ouvrage -fac-similé de l'ensemble des numéros de la revue 1913 à 1914- constitue une source unique de documents d'époque. Au carrefour des arts et de l'Histoire -puisque poètes, musiciens, peintres et critiques se croisent dans ses pages- la revue des Soirées de Paris compte ainsi de bien prestigieux contributeurs parmi lesquels, outre Guillaume Apollinaire, Alfred Jarry, Blaise Cendrars, Roch Grey, Max Jacob, Pablo Picasso, Henri Matisse, le douanier Rousseau, Francis Picabia, Georges Braque, Fernand Léger, Maurice deVlaminck, Ambroise Vollard, Rouault... et tant d'autres.

Figures Balzac. Trente-six portraits de La Comédie humaine vue par trente-six artistes

Figures Balzac. Trente-six portraits de La Comédie humaine vue par trente-six artistes
Collectif
Ed. Chemin de fer

Figures propose une anthologie de portraits de personnages des romans d’Honoré de Balzac, interprétés par des plasticiens contemporains. figures en premier lieu comme les visages, qui sont au cœur de ce projet, figures aussi comme le questionnement sur la représentation de l’humain, mais aussi figures comme le format double figure 24/19 cm, celui du livre.

Dans un monde où la profusion d’images, de textes, d’informations ne permet plus de prendre le temps, figures invite à s’arrêter sur ce qui, dans le roman, n’est pas de l’ordre du temps du récit, mais de la pause descriptive ; et l’on sait à quel point ces pauses sont d’importance chez Balzac, tant du point de vue du lyrisme que de celui de l’interruption qu’elles suscitent dans l’intrigue romanesque. Mais figures invite également, à travers la représentation plastique de la description, à s’arrêter sur les images, quand celles-ci, dans le monde d’aujourd’hui, défilent sans arrêt.

figures est également une tentative de réponse au défi implicite que lance Balzac aux artistes. La plupart des descriptions physiques dans les romans balzaciens font référence à des artistes passés, sous-entendant que le portrait est inséparable de la représentation plastique, sans laquelle il n’existe pas. A contrario cependant, Balzac affirme la supériorité de l’écrivain sur l’artiste de son temps en posant l’impossibilité pour ce dernier de représenter la beauté (ou parfois la laideur) de ses personnages et en ponctuant ses descriptions d’affirmations telles que : « il y a là des beautés à désespérer la peinture » ; « le dessin le plus correct, la couleur la plus chaude n’en exprimeraient rien encore » ; « sa figure est une de celles dont la ressemblance exige l’introuvable artiste » etc.

figures a pour objet d’interroger la persistance et la pérennité des modèles de représentation humaine dans les pratiques contemporaines. Evidemment, aujourd’hui, la représentation de la « figure » s’est éloignée de la nécessité de ressemblance ou même de figuration. C’est à partir de cette histoire et de ce matériau que le livre se propose de dresser un panorama subjectif de la pratique du portrait en France aujourd’hui.

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