10 décembre 1919 : le prix Goncourt est attribué à Marcel Proust pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs. Aussitôt éclate un tonnerre de protestations : anciens combattants, pacifistes, réactionnaires, révolutionnaires, chacun se sent insulté par un livre qui, ressuscitant le temps perdu, semble dédaigner le temps présent. Pendant des semaines, Proust est vilipendé dans la presse, brocardé, injurié, menacé. Son tort ? Ne plus être jeune, être riche, ne pas avoir fait la guerre, ne pas raconter la vie dans les tranchées.
On a plusieurs fois raconté la vie d’Anton Tchekhov, mais jamais si franchement, et jamais en exploitant toute la richesse des archives russes. Ce livre a déjà enthousiasmé (et quelquefois abasourdi) les lecteurs anglais et russes : le dramaturge Arthur Miller l’a loué comme « le portrait sculpté d’un génie humain dans le contexte de son temps » ; Vladimir Katayev, le doyen des tchékhovistes russes, a admis que Donald Rayfield « a tiré de l’ombre et du silence tout une série de faits et de lignes biographiques. » Il révèle en effet Tchekhov non seulement comme l’inventeur du théâtre moderne, le grand écrivain et le gentil docteur, mais également comme un homme qui, durant toute sa vie d’adulte, jouait à cache-cache avec les femmes et avec ses lecteurs, tout en regardant en face une mort précoce et pénible ainsi que les dilemmes d’une vie rarement réglée ou aisée.
« Tout homme qui écrit, même pour ne rien dire et pourvu qu'il ne veuille pas seulement divertir, aspire à cette nappe de silence où les mots sont inutiles, où les choses et les êtres existent pour eux-mêmes. Tout homme qui lit est avide de se voir sous les couleurs de l'éternité. Auteur et lecteur vont à la rencontre l'un de l'autre dans la même recherche d'une grâce active où, autour de l'humanité en nous surmontée, de la mort vaincue, de l'instant éternellement fixé, s'ordonnent la vie, les humains, le monde, enfin pourvus de signification. » Maurice Nadeau
Ce premier tome, préfacé par Tiphaine Samoyault, rassemble l'intégralité des textes littéraires de Maurice Nadeau parus de 1945 à fin 1951 dans le journal Combat de Pascal Pia et Albert Camus, La Revue internationale de Pierre Naville, l'hebdomadaire Gavroche et la revue du Mercure de France.
La vérité sur « Dix petits nègres »
Aucun lecteur sensé ne peut croire en la solution invraisemblable proposée à la fin du célèbre roman policier Dix petits nègres. En donnant la parole au véritable assassin, ce livre explique ce qui s'est réellement passé et pourquoi Agatha Christie s'est trompée.
Cet essai présente la façon dont la littérature (qu’il s’agisse de romans, de poésie, de théâtre, de chansons, etc.) se met en action pour tenter de dépasser la mort. Depuis la possibilité de résister au choc de la confrontation à l’irrémédiable jusqu’à la commémoration sereine avec le recul des années, en passant par l’accomplissement des différentes étapes du deuil. Cet essai montre aussi comment les écrivains prennent en charge des fonctions que les discours institutionnels ou médiatiques ne peuvent pas assumer, comme dresser la stèle manquante des effacés de l’Histoire, exprimer l’inavouable, apprivoiser sa propre mort.
Il n’y a qu’un problème littéraire vraiment sérieux : c’est la transmission des textes à la postérité. Le reste : les modalités de renouveau d’un genre, les singularités d’un style comme le dialogue entre les œuvres, il sera toujours temps de s’y intéresser lorsque les contradictions impliquées par la quête d’approbation d’un public virtuel auront été comprises.
Ce livre invite à faire l'hypothèse du récit en suivant, dans l'histoire de la littérature française du vingtième siècle, différentes façons de se tenir en rapport avec l'impossible, d'en faire l'improbable relation. Prenant le relais de la poésie, de Gide et Valéry à Beckett et Michon, la prose narrative fait l'expérience d'une réduction ou d'une dénudation des mécanismes de la fiction. Terrain d'expérimentations, le récit - anagramme du mot « écrit » - rend problématique son mode de réception en interrogeant explicitement le fonctionnement de sa voix narrative, le statut des personnages et la nature de la participation qu'ils attendent de leur lecteur. Narration célibataire, le récit s'écrit donc à l'ombre du roman. Lié à un sentiment de perte d'innocence narrative, il joue avec et contre la crédulité que suppose le contrat romanesque. Il fait de la fiction, et de l'impossibilité d'y échapper, le détour pour accéder à une vérité en souffrance.
Enfant juif caché sous l'Occupation, J.-C. Zylberstein fait ses débuts dans la presse comme critique de jazz, entre dans l'édition et devient en même temps avocat spécialisé en droits d'auteur. Dans cette autobiographie, il relate ses souvenirs couvrant un demi-siècle de vie culturelle et éditoriale et dessine en toile de fond une bibliothèque idéale.
Une vue d'ensemble de la vie et de l'oeuvre de C. Malaparte. Cet écrivain italien se distingua en redonnant vie aux événements traumatiques de la première moitié du XXe siècle. Sa vie intime est dépeinte à travers de nombreux documents parfois inédits : des textes prononcés en publics, des brouillons, des lettres et une importante iconographie issue d'archives familiales.