Les contributeurs explorent les écritures de soi dans un large champ historique et dans l'espace francophone. Plusieurs catégories sont abordées : les auteurs, les oeuvres, les genres, les notions techniques, les termes littéraires, les entrées géographiques, les époques ou encore les mouvements littéraires.
« Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée », écrivait George Sand. C'est par Nohant, par sa maison, que je l'ai rencontrée. À vrai dire, elle ne fut pas un modèle de ma jeunesse. Pour « la bonne dame », je n'éprouvais pas d'attirance. Ses romans, La Petite Fadette, etc., que la grand-mère de Marcel Proust tenait en si haute estime, me paraissaient bons pour les distributions de prix. Je participais à la dépréciation dont Sand a été victime après sa mort. Je la trouvais d'un âge qui n'avait plus grand-chose à dire aux filles de Simone de Beauvoir, dont je me revendiquais.
Ma découverte fut en partie fortuite. La demeure de l'Indre, héritée de sa grand-mère, représente ses racines, mais aussi un refuge contre Paris, qui fit sa renommée et qu'elle n'aimait pas, une « oasis » propice au travail : elle y écrivit l'essentiel de son oeuvre, comme Chopin y composa la majeure partie de la sienne. Nohant, elle en rêvait comme d'un phalanstère d'artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d'échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix, Rousseau), l'écriture (Flaubert, Dumas, Fromentin, Renan, Tourgueniev...), le théâtre, la conversation.
Depuis plus de quatre cents ans, acteurs, metteurs en scène, critiques et spectateurs se confrontent à la figure de Shylock, l'un des personnages les plus marquants du Marchand de Venise et l'un des plus complexes et des plus controversés du répertoire théâtral. Cette étude explore sa place dans l'histoire de l'antisémitisme et dans celle de la littérature.
Une étude de la linguistique dans l'oeuvre du réalisateur italien. L'auteur montre comment l'utilisation du style indirect libre permet à l'artiste de transposer dans ses films sa vision du monde et des classes subalternes.
Jeune fille à marier, épouse et mère, maîtresse, vieille fille : ces états offerts à la carrière féminine, la littérature occidentale comme l'expérience du monde vécu nous les ont rendus familiers.
Pourtant, la lecture de quelque deux cent cinquante oeuvres, classiques ou plus confidentielles, du XVIIIe siècle à nos jours - romans, nouvelles, contes, pièces de théâtre et films -, réserve une étonnante surprise. La fiction ne se contente pas de refléter la réalité historique et ses lentes évolutions ; à partir de ce petit nombre, très stable, d'états dûment structurés, régis par des règles précises, définis par le mode de subsistance économique et la disponibilité sexuelle, elle révèle un état particulier : le « complexe de la seconde ».
Une étude de l'ensemble de l'oeuvre de H. Melville dans laquelle l'auteur aborde des thématiques comme les limites entre la fiction et la réalité, la question de droits d'auteur ou encore l'histoire des Etats-Unis.
A l'occasion des vingt ans de la mort de Z. Herbert, cette biographie revient sur le parcours du célèbre poète polonais, qui fit de l'ironie historique un style d'écriture et de l'esprit une arme contre la censure du régime communiste.
Figure majeure de la littérature contemporaine, Roberto Bolaño (1953-2003) est aujourd’hui devenu une légende. Son œuvre est traduite dans le monde entier et son rayonnement ne cesse de s’étendre. Né au Chili où il passa son enfance et une partie de sa jeunesse, Bolaño prit le chemin de l’exil au lendemain du coup d’État de 1973 et vécut d’abord au Mexique, puis en Espagne à partir de 1977. Poursuivant son chemin dans la pénombre pendant des années, il accéda soudain à une large reconnaissance avec Les Détectives sauvages. Paru en 1998, ce roman allait devenir un livre culte, tout comme 2666, chef-d’œuvre publié un an après sa mort et la dispersion de ses cendres dans la Méditerranée.
Prenons trois monuments : Proust, Baudelaire, Nerval. Et prenons, dans ces trois monuments, le plus parfaitement monumental et délicat : Marcel Proust. Essayons de comprendre comment cette admiration, sous couvert de nous donner Proust, dans un même mouvement nous le retire, nous en prive.
Voyons comment et pourquoi Proust, en son temps, dans Contre Sainte-Beuve, régla violemment leur compte à ceux qui désamorçaient Baudelaire et Nerval.
Né à Saint-Gilles le 25 septembre 1900 et décédé 66 ans plus tard, Marcel Lecomte fut un écrivain discret, adepte des zones d’ombre et du mot rare. Son œuvre littéraire propre, poèmes en prose et récits brefs, tient en deux volumes de format modeste : les Œuvres rééditées par Jacques Antoine en 1980 (170 pages) et les Poésies complètes, aux éditions de la Différence, en 2009 (253 pages). S’y ajoutent toutefois plusieurs volumes compilant les textes publiés par Lecomte dans la presse et en revues, chroniques, critiques et écrits politiques, ainsi que la correspondance. Du coup, le peu se fait nombre, et c’est toute une vie consacrée à l’écriture qui se dévoile.