Un petit livre pour un grand sujet : la spécificité de la littérature chinoise fondée sur une écriture idéographique, à la différence de toutes les écritures indo-européennes de la sphère occidentale où l'écriture est de type alphabétique.
De notre côté donc, une écriture d'origine orale ; de l'autre, une écriture oraculaire monopolisée à la fin du XIIe siècle avant notre ère par les spécialistes de la divination.
Comment ont été conçus les chefs-d'oeuvre français, ces rares ouvrages sans cesse édités depuis leur parution jusqu'à accéder au rang de classiques ? Il existe incontestablement dans notre « cher et vieux pays » un art d'écrire qui épouse tous les genres : roman au premier chef, mais aussi théâtre, essai, mémoires, récit de voyages et philosophie. Accompagné d'une rédaction prestigieuse, Sébastien Le Fol raconte - pour la vingtaine de titres retenus - comment ils ont été pensés, rédigés, publiés, sans oublier leur réception critique, souvent féroce, précédant leur triomphe et leur sacre par la postérité.
« La littérature a la vertu de nous décentrer. Elle nous projette dans d'autres univers où aller rêver, vibrer, penser. À bien y regarder, elle nous enseigne autant que les sciences humaines, quoique sous des formes moins savantes. La plume du romancier fouille et creuse au plus profond de ce qui fait l'être humain. Le polar nous fait pénétrer dans des univers sociaux méconnus. Le roman historique fait jaillir des personnages là où l'histoire s'en tient aux faits d'archives. Le conte ou la chanson incarnent les dilemmes existentiels et interrogations philosophiques, que tous, petits et grands, se posent sur le sens de la vie. Chacun à leur manière, ils nous confrontent à ce que l'existence compte d'imprévisible, de magique, de magnifique et de tragique. »
Héloïse Lhérété
Ladies & gentlemen, Christopher Hitchens ! Journaliste frénétique, contradicteur-né, polémiste de génie, la légende des lettres britanniques nous donne ici son grand oeuvre : parce qu'il y raconte joyeusement sa vie, qu'il y livre ses pensées les plus décapantes, et parce que sa verve au vitriol nous régale toujours comme aucune autre.
« Savais-tu que j'ai grandi au Congo ? » me disait-elle au début de nos rencontres. « J'ai grandi dans le ventre du Congo... je suis une vieille Congolaise, une fille de l'équateur, des forêts. » Lilyan avait découvert les splendeurs de ce pays en voguant, alors enfant, sur le steamer de son père, ce grand bateau à vapeur à fond plat, avec ses grandes roues. Comme il y en eut sur le Mississippi. Elle était sur le pont en haut, les Noirs en bas avec les marchandises. C'était comme ça, l'habitude. « Je ne savais pas que cette séparation portait un nom : la ségrégation... Je trouvais cela normal. » Est-ce pour expier cette innocente ignorance que cette Belge aux origines ostendaises devint une spécialiste incontournable de la négritude et de sa littérature qui n'intéressait personne dans les années cinquante ? (présentation de l'éditeur)
Depuis l'Antiquité et à travers les continents, l'histoire des librairies est celle de gens de passion qui ont permis aux auteurs de diffuser leurs idées, leurs savoirs, et aux lecteurs de faire provision de culture et de découverte.
En 1915, étudiant en médecine, il est, comme son ami André Breton, mobilisé avec un an d'avance. Dès lors, il va continuellement flirter avec la mort sans jamais renoncer à son goût pour la liberté. Envoyé en Russie en 1917, il assiste de près à la Révolution. Il en rentre marqué pour la vie. Aussi le retrouve-t-on en janvier 1920 parmi les premiers dadaïstes parisiens et ensuite au sein du mouvement surréaliste.
En août 1936, il participe à la bataille des Baléares.
Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, il se cache (il est Juif), puis il traverse à pied les Pyrénées avant de rejoindre l'escadrille Normandie-Niémen.
En 1973 Tom Wolfe inventait l'expression « Nouveau Journalisme » pour désigner ce type de reportage à mi-chemin du récit et du roman. L'auteur de L'Étoffe des héros, lui-même coutumier de cet effacement des frontières entre fiction et non- fiction, théorisait dans l'anthologie réunissant quelques-uns de ces « nouveaux journalistes » (Joan Didion, Norman Mailer, Hunter S. Thompson, Truman Capote, etc.) une écriture qui dans sa forme même se rapprocherait de la littérature mais dont le souci des faits et de leur véracité déterminerait son but : rendre compte du réel, raconter, enquêter, révéler. « Une investigation artistique », écrivait-il, tordant davantage deux termes qui de prime abord semblaient incompatibles.
Plus d'un siècle qu'on lui reproche sur tous les tons d'avoir à vingt ans abandonné la poésie. Or personne ne s'est demandé si ce n'était pas plutôt elle, la poésie, qui s'était dérobée sous ses « semelles de vent », devenue obsolète, désuète, avec ses alexandrins marchant d'un pas militaire à la rime, inapte à rendre compte des prodigieux changements que la technologie et l'industrie, au nom du Progrès, imposaient à la société de son temps. Et le jeune Rimbaud en fut le témoin, qui fut hébergé par Charles Cros, poète et inventeur du phonographe, qui fréquenta Paul Demeny dont le frère Georges fut un des pionniers du cinéma, qui connaissait par Castaner les discussions enflammées du café Guerbois où Monet, Manet, Cézanne, procédaient au dynamitage de l'académisme. « Il faut être absolument moderne », lâche-t-il dans Une saison en Enfer, moins pour s'en convaincre que reprenant un mantra du temps. Et la poésie dans tout ça ? Il s'en était ouvert à Banville, alors grand maître du Parnasse : « Ne va-t-il pas être bientôt temps de supprimer l'alexandrin ? » Avant d'exécuter lui-même la sentence dans les Illuminations. Et à Germain Nouveau qui se proposait de l'accompagner à Londres : « La poésie écrite ne me dit plus rien. Je préfère les voyages. » Et il partit.
J. R.
Tout lecteur s'est un jour inquiété de ceci face à un texte : comment bien lire ? Il est étonnant que personne ne se demande comment mal lire. C'est pourtant loin d'être une évidence. Il faut de l'art, de l'adresse, de la ruse pour pratiquer une mauvaise lecture véritablement inspirée. Une fois cela admis, vous cesserez de faire uniquement de la lecture une expérience de l'interprétation objective, de la collaboration avec le texte, de l'ordre, de la patience, de la concentration. Laissez-vous envahir par vos passions, laissez flotter votre attention, lisez de travers, sautez des pages. C'est ainsi que vous transformerez ce que vous lisez pour le réinventer. Vous en conviendrez alors : la mauvaise lecture est souvent une excellente manière de lire. (présentation de l'éditeur)