Lunapark 2/Hiver 2004-2005

Lunapark 2/Hiver 2004-2005
Collectif
Ed. Lunapark

'Il faut être absolument moderne.'

La formule de Rimbaud s'applique à merveille à la mythique revue Lunapark animée par Marc Dachy, qui connaît une seconde vie depuis 2003 et perpétue l'esprit rebelle des avant-gardes littéraires et artistiques, de Dada à Fluxus. Ici, on prône 'la mondialisation contre la mondialistation'. Le sommaire du n°1 était diversifié: textes signés Antonin Artaud, Jean Arp, John Cage, Brian Gysin, analyse perspicace des Entretiens d'André Breton avec André Parinaud, relecture de la poésie futuriste russe, etc. Celui du n°2, très riche, est constitué de plusieurs 'dossiers' : Dada Berlin, avec des textes de (ou des témoignages relatifs à) Kurt Schwitters, Hannah Höch, Raoul Hausmann ; Gertrude Stein, avec une pièce de théâtre (Ecoutez-moi) escortée par trois essais de Virgil Thomas ; Yves Klein, à partir d'une conversation décisive avec Pierre Restany en décembre 1961. Un auteur contemporain, Eugène Savitzkaya, présente chaque fois un inédit tout frais. Passionnant, revigorant.

Dotremont, un Lapon en Orient

Dotremont, un Lapon en Orient
A. Bertrand Georges
Ed. Didier Devillez

Tout semble avoir été dit sur Christian Dotremont sauf, peut-être, l'essentiel: il était un nomade. Et son oeuvre, indissociable de sa vie, car il a toujours uni les deux en un même élan, fut écriture instable et sinueuse, à mi-chemin entre littérature et peinture.

Christian Dotremont a toujours cherché le mouvement, rejoignant par là les grands thèmes de l'art des nomades venus d'Orient, la courbe, la volute, l'arabesque, au service d'une poésie aventureuse, demandant à être dite plutôt que simplement lue, poésie dessinée sur les grands espaces vides de la Laponie, son désert blanc à lui.

On ne peut que penser à l'Orient en regardant ses logogrammes, dernière métamorphose du Cobra. À un Orient au sens large du terme: à la Chine, par la technique picturale utilisée, par le choix de la philosophie, de ce Vide si important dans le blanc de la Laponie et du papier, support de l'écriture; au monde arabe, par la ressemblance souvent esthétique entre le logogramme et la calligraphie musulmane, mais surtout par les rapports existants entre la parole et l'écriture arabes, n'ayant de sens que dans le mouvement, et l'écriture du logogramme, n'ayant de sens que dans le mouvement de son écriture ou de sa lecture.

L'oeuvre de Christian Dotremont est toujours restée, par sa rigueur, et même dans ses aspects les plus visuels, une recherche verbale-graphique, ne cédant à aucune facilité, suivant une route menant au «non-lieu», quelque part, là-bas, dans «l'intime extrême», d'un Grand-Nord rejoignant l'inaccessible Orient des voyageurs.

Logogramme de couverture: «au texte incertain», s.d.
Présentation de l'éditeur

Carbowaterstoemp et autres spécialités

Carbowaterstoemp et autres spécialités
Gunzig Thomas
Ed. Espace Nord/Nouvelles

Que peuvent bien faire au sein d'un même recueil un assassin qui sait depuis toujours qu'il est assassin mais n'a pas encore tué, une jeune pianiste prometteuse qui s'amourache d'un haltérophile hongrois, un gentil organisateur au corps de rêve en excursion avec des pensionnées, une jeune carriériste-célibataire-frustrée et un plombier ?
Ils sont les héros tout particuliers des nouvelles détonantes de Thomas Gunzig. Un savant dosage d'inventivité, d'humour noir et de cruauté ; un mélange explosif à se mettre sous la dent !
Présentation de l'éditeur

Les antimodernes. De Joseph de Maistre à Roland Barthes

Les antimodernes. De Joseph de Maistre à Roland Barthes
Compagnon Antoine
Ed. Gallimard/Bibliothèque des idées

Qui sont les antimodernes ? Non pas les conservateurs, les académiques, les frileux, les pompiers, les réactionnaires, mais les modernes à contre-coeur, malgré eux, à leur corps défendant, ceux qui avancent en regardant dans le rétroviseur, comme Sartre disait de Baudelaire.

Ce livre poursuit le filon de la résistance à la modernité qui traverse toute la modernité et qui en quelque manière la définit, en la distinguant d'un modernisme naïf, zélateur du progrès.

Une première partie explore quelques grands thèmes caractéristiques du courant antimoderne aux XIXe et XXe siècles. Ces idées fixes sont au nombre de six : historique, la contre-révolution ; philosophique, les anti-Lumières ; morale, le pessimisme ; religieuse, le péché originel ; esthétique, le sublime ; et stylistique, la vitupération. Joseph de Maistre, Chateaubriand, Baudelaire, Flaubert d'un côté, de l'autre Proust, Caillois ou Cioran servent à dégager ces traits idéaux.

Une seconde partie examine quelques grandes figures antimodernes aux XIXe et XXe siècles ou, plutôt, quelques configurations antimodernes majeures : Lacordaire et le groupe de L'Avenir autour de 1830 ; Léon Bloy polémiquant avec l'antisémitisme vers 1892 ; Péguy et le milieu des Cahiers de la quinzaine avant 1914 ; Albert Thibaudet et Julien Benda, maîtres à penser de la NRF de Paulhan entre les deux guerres ; Julien Gracq en délicatesse avec le surréalisme ; enfin, Roland Barthes, «à l'arrière-garde de l'avant-garde», comme il aimait se situer.

Entre les thèmes et les figures, des variations apparaissent, mais les antimodernes ont été le sel de la modernité, son revers ou son repli, sa réserve et sa ressource. Sans l'antimoderne, le moderne courait à sa perte, car les antimodernes ont donné la liberté aux modernes, ils ont été les modernes plus la liberté.
Présentation de l'éditeur

Nephros

Nephros
C. Peeters Edouard
Ed. Castor Astral

' La glorieuse épopée pouvait commencer. J'avais un genou en terre depuis si longtemps devant la grande dune. Pour la franchir ou la contourner. j'attendais le sillage d'une caravane. Et tout à coup, les fils du désert étaient là '. Célibataire ramolli, la trentaine mal sonnée, un job peinard dans une banque bruxelloise, Jacques se retrouve un soir à accueillir un très improbable duo de Libyens et leurs enfants qui, souffrant des reins, ont besoin d'urgence d'une aide médicale spécialisée. Brutalement, le passé et le présent se mettent à faire d'incroyables boucles et son destin bascule, tandis qu'autour de lui se déglinguent de vieux mondes égoïstes et cupides.

Edouard C.Peeters est né à Bruxelles en 1966. Nephros est son premier roman.

Crois-moi

Crois-moi
Fonteneau Pascale
Ed. Labor/Grand Espace Nord

Hélène mène une vie étriquée. Entre son compagnon, poète du dimanche obsédé par la dégradation de son quartier, son amant qui aime la voir défiler en petite tenue et un voisin envahissant atteint d'un délire sécuritaire contagieux, Hélène s'ennuie. Heureusement, un matin, sa soeur l'appelle en pleurs : le cadavre d'un Africain nu encombre sa chambre. Cela ferait un beau début d'histoire.

Fidèle à son humour acide et discrètement humaniste, Pascale Fonteneau propose ici de petits arrangements avec la vie qu'elle connaît par coeur. Moralité : «Pour survivre, il est parfois nécessaire de se raconter des histoires.» Il faut le savoir et ne jamais l'oublier.

Pascale Fonteneau est l'auteur de nombreux récits, parus notamment à la «Série noire» (Gallimard). Elle a aussi écrit une trentaine de nouvelles et des fictions pour la radio. Crois-moi est son neuvième roman.
Présentation de l'éditeur

Les feuilles bleues

Les feuilles bleues
Nicola Marie
Ed. Le Cri

Avant-dire par Gaston Compère

L'Orbieu se traverse à gué, ensuite, c'est la montée difficile par un sentier large qui permet le passage des forestiers et de leur matériel. Une sorte de montée aux cieux en beauté graduelle : les Corbières, cela se distille, les splendeurs ne vous sont pas assénées comme à la Côte d'Azur où, les constructions mises à part, on ne peut que s'extasier. Une forêt de chênes verts ébréchée en dissimule une autre, unie et drue, nourrie d'humus, les samares, akènes volants qui, dirait-on, savent où se déposer, forêt comme hissée vers des sommets, lesquels, quand il a neigé, sont blanchis pour toujours. Ce blanc et ce vert nous escortent sans que jamais la pierre ne les déshonore ou ne les détrône, hormis quelque château-fort, délité comme il se doit, mémoire des hommmes, rappel de la peur des uns pour les autres et de leur vigilance forcenée... On marchait d'un bon pas ; chemin faisant, je me suis bien gardée de signaler à Charles l'appellation de la moindre brindille : il préfère ne pas savoir, il me traite de pédante dès que je cite ; alors, l'arbuste mahonia, l'herbe rue, la lentisque, le cade pointu, le négunda - qui croît au bord de l'Orbieu - ou le genêt à deux faces, bouche cousue, ma fille, le grand homme apprécie le mystère, bien que ses reportages, il les truffait de précisions fatigantes. Oui mais c'était de l'exotisme. Nécessaire à la compréhension de millions de téléspectateurs. Tandis que moi, je compte pour du beurre ! Quand on grimpe, comme nous le faisons, on la boucle !...
Présentation de l'éditeur

Marie Nicolaï, romancière, adaptatrice, essayiste, outre son engagement dans le domaine de l'audiovisuel et de la protection de l'enfance, est aussi membre de plusieurs sociétés littéraires belges et françaises, dont la Société des gens de lettres (Bruxelles, Paris).

Le rideau. Essai en sept parties

Le rideau. Essai en sept parties
Kundera Milan
Ed. Gallimard/Blanche

«Un rideau magique, tissé de légendes, était suspendu devant le monde. Cervantes envoya don Quichotte en voyage et déchira le rideau. Le monde s'ouvrit devant le chevalier errant dans toute la nudité comique de sa prose...

... c'est en déchirant le rideau de la préinterprétation que Cervantes a mis en route cet art nouveau ; son geste destructeur se reflète et se prolonge dans chaque roman digne de ce nom ; c'est le signe d'identité de l'art du roman.»
Présentation de l'éditeur

Ashby suivi de Sur un cheval

Ashby suivi de Sur un cheval
Guyotat Pierre
Ed. Seuil/Fiction & Cie

En 1961 paraissait le premier texte de Pierre Guyotat, Sur un cheval, dans la revue « Écrire », une sorte de récit psychologique sur la généalogie, la découverte du sexe et des sentiments. On retrouve certains personnages de ce premier texte dans le roman Ashby paru en 1964, et alors présenté en ces termes : « Dans le château d'Ashby, au sud de l'Écosse, deux enfants, Angus et Drusilla, explorent 'le vert paradis', non sans y découvrir des chardons maléfiques. Quand, après une séparation, les jeunes gens qu'ils sont devenus se retrouvent, le démon qui les possédait les ressaisit. Mariés, ils font du libertinage une fidélité à eux-mêmes. C'est ainsi que Drusilla connaît plusieurs aventures avec la complicité d'Angus, maintenant Lord Ashby. Ces jeux pervers s'accompagnent de tristesse, de désespoir, de dégoût. Mais le pacte qui lie depuis l'enfance ces époux diaboliques subsiste. Jusqu'à ce que Drusilla s'attaque à un jeune domestique, Edward. Celui-ci répond à ses provocations d'une manière inattendue : c'est un pur. Drusilla voulait nuire : elle se meurt d'amour. L'ange a vaincu le démon. » Ces deux textes des origines sont enfin réédités au moment où l'auteur connaît une forte actualité (biographie, carnets, autoportait).
Présentation de l'éditeur

Louis Capet, suite et fin

Louis Capet, suite et fin
Benoziglio Jean-Luc
Ed. Seuil/Fiction & Cie

Si chacun sait bien que Louis XVI, échappant de justesse à la guillotine, fut par la Convention condamné au bannissement perpétuel, l'on connaît moins, en revanche, les innombrables difficultés rencontrées à l'époque pour trouver au souverain déchu une terre d'exil qui veuille bien le recevoir, et l'on ignore presque tout des raisons qui poussèrent finalement la Suisse à accueillir Louis Capet et à le reléguer à Saint-Saphorien, petite bourgade des bords du Léman, dans un territoire alors possession des baillis de Berne.


Basé sur de nombreuses archives inédites, se lisant comme un vrai livre d'histoires et sur un ton dont la légèreté n'exclut pas le sérieux, ce roman nous révèle donc l'accueil... mitigé que le ci-devant monarque reçut à son arrivée au pays de Vaud, les hôtes... inattendus qui s'en vinrent le visiter, les diverses péripéties... tragicomiques qui, d'octobre 1795 à janvier 1798, marquèrent son séjour forcé dans la région et la fin... logique qu'il y trouva. J.-L. B.


Newsletter