Catherine Pozzi (1882-1934) a grandi dans le giron du Tout-Paris aristocratique et bourgeois de la fin du XIXe siècle. A vingt-cinq ans, elle épouse Edouard Bourdet, auteur de boulevard à succès. En 1920, elle rencontre Paul Valéry et entretient avec lui une liaison presque secrète et pleine de désillusions pendant huit ans. De 1913 à sa mort, elle tient son journal : une quarantaine de cahiers. Son oeuvre, des plus brèves, comprend une nouvelle autobiographique (Agnès, 1927), six Poèmes qui sont parmi les plus hautes réussites de ce genre dans la langue française du XXe siècle, et qui la firent comparer à Louise Labé; et ce Journal dans lequel Catherine Pozzi est venue et brûler tous les instants de sa vie durant plus de vingt années.
Cette robe de mariée-ci ondule comme une chanson de Souchon, acidulée et gracieuse, drôle, singulière, et à la fois étonnamment familière. Elle est tellement légère, elle parviendrait presque à vous faire croire que la chute n'aura pas lieu, que la vie est aussi simple qu'un Guide du Mariage Illustré. Juste un bruissement.
N'est-ce pas la plus jolie façon de parler d'amour ? Ariane Le Fort (Prix Rossel 2003)
Jacques De Decker et Paul Emond signent deux textes : Suzanne à la pomme et Abraham et la femme adultère respectivement.
Ils nous entraînent tous deux dans des univers où la peinture et l'écriture créent un jeu de miroirs singuliers.
L'atmosphère spécifique que ces écrivains, Bruxellois tous les deux, puisent l'un dans le quartier du Sablon, l'autre dans la Grand-Place des années 1920, contribue sans conteste à la saveur de leurs fictions.
Musulman roman. D'un cabanon de zinc où elle est enfermée, la narratrice se souvient. Isolée dans un camp par le simple fait de ses origines musulmanes, elle s'interroge sur ses nombreuses tentatives d'échapper à un tel destin.
Marquée dès l'enfance par la rupture avec sa langue natale, qu'elle parlait en Algérie, elle abandonne volontairement le berbère, tissé dans l'étoffe des contes, pour se réfugier dans la langue française, avec le Petit Poucet pour guide. Ce compagnon d'infortune, figure emblématique d'un récit d'abandon, la ramènera pourtant à la langue de sa mère, et à la complexité de ses origines.
Issue d'une culture dite minoritaire dans l'Islam, cette femme devenue adulte se confronte à une nouvelle violence : le déni de la diversité de celui qu'on noie sous la figure générique de l'Arabe.
Acculée, elle tente une fuite, vers l'étude, puis vers la solitude. Mais la convulsion islamique qui agite le monde la rattrape. Elle se retrouve prisonnière.
Nourrie par la singularité de son identité, Zahia Rahmani prolonge par ce texte puissant et inspiré, à mi-chemin entre prose, poésie et écriture dramatique, la réflexion sur le bannissement qui était la sienne dans Moze, son premier livre. Cette femme condamnée - son semblable ou son double - témoigne de l'injonction faite à ceux qui sont nés de parents musulmans de coller à une identité prédéterminée et dessine les contours d'une figure de paria à venir, le «Musulman».
Ce livre dit avec force et légitimité l'urgence à faire entendre d'autres voix sur la question du «Musulman».
Présentation de l'éditeur
Préface de Michel Butor
Dessins, gravures, peintures, près de quatre-vingt-dix oeuvres graphiques de l'écrivain Georges Perros sont rassemblées dans cet ouvrage.
Des dessins d'écrivains ? Prenons garde de ne pas trop vite les cataloguer, de ne pas les laisser basculer dans l'anecdotique ; ici la démarche artistique est patente. Perros cherche, invente, expérimente, avec plus ou moins de bonheur, et construit peu à peu une oeuvre qui reste à découvrir.
Présentation de l'éditeur
'Il faut être absolument moderne.'
La formule de Rimbaud s'applique à merveille à la mythique revue Lunapark animée par Marc Dachy, qui connaît une seconde vie depuis 2003 et perpétue l'esprit rebelle des avant-gardes littéraires et artistiques, de Dada à Fluxus. Ici, on prône 'la mondialisation contre la mondialistation'. Le sommaire du n°1 était diversifié: textes signés Antonin Artaud, Jean Arp, John Cage, Brian Gysin, analyse perspicace des Entretiens d'André Breton avec André Parinaud, relecture de la poésie futuriste russe, etc. Celui du n°2, très riche, est constitué de plusieurs 'dossiers' : Dada Berlin, avec des textes de (ou des témoignages relatifs à) Kurt Schwitters, Hannah Höch, Raoul Hausmann ; Gertrude Stein, avec une pièce de théâtre (Ecoutez-moi) escortée par trois essais de Virgil Thomas ; Yves Klein, à partir d'une conversation décisive avec Pierre Restany en décembre 1961. Un auteur contemporain, Eugène Savitzkaya, présente chaque fois un inédit tout frais. Passionnant, revigorant.
Tout semble avoir été dit sur Christian Dotremont sauf, peut-être, l'essentiel: il était un nomade. Et son oeuvre, indissociable de sa vie, car il a toujours uni les deux en un même élan, fut écriture instable et sinueuse, à mi-chemin entre littérature et peinture.
Christian Dotremont a toujours cherché le mouvement, rejoignant par là les grands thèmes de l'art des nomades venus d'Orient, la courbe, la volute, l'arabesque, au service d'une poésie aventureuse, demandant à être dite plutôt que simplement lue, poésie dessinée sur les grands espaces vides de la Laponie, son désert blanc à lui.
On ne peut que penser à l'Orient en regardant ses logogrammes, dernière métamorphose du Cobra. À un Orient au sens large du terme: à la Chine, par la technique picturale utilisée, par le choix de la philosophie, de ce Vide si important dans le blanc de la Laponie et du papier, support de l'écriture; au monde arabe, par la ressemblance souvent esthétique entre le logogramme et la calligraphie musulmane, mais surtout par les rapports existants entre la parole et l'écriture arabes, n'ayant de sens que dans le mouvement, et l'écriture du logogramme, n'ayant de sens que dans le mouvement de son écriture ou de sa lecture.
L'oeuvre de Christian Dotremont est toujours restée, par sa rigueur, et même dans ses aspects les plus visuels, une recherche verbale-graphique, ne cédant à aucune facilité, suivant une route menant au «non-lieu», quelque part, là-bas, dans «l'intime extrême», d'un Grand-Nord rejoignant l'inaccessible Orient des voyageurs.
Logogramme de couverture: «au texte incertain», s.d.
Présentation de l'éditeur
Que peuvent bien faire au sein d'un même recueil un assassin qui sait depuis toujours qu'il est assassin mais n'a pas encore tué, une jeune pianiste prometteuse qui s'amourache d'un haltérophile hongrois, un gentil organisateur au corps de rêve en excursion avec des pensionnées, une jeune carriériste-célibataire-frustrée et un plombier ?
Ils sont les héros tout particuliers des nouvelles détonantes de Thomas Gunzig. Un savant dosage d'inventivité, d'humour noir et de cruauté ; un mélange explosif à se mettre sous la dent !
Présentation de l'éditeur
Qui sont les antimodernes ? Non pas les conservateurs, les académiques, les frileux, les pompiers, les réactionnaires, mais les modernes à contre-coeur, malgré eux, à leur corps défendant, ceux qui avancent en regardant dans le rétroviseur, comme Sartre disait de Baudelaire.
Ce livre poursuit le filon de la résistance à la modernité qui traverse toute la modernité et qui en quelque manière la définit, en la distinguant d'un modernisme naïf, zélateur du progrès.
Une première partie explore quelques grands thèmes caractéristiques du courant antimoderne aux XIXe et XXe siècles. Ces idées fixes sont au nombre de six : historique, la contre-révolution ; philosophique, les anti-Lumières ; morale, le pessimisme ; religieuse, le péché originel ; esthétique, le sublime ; et stylistique, la vitupération. Joseph de Maistre, Chateaubriand, Baudelaire, Flaubert d'un côté, de l'autre Proust, Caillois ou Cioran servent à dégager ces traits idéaux.
Une seconde partie examine quelques grandes figures antimodernes aux XIXe et XXe siècles ou, plutôt, quelques configurations antimodernes majeures : Lacordaire et le groupe de L'Avenir autour de 1830 ; Léon Bloy polémiquant avec l'antisémitisme vers 1892 ; Péguy et le milieu des Cahiers de la quinzaine avant 1914 ; Albert Thibaudet et Julien Benda, maîtres à penser de la NRF de Paulhan entre les deux guerres ; Julien Gracq en délicatesse avec le surréalisme ; enfin, Roland Barthes, «à l'arrière-garde de l'avant-garde», comme il aimait se situer.
Entre les thèmes et les figures, des variations apparaissent, mais les antimodernes ont été le sel de la modernité, son revers ou son repli, sa réserve et sa ressource. Sans l'antimoderne, le moderne courait à sa perte, car les antimodernes ont donné la liberté aux modernes, ils ont été les modernes plus la liberté.
Présentation de l'éditeur
' La glorieuse épopée pouvait commencer. J'avais un genou en terre depuis si longtemps devant la grande dune. Pour la franchir ou la contourner. j'attendais le sillage d'une caravane. Et tout à coup, les fils du désert étaient là '. Célibataire ramolli, la trentaine mal sonnée, un job peinard dans une banque bruxelloise, Jacques se retrouve un soir à accueillir un très improbable duo de Libyens et leurs enfants qui, souffrant des reins, ont besoin d'urgence d'une aide médicale spécialisée. Brutalement, le passé et le présent se mettent à faire d'incroyables boucles et son destin bascule, tandis qu'autour de lui se déglinguent de vieux mondes égoïstes et cupides.
Edouard C.Peeters est né à Bruxelles en 1966. Nephros est son premier roman.