Kétala

Kétala
Diome Fatou
Ed. Flammarion

Lorsque quelqu'un meurt, nul ne se soucie de la tristesse de ses meubles.

Que restera-t-il de nous ? Peut-être des souvenirs, magnifiés, interprétés, réinterprétés ou, pire, falsifiés. Inanimés, nos meubles, nos habits, nos objets familiers jalonnent le sillage de notre vie. Ils sont les témoins silencieux de nos joies et peines.

Pourtant, lorsque quelqu'un meurt, nul ne se soucie de la tristesse de ses meubles.

Le Kétala, le partage de l'héritage, disperse tout ce que possédait celui ou celle qui n'est plus. Attristés par leur séparation imminente, des meubles et divers objets cherchent un moyen d'éviter l'éparpillement des traces de Mémoria, leur défunte et aimée propriétaire. Masque propose à ses compagnons d'infortune une stratégie fondée sur la parole : «Je viens d'une civilisation où les hommes se transmettent leur histoire familiale, leurs traditions, leur culture, simplement en se les racontant, de génération en génération [...] Comme nous ne pourrons pas empêcher les humains de nous disperser, je propose que chacun de nous raconte aux autres tout ce qu'il sait de Mémoria. Ainsi, pendant les six nuits et les cinq jours qui nous séparent du kétala, nous allons tous, ensemble, reconstituer le puzzle de sa vie [...] On ne peut pas toujours emmener les siens avec soi, mais on part toujours avec sa mémoire.»

Écrit dans une langue belle et musicale, Kétala est un roman virtuose.
Présentation de l'éditeur

Le vol de la mésange

Le vol de la mésange
Maspero François
Ed. Seuil

«Il se souvint soudain d'autres oiseaux, très lointains dans sa mémoire. Où était-ce? Là-bas, sur cette autre île aux portes de l'océan qu'il avait quittée dans la brume et où il n'était jamais revenu. La chambre où Claire et lui s'étaient réchauffés l'un contre l'autre comme des enfants égarés, le passage régulier du faisceau du grand phare à travers les volets, l'appel de la corne de brume, les oiseaux qui avaient cogné à la fenêtre à leur réveil. La nouvelle entendue à la radio, la fin du combat, la défaite, la mort, très loin, sur un autre continent. Et son désespoir, son amertume, son sentiment que rien ne serait plus comme avant, et que peut-être ça ne valait plus la peine de rien écrire. Pourtant il avait continué. Témoin, toujours témoin. Tout restait toujours possible, s'était-il acharné à répéter, à se répéter au long de tant d'années. Désir acharné d'espérance. Il entendit un froissement d'ailes. L'ombre était tombée sur la terrasse et la dernière mésange s'était envolée.»

Une succession de récits où se croisent et se répondent des personnages déjà rencontrés dans d'autres livres de François Maspero, du Sourire du Chat à La Plage Noire. Et qui forment au fil des ans comme la chronique d'une traversée de plus d'un demi-siècle.
Présentation de l'éditeur

Excusez les fautes du copiste

Excusez les fautes du copiste
Polet Grégoire
Ed. Gallimard/Blanche

«L'art, le Grand Art, ne m'avait jamais accueilli. Mais bientôt, des visiteurs du monde entier m'admireraient sans le savoir derrière le nom de Magritte, de Delvaux, et de tant d'autres.»

Un artiste inaccompli, menant une vie solitaire sur les sables du Nord, va se révéler, par un enchaînement de circonstances presque fortuites, un faussaire génial et prolixe...

Ce bref roman, mené de main de maître, nous convie à une réflexion pleine d'une ironie mélancolique sur l'art, la vérité et le mensonge.
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Ponts flottants

Ponts flottants
Réda Jacques
Ed. Gallimard/Blanche

Ce livre, qui n'est pas un roman, se trouve pourtant animé par deux principaux personnages. Le premier (il conduit à l'autre) est l'espace acrobate qui s'accommode des plus diverses situations. On le verra par exemple circuler sur des chemins en Bourgogne ou dans un faubourg de Bordeaux, près des ruines de Palmyre ou par les rues de Londres, entre des hôtels du Marais ou des villas de banlieue, voire dans une cage d'escalier, et là où l'on ne sait plus l'évaluer qu'en unités astronomiques déclenchant des hémorragies de zéros.

L'autre personnage est le temps. Il n'y a que lui véritablement qui marche, et sans arrêt, droit devant soi à travers même les éléments dont quelques litres de liquides et quelques pincées de minéraux nous constituent. Il s'écoule, dit-on. J'ai voulu alors remonter vers sa source et, en jetant çà et là des ponts plutôt flottants (toujours grâce à l'espace où gisent les pierres, poussent les arbres, ruissellent les eaux, sinuent les routes, passent les amours), tâcher de voir de quoi il retourne.

Je rapporte ici ce que j'ai vu, imaginé peut-être. Mais l'imaginaire contient souvent une petite part de possible, et le possible, de réel qui n'a pas pris corps, en tout cas dans l'espace. Ni dans le temps - et il a fallu quelque peu élever le ton avec cet interlocuteur coriace. Je ne m'avoue pas battu. J. R.

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Une belle mort

Une belle mort
Courtemanche Gil
Ed. Denoël

Rassemblés un soir de Noël dans la grande maison familiale, Géraldine la banquière, Julie la tragédienne, Bernard le géographe, Mireille l'homéopathe, Lise l'infirmière, Claude l'enseignant s'abandonnent avec le narrateur au spectacle tragi-comique de leurs parents en fin de course : une mère qui s'amenuise, un père privé de mots par le parkinson... Hypnotisés par la souffrance du père, dictateur déchu que tourmentent d'implacables interdits alimentaires, les enfants apprivoisent, sous l'impulsion d'un jeune neveu fou d'échecs, une idée scandaleusement salvatrice. Et si, plutôt que de vieillir sans vivre, il était mieux d'en finir un peu plus vite ? De tuer les parents à coups de foie gras, d'alcool et d'émotions ? Une sorte de meurtre gastronomique pour les mener joyeusement à la tombe...

À travers cette méditation acide et tendre sur la disparition inconcevable de ceux qui nous ont donné la vie, Gil Courtemanche touche le nerf de nos destinées humaines. Transcendant avec humour tous les tabous, il nous séduit par une pensée merveilleusement inattendue et salubre de la mort.
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J'étais derrière toi

J'étais derrière toi
Fargues Nicolas
Ed. POL/Blanche

C'est dans la trentaine que la vie m'a sauté à la figure. J'ai alors cessé de me prendre pour le roi du monde et je suis devenu un adulte comme les autres, qui fait ce qu'il peut avec ce qu'il est. J'ai attendu la trentaine pour ne plus avoir à me demander à quoi cela pouvait bien ressembler, la souffrance et le souci, la trentaine pour me mettre, comme tout le monde, à la recherche du bonheur. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je n'ai pas connu de guerre, ni la perte d'un proche, ni de maladie grave, rien. Rien qu'une banale histoire de séparation et de rencontre.
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L'homme qui a vu l'ours

L'homme qui a vu l'ours
Rolin Jean
Ed. POL/Blanche

L'homme qui a vu l'ours rassemble des reportages et d'autres articles publiés par Jean Rolin dans différents journaux entre 1980 et 2005. On y trouve aussi bien des considérations sur les tigres mangeurs d'hommes du delta du Gange, que sur la démolition des pétroliers géants, le siège de Sarajevo, un voyage en cargo pendant la première guerre du golfe, la pêche au pouce-pied à Belle-Île, la remontée du fleuve Congo, ou les avantages et les inconvénients d'habiter un immeuble conçu par Jean Nouvel.
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C'était mon frère. Théo et Vincent Van Gogh

C'était mon frère. Théo et Vincent Van Gogh
Perrignon Judith
Ed. Iconoclaste

«J'ai pensé dire quelques mots. Mais je n'ai pas pu, j'ai bafouillé des remerciements, rien de plus. Le docteur Gachet s'en est chargé. Il pleurait, lui aussi. Il a dit l'essentiel. Que tu étais un homme honnête, un grand artiste, qu'il n'y avait que deux buts à ta vie, l'humanité et l'art. Et que c'est l'art que tu chérissais au-dessus de tout, qui te ferait vivre encore. Moi, simple marchand des peintres morts et trop peu des vivants, je ne sais rien de ce présage. J'aurais voulu ajouter : c'était mon frère.»

Ce livre est né en rapprochant deux dates.

Juillet 1890 : mort de Vincent van Gogh.

Janvier 1891 : mort de son frère Théo, à 34 ans.

Théo n'a pas survécu plus de six mois.

Une fin d'été, un automne, un début d'hiver...

Au jeune frère, Judith Perrignon a emprunté sa voix et ses souvenirs pour écrire une histoire en forme de compte à rebours, un court moment où le nom de Vincent van Gogh évoque un frère, un fils, un ami, un peintre parmi d'autres, un gars un peu spécial, mais pas encore un mythe.
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Du livre et de la culture

Du livre et de la culture<br />
Jouanard Gil
Ed. Joëlle Losfeld

«Il n'y a pas plus de culture populaire que de culture élitaire : il y a des oeuvres qui exhaussent, élèvent, transcendent, embellissent, d'autres qui diminuent, rabaissent, avilissent... Le comble du malentendu, ou de la lâcheté ambiante, c'est que nombre de moyens de communication et de divulgation ont fait avec cynisme le choix de promouvoir à outrance le populisme culturel [...] Le livre, quand il se tient dans l'espace spécifique de sa vocation intrinsèque, est encore cet objet de sens et de pressentiment qui véhicule le meilleur de ce que l'humanité a à se proposer à elle-même.»
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Petits crimes contres les humanités

Petits crimes contres les humanités
Christin Pierre
Ed. Métailié/Noir

Salles de cours fermées, sans clé, ou sans électricité, ou sans chaises, ou sans prof, ou sans étudiants, ou sans rien... Préfabriqués provisoires devenus définitifs, bibliothèques barricadées, ordinateurs détraqués, cafet' pourrie, gazon râpé... On est sur le campus d'une modeste université de province, où la fac de lettres et sciences humaines devient soudain la cible d'e-mails aussi vengeurs qu'anonymes. Un vieux professeur émérite d'histoire de l'art en est la première victime. D'autres suivront.

Pour Simon, jeune agrégé employé sur un demi-poste d'assistant temporaire, des compétences jusqu'alors purement livresques vont devoir s'appliquer de façon pratique à un petit monde universitaire zébré par des stratégies contradictoires. Un legs somptueux de l'éminent défunt suscite en effet les convoitises des mandarins locaux, aussi bien que l'attention un peu trop soutenue des caciques du ministère de l'Éducation nationale.

Dans la lignée de D. Lodge et A. Lurie, P. Christin dépeint le milieu universitaire français tel qu'il est, avec un humour mêlé d'affection et de colère devant l'effarant délabrement de l'institution.
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