'Georges est arrivé avec un gros gâteau. Il est entré dans la pièce, précédé de Paul, qui était allé lui ouvrir, et a posé le carton sur la table où les verres étaient disposés pour l'apéritif. C'est après qu'il nous a salués, William et moi, une fois débarrassé de son carton qu'il avait tenu devant lui à deux mains, comme si, de la pâtisserie où il l'avait acheté jusqu'à l'appartement, il l'avait déplacé tel quel, à seule fin de le poser sur la table.'
Quelques jours après le dîner au cours duquel cinq amis ont fixé la destination de leurs vacances d'été, des événements parfois ambigus viennent perturber leur existence : Georges (qui vient d'être quitté) tombe amoureux, William (qui habite en face d'un hôpital) fait une embolie pulmonaire, Paul et Louise envisagent de se séparer (mais pas avant la fin des vacances) et Jean apprend qu'il attend un enfant (d'une femme qu'il n'aime pas). Le projet de départ n'en est pas moins maintenu, auquel on n'ose plus trop faire allusion.
Le désordre semble être le moteur de ce roman où le passage du temps inquiète, où la mort et l'humour rôdent, où ce qui advient oblige à des glissements, à des aménagements, à des choix opérés dans l'urgence. Christian Oster saisit ses personnages à l'instant précis où leur vie bascule et les précipite face à eux-mêmes.
Comment fait-on à 18, 30, 40 ou 50 ans, pour changer le cours de son existence, atteindre l'apaisement, conquérir le bonheur et peut-être même l'amour ? Dans son cinquième roman, Pascal Morin fait fi de toute résignation : ce conte moral nous entraîne dans une ronde lumineuse, à la suite d'une série de personnages saisis à un moment décisif de leurs vies.
Au centre de la ronde, Catherine Tournant, élégante prof divorcée un rien perfectionniste, dont la rencontre avec un jeune plombier black, Dimitri Diop, puis avec son père, va la confronter à ses préjugés. Comment Natacha Jackowska, élève médiocre de banlieue, peut-elle conquérir les codes de la branchitude parisienne, travailler pour Jérôme Lesdiguières, styliste gay, et faire lien avec Eve-Marie Saada, psychanalyste fragilisée par la quarantaine ? Dans cet entremêlement de destins, Pascal Morin défie les clichés actuels sur la solitude contemporaine. Avec humour et bienveillance, Comment trouver l'amour... introduit de la magie dans ces existences minuscules qui sont les nôtres.
Derrière la Thaïlande du sourire, des plages et des massages, il existe une Thaïlande noire, violente, où la drogue est répandue et l'emprisonnement aisé. La corruption y est reine et les tensions religieuses embrasent des régions entières.
Dans ces provinces, l'armée a pour mission d'étouffer la montée d'un islam jugé inférieur par les dirigeants majoritairement bouddhistes, une mission qui, en quelques années, a causé des milliers de morts…
Le narrateur de ce roman, un Français, vit à Bangkok où il dirige une société de retouches photographiques. Chaque jour, il manipule des photos publicitaires mais également politiques, donc sensibles.
Alors qu'il se retrouve plongé, en raison de son métier, dans la violence du pays, un drame intime, survenu pendant son enfance, ressurgit vingt ans après et mêle une vengeance personnelle à la noirceur de Bangkok.
Un grand roman, furieux et captivant, qui s'éloigne des cartes postales pour mieux sonder les mensonges d'un pays et nous entraîner sur les chemins détournés de la vérité.
Ancien chirurgien du coeur, il y a longtemps qu'Octave Lassalle ne sauve plus de vies. À quatre-vingt-dix ans, bien qu'il n'ait encore besoin de personne, Octave anticipe : il se compose une « équipe ». Comme autour d'une table d'opération - mais cette fois-ci, c'est sa propre peau qu'il sauve. Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre « accompagnateurs » choisis avec soin. Chacun est porteur d'un élan de vie aussi fort que le sien, aussi fort retenu par des ombres et des blessures anciennes. Et chaque blessure est un écho.
Dans le geste ambitieux d'ouvrir le temps, cette improbable communauté tissée d'invisibles liens autour d'indicibles pertes acquiert, dans l'être ensemble, l'élan qu'il faut pour continuer. Et dans le frottement de sa vie à d'autres vies, l'ex-docteur Lassalle va trouver un chemin.
Jeanne Benameur bâtit un édifice à la vie à la mort, un roman qui affirme un engagement farouche. Dans un monde où la complexité perd du terrain au bénéfice du manichéisme, elle investit l'inépuisable et passionnant territoire du doute. Contre une galopante toute-puissance du dogme, Profanes fait le choix déterminé de la seule foi qui vaille : celle de l'homme en l'homme.
On peut résumer Plein présent de diverses façons :
C'est l'histoire d'un échec amoureux raconté par une jeune fille à quatre autres. Chacune en donne une interprétation différente. Un mythe est un récit qui connaît plusieurs versions. Le garçon qui suscite cet amour n'en serait-il pas un ?
C'est l'histoire d'une vengeance entraînant une intrigue qui nous mène en bateau et emporte dans son sillage une vieille et célèbre poétesse, un jeune Paraguayen, des individus aussi extravagants que peu recommandables.
C'est l'histoire des événements politiques qui le balisent : la guerre d'Algérie vue d'en France, du putsch des généraux en Algérie le 23 avril 1960 à la manifestation de Charonne le 8 février 1962, en passant ou plutôt en s'arrêtant sur le massacre des Algériens le 17 octobre 1961. Avec, en prime, un peu d'Espagne de Franco, refuge de l'OAS. Une autre façon de le raconter est celle du livre lui-même dans ce qu'il a de plus intime : l'amitié créatrice entre ces cinq filles, toutes différentes, contradictoires, qui se construisent les unes par les autres. Livre sur la joie d'exister et la difficulté d'être un homme, roman des personnages et d'un élan qui, s'il a pris source dans le passé, demeure plein présent.
N. M.
«Mais regardant cet homme au milieu des rires et des chansons, comme un chêne dans son feuillage ; ce danseur crucifié à côté de la piste, ce père que j'ai craint comme l'orage et que j'ai fui pour ne pas avoir à le détester, je me dis qu'il y a pire douleur que tous les arbres de la forêt abattus, tous les massacres en images, c'est de voir un homme en silence qui pleure.»
Simon, le narrateur d'Un été autour du cou, devenu adulte, recompose le passé de son père et l'histoire de ce qui les a si longtemps séparés. Devant le cercueil de cet homme qu'il n'a pas vu mourir, Simon se souvient d'un père rude, exigeant, incapable d'exprimer son affection, dont il aura attendu en vain un geste, un mot capable de lui donner confiance. Comment retrouver la tendresse de l'amour qu'on croyait perdu ?
« Dans ce livre, il est question d'une vie brève. Pas de celle d'un inconnu choisi au hasard, parce que j'aurais vu sa photo, son sourire, dans un vieux journal, mais de celle de mon père, Maurice Audin.
Peut-être avez-vous déjà croisé son nom. Peut-être avez-vous entendu parler de ce que l'on a appelé 'l'affaire Audin'.
Ou peut-être pas.
Je le dis d'emblée, ni le martyr, ni sa mort, ni sa disparition ne sont le sujet de ce, livre.
C'est au contraire de la vie, de sa vie, dont toutes les traces n'ont pas disparu, que j entends vous parler ici. »
Cet hiver, la pluie tombe du ciel. Tous les jours. Parfois le matin, souvent l'après-midi. La nuit aussi. La Seine commence à monter, elle grossit, elle gonfle vers ses berges, elle se soulève entre ses quais. Elle enfle sous les ponts tandis que les travaux du chantier ouvrent des tranchées de boue. Les engins s'enfoncent. Ils creusent. Ils descendent. Ils abaissent le sol des Halles.
Pourtant, dès que la chaleur d'une petite flamme se dresse dans la cheminée, sa lueur éclaire le foyer. Aussitôt, il faut descendre chercher du bois en ville pour entretenir le feu. Pour qu'il dure. Pour qu'un peu de fumée claire s'élance vers le conduit. Et monte vers le ciel.
Un jour, je me suis réveillé avec une inexplicable douleur dans le dos.
Je pensais que cela passerait, mais non.
J'ai tout essayé...
J'ai été tour à tour inquiet, désespéré, tenté par le paranormal.
Ma vie a commencé à partir dans tous les sens.
J'ai eu des problèmes au travail, dans mon couple, avec mes parents, avec mes enfants.
Je ne savais plus que faire pour aller mieux...
Et puis, j'ai fini par comprendre.
Un festival culturel rassemble pendant huit jours en Inde quatre Français, deux hommes et deux femmes, qui ne se connaissent pas. Une surprise attend chacun d'eux et les confronte avec leur passé. Cette semaine bouleverse leur vie.
De Delhi à Kovalam, dans le Sud, ils voyagent dans une Inde sur le qui-vive où, juste un an après les attentats de Bombay, se fait partout sentir la menace terroriste. Une Inde où leur jeune accompagnateur indien déclare ouvertement sa haine des États-Unis. Une Inde où n'ont pas cours la légèreté et la raison françaises, où la chaleur exacerbe les sentiments, où le ciel avant l'orage est couleur indigo.
Tout en enchaînant les événements selon une mécanique narrative précise et efficace, ce nouveau roman de Catherine Cusset nous fait découvrir une humanité complexe, tourmentée, captivante.