L'amour sans visage suivi de Les lettres du père

L'amour sans visage suivi de Les lettres du père
Waysbord Hélène
Ed. Christian Bourgois

« L'Amour sans visage est un récit autobiographique dont la structure est un peu comme celle d'un manège où tout tourbillonne. L'impulsion initiale est donnée par un événement dramatique et ineffaçable : à la sortie de l'école, un jour d'octobre 1942, c'est une autre main que celles de ses parents (« partis en voyage », lui dira-t-on) qui se saisit de celle d'une petite fille, et pour elle aussitôt, elle le comprend, tout bascule.
Sauvée elle passera la guerre dans un village de l'ouest, où ceux qui l'ont recueillie tiennent un café. Cette plongée dans la campagne de la France occupée, et ce qui lui fera suite, dans la prime jeunesse comme à l'âge adulte, tout repose sur un puits de silence - celui où ses parents ont disparu : le mouvement de ce livre est justement d'aller puiser à cette eau, de remonter de l'oubli vers la mémoire. »
Jean-Christophe Bailly

En numérique chez Tropismes : L'amour sans visage suivi de Les lettres du père

Marée basse marée haute

Marée basse marée haute
Pontalis Jean-Bertrand
Ed. Gallimard

«Chaque été, je passe mes vacances au bord de la mer – c’est une nécessité pour moi – et chaque jour je consulte l’horaire des marées. Basse mer, pleine mer, marée basse, marée haute, marée montante, marée descendante, grande marée. Ces mots, à eux seuls, me donnent à rêver.
Quand la mer se retire, je vois des estivants, parents et enfants, s’avancer sur la plage qui s’allonge mètre après mètre jusqu’à rendre la mer au loin à peine perceptible, elle se confond avec le ciel. Ils vont à la recherche de coquillages.
Je me dis que ces coquillages, ces coques, ces palourdes, ces moules en grappes, ces bouts de bois rongés par le sel marin, ces morceaux de corde tombés d’un bateau de pêche, figurent ce qui est déposé dans ma mémoire : de petits restes – comme ils me sont précieux! – qui seront tout à l’heure recouverts par la marée haute mais qui réapparaîtront, ceux-là ou d’autres, quand la mer de nouveau se retirera.
Marée basse, marée haute, cette alternance est à l’image de ma vie, de toute vie peut-être.
La vie s'éloigne, mais elle revient.»

En numérique chez Tropismes : Marée basse marée haute

A la demande générale

A la demande générale
Blanchard André
Ed. Dilettante

« André Blanchard nous livre son secret : 'Être écrivain, c'est croire que tout peut finir en mots, et le doit, sinon ce serait invivable.' Un styliste n'a rien à raconter d'autre que son style. Son sacerdoce consiste à tordre les lieux communs, à changer les mots pour franchir les mêmes étapes que ses prédécesseurs. [...] Blanchard parvient à être un écrivain pauvre, maudit et provincial sans devenir bigot comme Bobin, fade comme Delerm ou prétentieux comme Michon. Il prouve que l'on peut être diariste sans être nombriliste. [...] Ni fielleux, ni bilieux, il joue jusqu'au bout du rouleau la partition du désespoir gai, du nihilisme fugueur. Il est rare qu'on sente autant, en pleine lecture, la chance qu'on a d'être un lecteur. Le stylo d'André Blanchard est une baguette magique qui réveille les critiques blasés : tiens ? Il existe encore des livres comme ça ? Une mélancolie aussi élégante ? Une liberté aussi nonchalante ?

Réac sans être grincheux, ce misanthrope observe paisiblement la fin d'un monde, la disparition d'un savoir-vivre français qui était surtout un vouloir-vivre. Il en profite pour moissonner les phrases, narrer l'histoire d'un lent crépuscule, celui d'un Art qui disparaît. »
Frédéric Beigbeder extrait de Premier bilan après l'apocalypse,
Grasset, 2011

Des librairies qui tirent le rideau, d'autres où il n'y a pas un chat - à part celui qui orne une couverture familière-, ainsi va la pente.

L'air du temps harcèle à ce point les esprits pour qu'ils se divertissent loin des anciennes routes, des belles habitudes, que, bientôt, cela va devenir une tare de parler littérature, de la mettre en avant.

Que les livres fassent tapisserie, et alors ? N'ayons pas froid aux yeux :

- Draguons-les ! André Blanchard

Portrait de l'artiste en jeune chien

Portrait de l'artiste en jeune chien
Thomas Dylan
Ed. Points

«Toutes les biographies sont absurdes. Avec la mienne, on pourrait faire rire un chat.» Grosses galoches aux pieds, casquette écarlate vissée sur la tête pour dissimuler un oeil poché, Dylan Thomas déambule dans les rues de Swansea. Il n'a pas encore quinze ans et déclame des vers. La vie n'est alors que promenades et jeux dans les profondeurs touffues des ravines... Plus tard viendront l'alcool et la déchéance. Chef-d'oeuvre de l'autobiographie lyrique, ce recueil mêle souvenirs d'enfance et récits de vie des habitants du Pays de Galles.

Avec plaisir, François

Avec plaisir, François
Le Fort Ariane
Ed. Seuil

Marie, professeur d'histoire de l'art à Bruxelles, est tombée amoureuse d'un mécanicien qui vit à l'autre bout du monde. Cette liaison insolite n'est pas le seul événement de sa vie : son père, François, lui avoue qu'il a un amant et sa mère, loin de vouloir divorcer, semble prête à accepter ce tardif coming out.

Au carrefour de toutes les confidences, Marie va devoir mener de front la nouvelle donne familiale : la fragilité de son lien pourtant passionnel avec son amant, les préjugés de son frère embourgeoisé, la solitude de sa mère et le nouveau visage que lui offre son vieux père, soudain rajeuni par un amour inattendu et exposé en plein jour.

Sur un ton léger mais non dénué de profondeur psychologique, l'auteur nous fait partager, avec humour et émotion, les étrangetés d'une vie moderne, où tragédies et cocasseries se côtoient.

En numérique chez Tropismes : Avec plaisir, François

Pour trois couronnes

Pour trois couronnes
Garde François
Ed. Gallimard

Dans le bureau de feu Thomas Colbert, un magnat du commerce maritime, Philippe Zafar, le jeune préposé au classement des archives, découvre un bref texte manuscrit, fort compromettant pour celui qui s'en avérerait l'auteur.

Aveux déguisés du défunt ? Exercice littéraire sans conséquence ? Philippe Zafar se lance dans une enquête qui va vite prendre une dimension à laquelle rien ne l'avait préparé.

On retrouve dans ce roman d'aventures, déployé sur un siècle et trois continents - de l'Amérique du Nord aux tropiques -, l'écriture vive et talentueuse de François Garde dont le précédent livre, Ce qu'il advint du sauvage blanc, a été récompensé par huit prix littéraires, parmi lesquels le prix Goncourt du premier roman.

En numérique chez Tropismes : Pour trois couronnes

Lettres à des photographies

Lettres à des photographies
Baron Supervielle Silvia
Ed. Gallimard

Quelques photos sauvées de l'oubli, disposées près de la table de travail de Silvia Baron Supervielle, sont le point de départ de ces lettres bouleversantes, adressées à une mère disparue très tôt. Ces missives tentent d'imaginer la vie trop brève de la mère de l'écrivain. Son physique, ses origines, son mariage sont évoqués, conjurés même par Silvia Baron Supervielle afin de mieux la comprendre, et de lui rendre justice. Car après le remariage du père, l'évocation de sa mémoire est interrompue. La jeune Silvia quitte l'Argentine - où, peut-être, une douleur trop forte l'empêche de vivre pleinement - pour devenir écrivain et poursuivre ce dialogue jamais suspendu avec sa mère. Les cent soixante lettres rassemblées ici sont l'aboutissement poétique et biographique de ce cheminement, comme une façon de racheter un silence imposé autour d'une blessure existentielle trop vive.

Jours de pouvoir

Jours de pouvoir
Le Maire Bruno
Ed. Gallimard

De 2010 à 2012, Bruno Le Maire est ministre de l'Agriculture dans le gouvernement de François Fillon. Jour après jour, il sillonne la France, rencontre un monde rural en crise, cherche des solutions. Il multiplie aussi les négociations européennes. Enfin il parcourt la planète pour préparer le G20 agricole. Ces déplacements multiples lui donnent une vision nouvelle des rapports de forces internationaux et de la place du pouvoir politique.

À mesure que le scrutin de mai 2012 se rapproche, le portrait de Nicolas Sarkozy se fait plus intime, plus précis, il révèle un homme inconnu du grand public, confronté aux contraintes de la réalité. Dans un contexte globalisé, que peut changer le président de la République ? Quel est son pouvoir ? Quelles sont ses marges de manoeuvre ? Ce sont toutes ces vérités que Bruno Le Maire nous montre de manière saisissante. Son regard singulier nous fait découvrir un monde politique différent et neuf.

En numérique chez Tropismes : Jours de pouvoir

Les jours vivants

Les jours vivants
Devi Nirsimloo Ananda
Ed. Gallimard

« On pouvait l'aimer, cette ville, et en mourir. Aimer ses étoiles absentes et son ciel de ciment. »

À Portobello Road, une vieille femme, Mary Grimes, s'accroche à ses dernières certitudes et au souvenir de Howard, son amour de jeunesse depuis longtemps disparu. Le monde qu'elle devine derrière ses portes closes ne lui appartient plus : elle fait désormais partie des invisibles. Une rencontre avec Cub, un jeune garçon de Brixton, provoque en elle une renaissance inattendue. Avec Cub, Mary est entraînée dans le tourbillon des jours vivants.

Ananda Devi poursuit son exploration des lieux mythiques et des êtres hantés. À la lisière du fantastique, Les jours vivants nous fait voir Londres comme un lieu à la fois délétère et miraculeux, dans une lumière de fin des temps.

En numérique chez Tropismes : Les jours vivants

Guillaume et Nathalie

Guillaume et Nathalie
Lahens Yanick
Ed. Sabine Wespieser

Cela faisait longtemps que je voulais écrire cette histoire de rencontre d'un homme et d'une femme. L'une de celles qui ravivent le goût de l'impossible. L'une de celles qui traînent leur cortège de surprises, de paradoxes, d'érotisme et de déraison. Dans cette ville où, comme dans d'autres villes, une certaine idée de l'amour a été façonnée par les livres, les chansons et le cinéma. Mais où les données du malheur universel sont immédiates ou vous rattrapent juste un peu plus vite qu'ailleurs. Y.L., Failles

Guillaume est sociologue, Nathalie architecte. Ils se rencontrent à la veille du séisme qui a ravagé Haïti en janvier 2010, autour du projet d'un centre polyvalent dans les environs de Port-au-Prince. Entre l'homme de cinquante ans revenu de ses utopies, dont toute la vie s'est jouée dans son île, et la jeune femme au sombre passé qui vient de vivre de longues années en France, l'attirance est immédiate.

Si Yanick Lahens excelle dans l'écriture impatiente de leur désir et si l'on est vite happé par la sourde sensualité qui en émane, elle n'est dupe ni de ses personnages, ni de leur situation.

Représentants tous deux de la classe moyenne noire, ils tentent d'endiguer la misère qui les encercle, subissant eux aussi les préjugés racistes de la bonne société haïtienne et la corruption des élites. Nul misérabilisme pourtant dans ce récit, nul catastrophisme non plus, sinon la conscience diffuse de la menace qui plane sur Haïti en ce mois de décembre 2009.

Avec ce roman pétri de tendresse pour son pays, Yanick Lahens acte la victoire de la vie et de l'écriture sur le malheur.

Newsletter