L'absence de Manu, c'est aussi l'histoire vide, la part absente. Que se passe-t-il en Espagne, pour son père, dans les années trente ? Ses racines puisent leur nourriture dans le sable du silence. Il creuse, creuse, que peut-il aller chercher sous le sable ? Les souvenirs ne s'enlisent pas comme les mollusques en grève profonde. On peut devenir orphelin d'histoire. S. M.
Depuis son arrivée en France en 1939 lors de la victoire de Franco, Manu a vécu dans le silence de l'exil. De ses espoirs, de sa fougue de jeune combattant, de ses souffrances, de la blessure qui lui a coûté une jambe, il n'a jamais parlé. Après sa mort, son fils tente de retrouver la trace du jeune homme qu'il fut.
À Argelès où les Républicains espagnols se réfugièrent en masse, à Barcelone où Manu combattit Franco dans les rangs du POUM et à Porto Cristo, sur les îles Baléares, où il fut blessé, le « garçon », comme le désigne Serge Mestre, scrute le sable, la mer, le pavé des villes. Il se laisse alors envahir par des images et des sensations qui viennent se superposer aux silences de son père, pour dessiner un portrait infiniment tendre et ému du disparu.
Pudique hommage à la souffrance des hommes, Les Plages du silence est un très beau roman d'amour filial.
Après la guerre à Gaza, tandis que je me replonge dans ce qui a été écrit sur la ville, que je commence à m'entretenir avec des habitants, je réalise que j'ai échappé un peu à cette façon qui m'a tenue longtemps, en découvrant des faits, de les assimiler immédiatement à une réalité déjà sue. Que je me suis départie de l'habitude de commencer la lecture d'un article, le visionnage d'un sujet, l'écoute d'une histoire, en guettant les termes employés, les sous-entendus, pour les repérer au plus vite, d'éprouver un soulagement à la seconde où je peux identifier et nommer qui parle, de pouvoir enfin décider de me laisser gagner ou non par ses arguments et son émotion. Que c'est ici curieusement, que je me suis défaite de cette façon d'accumuler les faits à charge pour consolider un système de pensée qui ne sort plus jamais de lui-même et étouffe, que j'ai cessé un peu de pratiquer cette forme de légère terreur qu'est le Je sais qui tu es.
Janvier 1861, université de Pétersbourg : la jeune Apollinaria Souslova, fille d'un serf émancipé, rencontre Fédor Dostoïevski. Elle rêve d'une carrière littéraire, il lui promet de l'aider, sans imaginer qu'elle deviendra sa muse. S'ensuit une passion charnelle et orageuse, qui réveillera les démons de chacun.
L'écrivain est marié et Apollinaria fuit à Paris. Mais n'étreint-on pas toujours ceux qui nous échappent ?
De Saint-Pétersbourg à Paris, en passant par Rome, Naples et Baden-Baden, Capucine Motte nous emporte dans la dérive de deux êtres acharnés à se perdre.
Adrien a décidé de mourir. Mais alors qu'il s'apprête à avaler un mélange de médicaments, resurgit le souvenir de Nina, une jeune Italienne avec qui il a passé, enfant puis adolescent, des vacances lumineuses sur la côte amalfitaine. Repoussant son suicide d'un soir, puis d'un autre, il lui écrit une longue lettre qui devient, au fil des nuits, la bouleversante déclaration d'amour qu'il n'a jamais osé lui faire. Il ne se doute pas que ses mots toucheront plusieurs existences : la sienne et celle de Nina d'abord, mais également celle de tous ceux qui, de près ou de loin, seront émus par son écriture.
« Ces ' romans ' réunis pour la première fois forment un seul ouvrage et ils sont l'épine dorsale des autres, qui ne figurent pas dans ce volume. Je croyais les avoir écrits de manière discontinue, à coups d'oublis successifs, mais souvent les mêmes visages, les mêmes noms, les mêmes lieux, les mêmes phrases reviennent de l'un à l'autre, comme les motifs d'une tapisserie que l'on aurait tissée dans un demi-sommeil.
Les quelques photos et documents reproduits au début de ce recueil pourraient suggérer que tous ces ' romans ' sont une sorte d'autobiographie, mais une autobiographie rêvée ou imaginaire. Les photos mêmes de mes parents sont devenues des photos de personnages imaginaires. Seuls mon frère, ma femme et mes filles sont réels.
Et que dire des quelques comparses et fantômes qui apparaissent sur l'album, en noir et blanc ? J'utilisais leurs ombres et surtout leurs noms à cause de leur sonorité et ils n'étaient plus pour moi que des notes de musique. » Patrick Modiano
PRIX DU LIVRE INTER 2013
Les Mandy habitent de génération en génération la même maison en bois posée au bord des rails près de la gare Nyugati à Budapest. Le jeune Imre grandit dans un univers mélancolique de non-dits et de secrets où Staline est toujours tenu pour responsable des malheurs de la famille. Même après l’effondrement de l’URSS, qui fait entrer dans la vie d’Imre les sex shops, une jeune Allemande et une certaine idée de l’Ouest et d’un bonheur qui n’est pas pour lui.
Roman à la poétique singulière, tout en dégradés de lumière et de nostalgie, Sombre dimanche confirme le talent d’Alice Zeniter, révélée par Jusque dans nos bras.
J'aime trop la langue.
Celle aux 18 muscles.
Je la veux contorsionniste.
Qu'elle parle un français animal.
Qu'elle claque aux oreilles, moite et sauvage.
Et que les mots flaquent du stylo.
Comme un alcool de corps.
Oui, l'écriture, comme un alcool de corps.
Marilyn désossée...
Je crois que j'ai écrit un road-movie traversant la vie d'une fille,
Marilyn Turkey, qui aimerait bien être et homme et femme,
puis animaux et quelque chose de végétation.
Isabelle Wéry
Ce recueil d’aphorismes peu compatibles avec les bonnes mœurs ne devrait pas faire remonter la cote de popularité de son auteur, pourtant au plus bas dans les sondages effectués dans les maternités. Et pas seulement dans les maternités, confirment les critiques littéraires.
Écridéviant, performeur volontiers nudiste, cofondateur de la « Fête des Non-Parents » et peintre en statues coloniales, Théophile de Giraud, né par hasard et sans conviction en 1968, a commis quelques doigts de livres désobligeants, tatoués d’humour noir et parfois diaprés d’une vaporeuse touche d’anti-natalisme consensuel.
Épris de subversion carabinée, ce riant comparse de Noël Godin a participé, entre deux tentatives de suicide ou de régime amincissant, aux entartages de Doc Gynéco et de l’anticontraceptif archevêque Léonard, ainsi qu’au Coup d’État burlesque de Jan Bucquoy.
Il a d’ores et déjà prévenu ses éventuels futurs parents qu’il refusera de renaître, même contre forte récompense.
Versez dans votre shaker une bonne dose d’Odyssée (celle d’Homère par exemple), et puis une bonne dose de Fight Club. Dans votre presse-agrume, mettez une Orange Mécanique et une demi-banane. Pressez. Mélangez le tout. Rajoutez un zeste de Mission Impossible, et une larme d’Agence Tous Risques (pour les amateurs de séries télé disparues). Secouez. Vous obtiendrez un cocktail littéraire détonnant intitulé Les Enfants Sauvages.
En faisant dialoguer une Amérique pleine de contradictions et une Europe dans le doute, Boris Crack dresse le portrait d’une génération sauvage, seule contre tous, qui, une fois sortie du bois, ne peut survivre que grâce à la musique. Inspiré des années qu’il a passées à Seattle, aux Etats-Unis, avec le groupe Feral Children, son roman se déguste d’une traite. On y croise : Kurt Cobain, Bob Dylan, Alan Vega, Charles Bukowski, Barack Obama, l’inspecteur Derrick, Tintin, Milou, des chanteurs de karaoké, des ex-femmes, des martiens, des andouilles, des crevettes, des girafes et bien sûr des enfants sauvages. C’est à mourir de rire, littéralement.
Le CD Best Of de Boris Crack est offert avec ce livre et ne peut être vendu séparément.
Après vingt ans passés aux Etats-Unis, Jane, jeune scientifique ambitieuse, revient dans son pays natal, la Belgique. Le temps de terminer sa thèse sur les lépidoptères au musée royal de l'Afrique centrale, elle a échangé son appartement de Chicago avec celui des Guérin. Mais à son arrivée elle découvre consternée qu'elle va devoir cohabiter avec leur fils resté à Bruxelles, Jérôme, vingt-cinq ans et du genre bon à rien.
Au-delà de cette contrariété, que cache l'apparente froideur de Jane ? Quelle est cette histoire familiale qui semble tant lui peser ? Jérôme, par l'un de ses coups tordus dont il est coutumier, en sera involontairement le révélateur.
Avec un scénario astucieux, des personnages remarquablement campés et des atmosphères parfaitement restituées - la bande des copains de Jérôme en rupture de ban, l'ambiance du musée royal, plus honorable, ou celle de certains quartiers de Bruxelles -, l'auteur fait de ce premier roman un coup de maître.