Une chemise blanche dans le Vercors

Une chemise blanche dans le Vercors
Bitker Colette
Ed. Michel de Maule

Ils passaient par là, l'Histoire aussi

Juin 1944 : avec sa famille juive parisienne, la petite Colette Bitker est réfugiée dans un hameau du Vercors. Une patrouille allemande débarque dans la maison, procède à une perquisition rapide, puis elle traverse le chemin et, dans la maison d'en face, arrête un homme jeune monté de la ville pour les vacances. La fillette voit s'éloigner, dans l'air délicieux de cette fin d'après-midi, l'homme encadré par les soldats. Il porte une chemise blanche qu'elle suit du regard jusqu'à ce que le groupe disparaisse au tournant de la route. Tout de suite, elle sait que l'homme ne reviendra pas. Des années plus tard, devenue peintre, elle découvre que dans chacune de ses toiles figure une tache blanche.

Un bouquet de coquelicots

Un bouquet de coquelicots
Sluszny Marianne
Ed. Différence

La guerre 14-18, en Belgique. Dans chacune de ces nouvelles, Marianne Sluszny donne une voix à un de ces personnages ordinaires, dont la vie a basculé dès le début des hostilités - soldat inconnu, musicien, jeune mariée, combattant flamand, infirmière, Congolais, pigeon voyageur, tous, le désastre de l'occupation les a broyés.

Dans ces brèves histoires crûment racontées, des visages et des vies se dessinent. Les lieux du drame, Andenne, Namur, Malines, Anvers, Bruxelles, La Panne, Ypres, villes martyres, zones de combat ou zones d'occupation, balisent le territoire où ces destins, éphémères comme des coquelicots, ont été anéantis.

En numérique chez Tropismes : Un bouquet de coquelicots

Inna

Inna
Fourest Caroline
Ed. Grasset

A vingt-trois ans, Inna Shevchenko est célèbre. Qui ne connaît ses yeux verts, ses cheveux blonds couronnés de fleurs, ses seins nus, peints de slogans noirs dénonçant les religions, les dictatures et la prostitution ?

Pourtant, l'icône politique reste une énigme. Qui est vraiment cette élève brillante, éduquée par un père colonel dans l'Ukraine post-soviétique ? Comment a-t-elle découvert l'engagement politique au lycée, au moment de la Révolution orange, avant de se jeter à corps perdu dans le mouvement Femen ? Qui est cette femme battue et arrêtée cent fois, torturée en Biélorussie, fuyant son pays après avoir tronçonné une croix en soutien aux Pussy Riot ?

Caroline Fourest a accompagné Inna dès le premier jour de son exil à Paris. Elle s'est engagée avec elle, parfois contre elle... Lors des combats de rue face à Civitas, pour sauver Amina en Tunisie. Paris serait-elle redevenue la capitale de la révolution ? Bien plus que le portrait d'une héroïne fascinante, ce livre raconte l'odyssée d'une frondeuse tourmentée, tentée par le nihilisme, qui exige en tout la liberté mais s'impose une vie de soldate.

Dans ce récit haletant, tout est vrai : la solitude, la force d'âme, le goût un peu âcre de la vérité. Tour à tour enquêtrice, conseillère, amie, amoureuse et femme libre, Caroline Fourest raconte à la fois ses doutes, leurs combats et leur romance. Et pour la première fois, se livre.

Fantaisie-sarabande

Fantaisie-sarabande
Marienské Héléna
Ed. Flammarion

Peut-on supporter d'un mari avare et volage qu'il vous empoisonne la vie ? Non : on le tue.

Peut-on, lorsqu'on est belle à se damner, supporter de vivre au sein d'une famille de nazillons misérable et malodorante dans les friches de la Lorraine ? Non : on profite de sa beauté pour s'en sortir.

Angèle la meurtrière, Annabelle la prostituée de luxe ont dit non. Elles se rencontrent : coup de foudre. Elles disent alors oui, oui à l'amour, la déraison, la passion. Oui, la femme est clairement l'avenir de la femme.

Si ce n'est qu'un flic enquête sur le meurtre du mari d'Angèle...

Une comédie réjouissante qui mêle fantaisie policière, romance et pornographie débridée.

La petite communiste qui ne souriait jamais

La petite communiste qui ne souriait jamais
Lafon Lola
Ed. Actes Sud

Parce qu'elle est fascinée par le destin de la miraculeuse petite gymnaste roumaine de quatorze ans apparue aux JO de Montréal en 1976 pour mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records au point d'accéder au statut de mythe planétaire, la narratrice de ce roman entreprend de raconter ce qu'elle imagine de l'expérience que vécut cette prodigieuse fillette, symbole d'une Europe révolue, venue, par la seule pureté de ses gestes, incarner aux yeux désabusés du monde le rêve d'une enfance éternelle. Mais quelle version retenir du parcours de cette petite communiste qui ne souriait jamais et qui voltigea, d'Est en Ouest, devant ses juges, sportifs, politiques ou médiatiques, entre adoration des foules et manipulations étatiques ?

Mimétique de l'audace féerique des figures jadis tracées au ciel de la compétition par une simple enfant, le roman-acrobate de Lola Lafon, plus proche de la légende d'Icare que de la mythologie des « dieux du stade », rend l'hommage d'une fiction inspirée à celle-là, qui, d'un coup de pied à la lune, a ravagé le chemin rétréci qu'on réserve aux petites filles, ces petites filles de l'été 1976 qui, grâce à elle, ont rêvé de s'élancer dans le vide, les abdos serrés et la peau nue.

En numérique chez Tropismes : La petite communiste qui ne souriait jamais

Mémé

Mémé
Torreton Philippe
Ed. Iconoclaste

« Mémé, c'est ma mémé, même si ça ne se dit plus. Mémé me manque. Ses silences, ses mots simples au Scrabble, sa maison enfouie sous les pommiers et son buffet d'avant-guerre.
Ce texte est subjectif, partial, amoureux, ce n'est pas une enquête, ce n'est pas une biographie, c'est ce que j'ai vu, compris ou pas, ce que j'ai perdu et voulu retenir, une dernière fois.
Mémé, c'est mon regard de gamin qui ne veut pas passer à autre chose. »

Voici le portrait qu'à plus de quarante ans Philippe Torreton fait de celle qui fut le personnage central de son enfance, un portrait tendre et nostalgique, construit par petites touches comme la mémoire, où chacun retrouvera sa grand-mère ou celle dont il a rêvé.

Un homme, ça ne pleure pas

Un homme, ça ne pleure pas
Guène Faïza
Ed. Fayard

Né à Nice de parents algériens, Mourad voudrait se forger un destin.
Son pire cauchemar : devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel, nourri par sa mère à base d'huile de friture. Pour éviter d'en arriver là, il lui faudra se défaire d'un héritage familial pesant.
Mais est-ce vraiment dans la rupture qu'on devient pleinement soi-même ?

Dès son premier roman (Kiffe kiffe demain, Hachette littératures, 2004), Faïza Guène s'est imposée comme une des voix les plus originales de la littérature française contemporaine.

La fin du monde a du retard

La fin du monde a du retard
Erre J. M.
Ed. Buchet Chastel

Construit sous la forme d'une course-poursuite, La fin du monde a du retard met en scène Alice et Julius, deux amnésiques qui s'évadent de la clinique psychiatrique où ils sont traités. En effet, Julius s'est donné pour mission de déjouer un terrible complot qui menace l'humanité. Poursuivis par la police, par des journalistes et par de mystérieux personnages de l'ombre, ils iront de péripétie en rebondissement jusqu'à l'incroyable révélation finale...

En s'interrogeant de façon décalée sur la manière dont chacun construit ses certitudes, La fin du monde a du retard se veut avant tout un récit joyeux sur ce qui fait le malheur et la grandeur de l'être humain : sa capacité à se raconter des histoires !

En numérique chez Tropismes : La fin du monde a du retard

Mémé goes to Hollywood

Mémé goes to Hollywood
Monfils Nadine
Ed. Belfond

Cette fois, c'est décidé, Mémé Cornemuse va réaliser son rêve : partir à Hollywood rencontrer son idole, JCVD. Pour ça, elle est prête à tout : voler une baraque à frites, rouler jusqu'au Havre et se faire embarquer sur un bateau, direction les States. Promue direct à la plonge, elle se débarrasse du cuistot et prend sa place. Cette vieille bique ne doute de rien, elle va flanquer le souk à bord...

Un road-movie rocambolesque et savoureux, rehaussé à la sauce belge.

Quand as-tu vu ton père pour la dernière fois ?

Quand as-tu vu ton père pour la dernière fois ?
Taylor Alex
Ed. Lattès

«Mon père possédait de vieilles pendules. Il passait son temps à réparer le temps. Je le vois, cheveux longs et rebelles, soulever avec précaution les cadrans de ces horloges qui ont marqué les innombrables o'clock de sa vie et de ma jeunesse.»

«Where do I belong ? À quel lieu j'appartiens ? Plus la maladie de mon père progresse, moins je sais ce que je fais là, largué entre ma vie à moi et sa mort à lui, sur cette construction vaudevillesque qu'est la jetée de la ville de Bognor. Mon vaste séjour linguistique prolongé en France prend de plus en plus des allures de fuite en avant, mais devant quoi au juste ?»

Parfois, il faut attendre des années pour que l'enfant ouvre devant l'adulte les valises cachées dans le grenier de leur mémoire commune. Alex Taylor nous offre un récit à la fois drôle et touchant sur l'identité et le déracinement.

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