S'agapo («Je t'aime» en grec) évoque des épisodes romancés de l'occupation italienne en Grèce (1941-1943). Description du quotidien de cette armée censée «rompre les reins» du peuple grec. Dans des paysages d'une prodigieuse beauté, dans l'intimité des campements ou dans les bras des femmes, soldats et officiers trompent l'attente, l'épuisement et la peur.
Unique incursion de Renzo Biasion dans la littérature, S'agapo est un livre culte en Italie. Traduit dans de nombreux pays, il a inspiré le film Mediterraneo, oscar du meilleur film étranger en 1992.
Présentation de l'éditeur
Manhattan, début 2001. Trois jeunes trentenaires, amis depuis l'université, se retrouvent déchirés entre leurs rêves et les exigences du réel : Marina, apprentie journaliste, écrasée par son père Murray, qui règne en maître sur l'intelligentsia new-yorkaise ; Danielle. en quête de l'âme soeur et de reconnaissance professionnelle ; Julius, pigiste gay et sans le sou, n'aspirant qu'à se ranger sans pouvoir s'y résoudre. Leurs rapports se compliquent dangereusement avec l'arrivée du séduisant Ludovic et surtout avec celle de Bootie, vingt ans, idéaliste et provincial, dont l'éducation reste à faire.
Cette double irruption déclenche une série de rapports de force et de chasses-croisés sentimentaux, un jeu de séduction et de faux-semblants à l'issue duquel les masques vont tomber. Et Murray, « l'empereur », entraînera dans sa chute tous ces grands enfants, dans une comédie de l'innocence perdue qui culminera un certain 11 septembre.
Par son jeu virtuose sur les points de vue, son habileté à relier chaque trajectoire individuelle à la trame de l'Histoire, Claire Messud nous offre un portrait aussi féroce que réjouissant d'une métropole narcissique, et recrée toute une époque, si proche et déjà si lointaine.
Présentation de l'éditeur
« Sortir, marcher. Ainsi en va-t-il dans les rêves. C'est cela la loi des rêves : rester en mouvement. »
En 1846, l'Irlande est frappée par l'épidémie de mildiou. Les récoltes de pommes de terre sont ruinées et la famille de Fergus, refusant l'expulsion, subit la famine. Demeuré seul, Fergus comprend que, conformément à « la loi des rêves », son seul espoir de survie est de quitter cette terre et d'aller de l'avant. Commence alors un périple semé d'embûches, de rencontres et d'aventures aussi cocasses que dramatiques, au cours duquel il croisera notamment une troupe d'enfants errants avant de rencontrer sa compagne, Molly, dont il devra apprendre à se méfier? Son chemin le conduira de Dublin à Liverpool où il embarquera pour le Québec.
Véritable roman initiatique, La loi des rêves est un récit des origines de l'Amérique. Déployant un talent de narration hors du commun, Peter Behrens questionne l'exil et met en lumière l'Histoire et le peuplement du continent américain.
Présentation de l'éditeur
Ce roman, qui se situe dans la lignée des textes consécutifs au 11 septembre 2001, déploie un troublant suspense. L'action se passe à New Prospect, une localité pauvre, proche de l'opulente Manhattan, mais comparable à nos banlieues récemment embrasées.
Il y a d'abord Ahmad Mulloy, un jeune lycéen doué, fils d'une Américano-Irlandaise et abandonné par son père égyptien. Ecoeuré par la soif de consommation qui asservit le pays à une réalité illusoire et déshumanisée, Ahmad se détourne de ses congénères et devient un islamiste fanatique sous l'emprise de l'imam local. Celui-ci le convainc d'interrompre ses études pour conduire des camions. Il y a Jack Levy, le juif athée, conseiller d'orientation qui repère trop tard le garçon et supplie sa mère de l'éloigner de la mosquée, de l'inciter à s'inscrire à l'université. Il y a Charlie Chehab, l'énigmatique marchand de meubles libanais qui embauche Ahmad, le prend sous son aile pour mieux le manipuler. Les fils de l'intrigue se resserrent : quel sera le choix d'Ahmad ?
Il fallait un Updike, avec sa misanthropie et son dégoût de notre époque, pour livrer un portrait aussi juste de l'Amérique désemparée face à l'islam fondamentaliste.
Présentation de l'éditeur
Stasiland est le roman de la Stasi, la redoutable police secrète de l'Allemagne de l'Est. Malgré la chute du mur de Berlin, cette terrible époque hante encore victimes et anciens agents. Ainsi, Miriam Weber, seize ans, détenue plusieurs jours pour un interrogatoire après avoir tenté de franchir le Mur.
Herr Winz, nostalgique du communisme, cette période « bénie » où tous avaient du travail. Ou encore cet indic qui se faisait passer pour aveugle afin de mieux espionner les suspects. Enfin, Frau Paul, séparée pendant des années de son fils, hospitalisé à l'Ouest au moment de la construction du Mur.
Au fil de ces histoires, Anna Funder nous entraîne au coeur d'un régime camisole et nous plonge dans la folie de ces années Stasi où triomphe la délation. Comme La Vie des autres, Stasiland expose un pays figé dans la peur. Un monde où la vie n'est jamais privée.
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Cet entretien, jusqu'alors inédit, a été retrouvé à New York dans les archives de l'institut culturel italien.
Enregistré en 1969, lors du deuxième voyage de Pasolini à New York, et destiné aux étudiants et professeurs de l'université américaine, il dépasse largement cette audience puisque Pasolini y retrace sa vie et livre sans détours les raisons comme les intuitions de ses engagements politique, poétique ou cinématographique.
Il évoque avec spontanéité son enfance dans le Frioul, Dieu, mais aussi la nouvelle gauche, la bourgeoisie ou le racisme, Jean-Luc Godard, des souvenirs sur ses premiers poèmes, sur le tournage d'Accattone ou de Théorème.
Cette voix, d'autant plus troublante qu'elle nous vient des années 1970, a gardé, décidément, toute sa fraîcheur et sa généreuse intelligence du monde.
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Le 20 juillet 1969, l'homme marche pour la première fois sur la Lune. Dans la petite ville andalouse de Mágina, un adolescent vit cet événement avec une passion d'autant plus grande que, pour lui, la vie s'écoule avec la régularité des choses qui ont toujours été, dans le temps apparemment suspendu d'une longue dictature. La récolte des olives, les querelles de famille, un secret qui pèse sur la ville depuis la guerre civile, le collège religieux, tout cet univers pauvre et archaïque apparaît comme étranger à ce jeune garçon qui assiste à la naissance d'une nouvelle époque.
Antonio Muñoz Molina transmet ici, avec le lyrisme et la poésie qui tendent toute son oeuvre, la fragilité des instants qui peuvent changer une vie : l'arrivée du premier poste de télévision, les séances de cinéma en plein air, la première présence humaine sur la Lune.
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La nuit du passage à l'an 2000 va changer toute la vie l'Osvaldo, le psychanalyste, qui se définit comme un impie déchiffreur d'histoires. Autour de lui, la réalité commence à se modifier, comme les histoires que lui racontent ses patients dans le silence de son bureau. Cette nuit-là, il perd sa femme mais en rencontre une autre, et sa « patiente magnifique » se prépare à lui révéler un secret qui va le placer devant une réalité clandestine aux répercussions incalculables.
Ce roman inquiétant nous plonge dans la vie intérieure d'Osvaldo, confronté à un combat qui le dépasse. Le lecteur partage cette tension psychologique, sous la conduite d'une romancière qui nous a toujours montré qu'il n'existe rien de plus réel que l'onirique et rien de plus fantastique que le réel. Elle nous parle de crimes qui sont l'un des ingrédients de la grande tromperie qui constitue nos sociétés et du risque de vivre pour l'homme ordinaire face au monde totalitaire créé par la modernité, elle souligne l'ironie qu'il y a dans l'impossibilité d'atteindre les auteurs du mal et de ne pouvoir combattre que leur ombre.
Présentation de l'éditeur
Sibérie, 2004. Tandis que résonnent les rumeurs de la guerre en Tchétchénie, un vieil homme revient sur les lieux de son passé, au goulag, où il fut interné pendant dix ans, même s'il s'était « illustré » dans les rangs de l'Armée rouge. Parmi ses milliers de codétenus, il y avait son frère, aussi idéaliste que lui-même était cynique. Mais un lien particulier les unissait : une femme, qu'ils aimaient tous deux. Et c'est au camp, à la veille de la déstalinisation, que le destin de ce singulier trio allait basculer, dans un endroit étrange baptisé la Maison des Rencontres.
Rarement, même dans la littérature russe, aura-t-on vu évoquer avec autant de puissance toute l'horreur et l'aberration du système concentrationnaire soviétique, de ses hiérarchies absurdes, de sa dimension avilissante. Vision d'autant plus saisissante que le « héros » et narrateur est lui-même intimement corrompu par le système. Mais ce qui bouleverse le plus dans ce roman dostoïevskien, l'un des plus beaux livres de Martin Amis, c'est la compassion que l'auteur, avec un lyrisme pudique, parvient malgré tout à exprimer pour tous ses personnages, victimes et bourreaux. Avec en filigrane cette question lancinante : comment rester humain ?
Virginia Woolf a quinze ans lorsqu'elle trace les premières lignes de son Journal. Après de nombreuses interruptions, elle en reprend l'écriture en 1915, et le tiendra jusqu'à son suicide en 1941. C'est l'ensemble de cette période captivante que couvre ce volume alors que ressort parallèlement son Journal d'adolescence.
Durant plusieurs décennies, elle note jour après jour ses sentiments, ses illuminations. Avec sa finesse et son humour, un art unique du portrait, elle nous fait découvrir les évolutions sociales et les errements de son époque. Elle y évoque son enfance tout comme la situation politique internationale, des débuts de la Première Guerre mondiale à l'intensification des bombardements nazis sur Londres.
Dans son Journal, Virginia commente ses lectures, élabore des théories critiques tout autant qu'elle confie ses projets littéraires, ses doutes, ses réflexions sur son travail d'écriture. Elle y inscrit les critiques des journaux ou les commentaires de ses amis sur son oeuvre. Accueillant encore la voix de son mari Leonard, qui, par endroits, annote les cahiers. Certaines idées, certains projets de romans semblent naître de l'écriture même du Journal dont la lecture permet d'approcher la genèse et le sens intrinsèque avec une justesse incomparable.