Brothers

Brothers
Hua Yu
Ed. Actes Sud

Li Guangtou et Song Gang ne sont pas de vrais frères mais leurs destins se sont de longue date trouvés liés pour le meilleur et pour le pire. Enfants, puis adolescents pendant la Révolution culturelle, ils atteignent l'âge adulte au moment où la Chine entre dans l'ère tumultueuse des 'réformes' et de l''ouverture'. La solidarité, cimentée par les épreuves, qui les unissait jusqu'alors se fissure et leurs chemins, pour un temps, se séparent : tandis que Song Gang, l''intellectuel' doux et loyal, est rapidement dépassé par son époque, Li Guangtou, le 'brigand', tirera le meilleur parti des bouleversements sociaux et économiques en cours.

A travers ce couple de 'faux' frères, c'est près d'un demi-siècle d'histoire chinoise qui défile sous nos yeux, des années 1960 et 1970, marquées par la répression morale et les atrocités politiques, à l'époque contemporaine, où les énergies individuelles se libèrent dans un désordre épique.

Le 'loser' et le 'battant' résument à eux seuls une transition vécue par des millions de Chinois dans la fièvre et le désarroi. Li Guangtou, à la fois rustre et ingénieux, brutal et généreux, et avant tout doué d'une force de vie et d'un culot sans limites, est le digne représentant des entrepreneurs de la Chine contemporaine, et le 'bourg des Liu', microcosme où se reflètent les grands événements des dernières décennies, s'élève à la hauteur des grands lieux mythiques que l'imagination littéraire est susceptible de créer.

Avec ce roman qui contient l'expérience de toute une génération, celle de la faim, de la violence, celle de la frénésie économique et des grandes migrations, des ascensions fulgurantes et des naufrages individuels, Yu Hua a écrit une véritable odyssée de la Chine, de Mao aux JO. Le public chinois ne s'y est pas trompé, qui a fait un triomphe au livre.

Journal d'adolescence 1897-1909

Journal d'adolescence 1897-1909
Woolf Virginia
Ed. Stock

«Je m'efforcerai d'être un serviteur honnête, soucieux de rassembler la matière susceptible d'être utile, par la suite, à une main plus experte», note la jeune Virginia Woolf, apprenti écrivain passionné déjà dévoué corps et âme à la genèse d'une oeuvre qui comptera parmi les chefs d'oeuvres du XXe siècle. Son Journal d'adolescence s'ouvre en 1897, alors qu'elle a quinze ans. L'écriture, d'emblée, s'y révèle salutaire pour la jeune fille au talent précoce. Refuge contre la douleur lorsqu'elle perd ses parents ; garde-fou contre la folie qui rôde.

Mais ce Journal est avant tout un cahier où Woolf s'applique à faire des phrases comme on fait des gammes, en se moquant d'elle-même. Et des autres, tant elle excelle à épingler d'un trait caustique visiteurs et auteurs lus. Car l'adolescente lit sans se rassasier : Aristote et Hawthorne, James et Hardy. Passant son esprit au tamis de la bibliothèque familiale, elle exerce son jugement critique et affine sa singularité propre.

Puis, au fil des années, l'apprentissage livresque se double de séjours à l'étranger. Les cahiers deviennent alors journaux de voyage, en Grèce, en Turquie, en Espagne. Loin d'y céder à la tentation d'un exotisme de convention, l'écrivain en devenir s'interroge sur la manière d'embrasser le vivant sans le figer, se plaçant déjà à rebours des canons en vigueur, des mécanismes romanesques faciles.

Au seuil de son entreprise littéraire, la grande Virginia Woolf touche déjà du doigt son génie à venir.

Le fléau

Le fléau
Van Reybrouc David
Ed. Actes Sud

David Van Reybrouck, auteur et narrateur de ce livre, découvre par hasard, dans le cadre de ses recherches universitaires l'étonnant destin d'un écrivain sud-africain, spécialiste des grands singes et des termites. Dans un ouvrage emprunté à la bibliothèque de primatologie d'Utrecht, il apprend que les écrits de cet homme - un dénommé Eugène Marais - auraient fait l'objet d'un plagiat et que l'auteur de cet 'emprunt littéraire' ne serait autre que le grand Maeterlinck. Incroyable accusation.

David Van Reybrouck est un scientifique, l'un de ces êtres dont l'esprit éclairé ne peut se contenter d'un savoir qui ne serait minutieusement étayé par la démonstration.

Il n'est donc pas étonnant que, deux ans plus tard, sa thèse sur l'histoire de l'archéologie en poche, la lecture de tout Maeterlinck achevée, le jeune Van Reybrouck, intéressé par les travaux de Marais, intrigué par le manque de fondement d'une accusation de plagiat à l'encontre d'un lauréat du prix Nobel, veuille éclaircir les choses. Un nouveau sujet s'offre à lui et une rigoureuse enquête s'impose.

C'est ainsi qu'il s'embarque pour un long voyage sur les traces d'Eugène Marais, cet inconnu né en 1871 tout près de Pretoria...

Un livre inclassable, une non-fiction littéraire aussi érudite que divertissante, une réflexion sur l'observation des sociétés animales et un regard passionnant sur l'Afrique du Sud.

Mes révolutions

Mes révolutions
Hari Kunzru
Ed. Plon/Feux croisés

Chris Carver vit dans le mensonge.

Sa femme, sa belle-fille adolescente et tout leur entourage le connaissent sous le nom de Michael Frame. Ils ignorent que, dans les années soixante, alors qu'il était étudiant gauchiste, il est brièvement devenu terroriste - il protestait contre la guerre du Viêtnam en posant des bombes à travers Londres.

Et puis, un beau jour, les fantômes du passé ressurgissent : la silhouette d'une femme, Anna, la belle révoltée qu'il a aimée passionnément, et un ancien compagnon de cellule qui menace de faire vaciller son secret. À travers le miroir qu'ils lui tendent défile le film de ses illusions perdues : les combats enragés, les amours libres, les squats enfumés...

« À travers Mes révolutions, extraordinaire peinture d'un extrémiste raté des sixties à l'automne de sa vie (...), Kunzru livre un témoignage incroyablement convaincant sur une époque qu'il n'a pourtant pas vécue. » New York Times

La nuit en question

Couverture non disponible
Tobias Wolff
Ed. Christian Bourgois

Un journaliste négligent publie la notice nécrologique d'un homme encore en vie. Un professeur de lettres respectable se fait frapper par un mari jaloux mais accrédite la rumeur qui le dit agressé par des Noirs. Pris dans le braquage d'une banque, un critique littéraire se trouve en proie à un étrange fou rire qui risque de lui coûter la vie. En mission au Vietnam, W.P. Miller apprend le décès de sa mère, en réalité celle d'un homonyme, mais se laisse prendre à ce « jeu »... Tous ces personnages traversent un moment de crise existentielle, contraints de prendre des décisions qui se révèlent aussi cruciales qu'irréversibles.
En quinze nouvelles, Tobias Wolff administre autant de petits chocs ironiques et vertigineux qui nous laissent intensément vivants. « Ce sont des histoires morales. Certaines sont drôles. Certaines font frissonner... Et toutes sans exception nous parlent de la condition humaine. » (Raymond Carver)

Le secret de Caspar Jacobi

Le secret de Caspar Jacobi
Alberto Ongaro
Ed. Anacharsis

Cipriano Parodi, jeune homme fantasque issu d'une antique famille vénitienne, est submergé depuis toujours par une imagination torrentielle d'où jaillit un univers peuplé de personnages de fiction échappés des plus extravagants romans d'aventures, qui l'entraînent comme malgré lui dans l'écriture. Si bien que l'étrange prédiction de sa parente la comtesse Zobenigo, une gitane obèse, lisant au creux de sa main la promesse d'une terrible rencontre dans un futur incertain, ne parvient pas tout à fait à le mettre sur ses gardes.

Peu après la parution de son premier roman, Cipriano est invité à New York par le mystérieux et célébrissime écrivain Caspar Jacobi, un nouvel Alexandre Dumas régnant sur l'empire du roman populaire, pour une entrevue dont le motif reste obscur. Avec un formidable enthousiasme, et accompagné de la cohorte de ses créatures - qui se font de plus en plus envahissantes -, il se présente au rendez-vous...

Alberto Ongaro, marionnettiste génial d'un monde littéraire qui, sous sa plume, semble vivre sa propre vie, orchestre ici un roman machiavélique sur le vampirisme de la littérature, sur sa faculté à gober ses proies, y compris les plus averties des dangers qu'elle est capable d'engendrer.

Le ver dans la pomme

Le ver dans la pomme
Cheever John
Ed. Joëlle Losfeld

Comme dans le recueil précédent, Déjeuner de famille, on retrouve dans Le ver dans la pomme le mal-être dont souffrent presque tous les personnages de Cheever, la quête de quelque chose qu'ils ne savent nommer mais dont l'absence leur est insupportable. Cheever révèle les secrets de famille derrière les façades mais il le fait toujours avec humour et fantaisie (Le jour où le cochon est tombé dans le puits), de temps à autre sur un ton loufoque et touchant, mais toujours avec une grande empathie pour ses personnages, comme dans La duchesse.

Pourquoi nous aimons les femmes

Pourquoi nous aimons les femmes
Mircea Cartarescu
Ed. Denoël & d'ailleurs

Pourquoi nous aimons les femmes, c'est ce que s'ingénie à dévoiler Mircea Cartarescu dans ce recueil de nouvelles, petit joyau à la gloire de l'éternel féminin.

Au fil des vingt histoires qui composent le livre, l'auteur distille sa vision de cette mystérieuse altérité : les femmes. Il raconte la beauté, l'incompréhension, la douceur, le désespoir aussi. Il raconte l'entêtement des hommes qui du berceau à l'âge mûr composent, nouent et dénouent une relation sans fin avec elles. Ici chaque femme, chaque récit ne prend sens que lorsque l'on regarde l'ensemble de loin ; s'offre alors à nous un étonnant paysage, sorte de mise en images de la féminité et des sentiments complexes qu'elle suscite.

Tendres, perspicaces et profonds, ces textes témoignent de l'immense talent de Cartarescu, un des plus grands écrivains de la littérature roumaine contemporaine.

Les enquêtes du Père Brown

Les enquêtes du Père Brown
Gilbert Keith Chesterton
Ed. Omnibus

Le Père Brown, prêtre catholique d'une petite paroisse de l'Essex, ne paye vraiment pas de mine. Petit et rondouillard, il semble même insignifiant avec son regard de myope et son grand parapluie qui l'embarrasse.
Cette apparence banale abrite un cerveau exceptionnel aux procédés aussi déroutants que géniaux. En prenant le contre-pied des méthodes d'investigation classiques et s'intéressant plus aux individus qu'aux indices, il agit à rebours du sens commun et plonge les observateurs dans l'effarement : son comportement est incohérent, ses propos décousus, ses digressions insensées. Et pourtant... Sa logique déconcertante aura raison des énigmes criminelles les plus obscures.
C'est donc un enquêteur-philosophe que met en scène avec humour G.K. Chesterton, mais un philosophe du paradoxe ; en un mot : un poète.

Comprend :
La clairvoyance du père Brown, 1911
La sagesse du père Brown, 1914
L'incrédulité du père Brown, 1926
Le secret du père Brown, 1927
Le scandale du père Brown, 1935
Le vampire du village
Le masque de Midas
L'affaire Donnington

The Believer Book of Writers Talking to Writers

The Believer Book of Writers Talking to Writers
collectif
Ed. Perseus

From the pages of the Believer Magazine, long, redoutable interviews featuring :

Alec Michod one question at a time with Richard Powers
Cornelia Nixon in the den with Marilynne Robinson
Nell Freudenberger in the kitchen with Grace Paley
Ben Ehrenreich intercontinentally with John Banville
Vendela Vida in from the snow with Shirley Hazzard
Ben Marcus on a calculator with George Saunders
Sarah Manguso walking the dog with Amy Hempel
Julie Orringer at office hours with Tobias Wolff
Dave Eggers live and onstage with Joan Didion
Gary Zebrun in Chelsea with Edmund White
Tayari Jones on the phone with Chris Abani
ZZ Packer calling twice to Edward P. Jones
Vendela Vida at a café with Jennifer Egan
Daphne Beal over email with Janet Malcolm
Jonathan Lethem in Brooklyn with Paul Auster
Sean Wilsey tranlated to/from Haruki Murakami
Joshua Bearman in Paris with Marjane Satrapi
Zadie Smith in the house from SaturdayI with Ian McEwan
Adam Thirlwell at a cricket match with Tom Stoppard
Miles Marshall Lewis on break with August Wilson
Alexandra Rockingham in Cihangir with Orhan Pamuk

Newsletter