Ce n'est qu'une fois rassemblés dans leur Intégralité que les neuf livres constituant le projet Homo Sacer prennent leur véritable signification. Le jeu des renvois internes, la reprise et le développement des thèmes abordés composent une vaste architecture, articulée en quatre sections.
Poète juif né en Roumanie, Paul Celan choisit d’écrire en allemand pour porter la contradiction jusque dans la langue et remettre en question une culture jugée complice de l’extermination. Peu de poètes ont fait l’objet de tant de commentaires dans la philosophie du xxe siècle, de Gadamer à Derrida et Alain Badiou. Mais ces appropriations n’ont pas été sans malentendu. Paradoxalement, l’inspiration intellectuelle légitimant l’intérêt des philosophes pour les poètes, et singulièrement pour ce poète, a souvent été puisée dans la pensée de Heidegger : Celan apparaît comme un auteur dont l’obscurité témoignerait de la profondeur de l’engagement poétique, seul susceptible de résister à l’emprise de la rationalité calculatrice.
Voici les Mémoires d'un aliéniste révolutionnaire. Conscient de la misère de la psychiatrie dans les années 1900, qui ose livrer les fous à une science sourde et aveugle, Ricciotto Canudo nous fait vivre le quotidien d'un hôpital antipsychiatrique, annonçant avec des accents visionnaires les années 1960 dont il est le précurseur ignoré.
Après le succès d’Éloge du carburateur, qui mettait en évidence le rôle fondamental du travail manuel, Matthew B. Crawford, philosophe-mécanicien, s’interroge sur la fragmentation de notre vie mentale. Ombres errantes dans la caverne du virtuel, hédonistes abstraits fuyant les aspérités du monde, nous dérivons à la recherche d’un confort désincarné et d’une autonomie infantile qui nous met à la merci des exploiteurs de « temps de cerveau disponible ».
Décrivant l’évolution des dessins animés ou les innovations terrifiantes de l’industrie du jeu à Las Vegas, Matthew B. Crawford illustre par des exemples frappants l’idée que notre civilisation connaît une véritable « crise de l’attention », qu’il explore sous toutes les coutures et avec humour, recourant aussi bien à l’analyse philosophique qu’à des récits d’expérience vécue. Il met ainsi au jour les racines culturelles d’une conception abstraite et réductrice de la liberté qui facilite la manipulation marchande de nos choix et appauvrit notre rapport au monde.
En 1981, sur fond de Guerre froide, des femmes organisent, autour de la base militaire de Greenham Common en Angleterre, un camp pacifiste pour protester contre la décision de l’OTAN de stocker des missiles nucléaires sur ce site. Par une série d’actions non-violentes directes à Greenham Common et à travers l’Angleterre tout entière, des femmes ont ainsi exprimé leur opposition à la guerre, au militarisme, à la violence, prenant le parti de la justice, de la paix, de la créativité, des échanges et de la joie. Alice Cook et Gwyn Kirk, qui ont participé au mouvement, ont écrit ce livre en 1983 pour inciter les autres à convertir leurs sentiments de passivité, d’inertie et d’impuissance en actions réelles.
Empereur qui étudia la philosophie stoïcienne, Marc Aurèle se préoccupait du bien commun et de la justice ainsi que du bien-être individuel. Ses pensées se présentent sous la forme d'une succession de maximes qu'il s'adressait à lui-même, notations morales, leçons d'actions passées ou moteurs d'actions nouvelles.
« Fabrications humaines par excellence, les lieux sont ce que l’on en fait – ils sont tout ce qu’on les tient pour être –, et leurs voix désincarnées, immanentes bien qu’inaudibles, ne sont que celles de ceux qui se parlent à eux-mêmes en silence. Que font les peuples avec les lieux qu’ils habitent ? Cette question est aussi lointaine que les peuples et les lieux eux-mêmes, aussi lointaine que l’attachement des êtres humains envers certains endroits de la planète. Aussi lointaine, peut-être, que la notion de foyer (“notre terre” par opposition à “la leur”), aussi lointaine qu’un profond sentiment d’appartenance géographique », écrit Keih Basso dans l’introduction de L’eau se mêle à la boue dans un bassin à ciel ouvert, son premier ouvrage traduit en français.
« Il y a plusieurs façons de ne croire en aucun dieu. On peut douter de tous, juger que la question de leur existence est indécidable, ou encore affirmer leur inexistence. Cela définit trois positions différentes : le scepticisme, l'agnosticisme, l'athéisme. Ce qui les rapproche ? De n'être pas religieuses. À la question 'Croyez-vous en Dieu ?', les partisans de l'un ou l'autre de ces trois courants peuvent en effet, en toute rigueur, apporter la même réponse : 'Non.' C'est ce qui justifie que Georges Minois ait pu les rassembler dans un même et remarquable dictionnaire : tous sont des mécréants, si l'on entend par là, conformément à l'usage, quelqu'un qui ne croit pas en Dieu.& L'athéisme n'est pas une doctrine. On serait bien en peine de trouver une seule thèse positive qui soit commune à tous ses partisans, ou même à la plupart d'entre eux. C'est qu'ils ne s'accordent que sur ce qu'ils refusent. Ils n'ont en commun qu'une seule thèse, purement négative, que leur nom résume (athéos : 'sans Dieu') et qui suffit à les définir : ils pensent que Dieu, ou les dieux, n'existent pas. Pourquoi ? Comment ? Avec quels arguments ? Contre quels adversaires ? C'est ce que ce monumental dictionnaire - d'autant plus impressionnant qu'il est l'oeuvre d'un seul auteur - permet d'explorer. C'est un travail considérable, qui vient à son heure. Il était urgent, face à ce qu'on appelle parfois le 'retour du religieux' et qui prend trop souvent la forme d'une montée des fanatismes, de faire entendre d'autres voix, qui sont de liberté, de lucidité, de révolte et d'incroyance. »& André Comte-Sponville
Fruit d'un long travail de terrain en Israël, cet ouvrage pionnier donne à comprendre le monde largement méconnu des Druzes. Faisant la part belle au sensible et à la sensorialité, Éléonore Armanet restitue le quotidien de la communauté où elle s'est immergée durant près de trois ans.
À travers les gestes, les attitudes et les paroles, elle met en évidence ce qui relève d'une poétique radicale : le lien du corps - et singulièrement du corps maternel - au sacré. Dans le monde druze, la vie éclôt comme une émanation des origines ; mise à l'abri comme peut l'être le ferment qui fera lever le pain, elle est promesse de grâce, de plénitude en devenir. Renouvelant la connaissance de la société druze, ce livre offre une contribution originale à la réflexion anthropologique encore balbutiante sur « la part féminine du religieux » (Vassas 2001) dans les monothéismes méditerranéens. Proposant des pistes novatrices pour l'approche comparative des trois religions abrahamiques, l'ouvrage s'adresse aux étudiants et aux chercheurs en anthropologie et en sciences des religions, mais aussi à tous les lecteurs curieux de découvrir une culture appréhendée dans son intimité.
Imaginez : vous êtes au bord du précipice. À l'instant fatidique, un homme vous sauve la vie. En échange : votre engagement à faire tout ce qu'il vous demandera. Vous acceptez et vous voilà embarqué dans un incroyable voyage où tout semble vous échapper.
Plus qu'un roman, une réflexion sur soi-même qui nous invite à prendre notre destin en main.