Le transhumanisme peut sembler aussi bien porteur d'un immense espoir que terrifiant. Voire totalement absurde... Son but étant d'« améliorer » la condition humaine - le corps et l'esprit - jusqu'au stade où maladie, vieillesse et mort appartiendront au passé, le futur que prônent ses adeptes relève pour l'instant de la science-fiction. Mais ils sont de plus en plus nombreux, notamment parmi les dirigeants de la Silicon Valley, à croire que l'homme vaincra la mort et à plancher sur la question. Fasciné par ce mouvement en plein essor, Mark O'Connell est parti à leur rencontre.
Les fibres du temps s'attaque, à nouveaux frais, à la question du temps. Si ce livre traverse l'histoire de la philosophie, ce n'est qu'avec l'objectif de rapporter cette question au présent, à notre présent, car le temps - c'est la thèse centrale du livre - est avant tout affaire de partage, de vie, de communauté. Le problème qu'il pose, avant d'être théorique ou épistémologique, est donc éminemment politique. L'architecture de cette réflexion prend une forme inédite, dans laquelle l'argumentation philosophique se tresse avec l'analyse de quelques cas d'expérience sensible du cinéma.
C'est en compagnie de Montaigne et de son merveilleux essai sur les Cannibales que j'ai choisi d'écrire ce Journal philosophique - car c'est chez lui que j'ai trouvé un point d'appui très fiable pour mon éthique minimale.
Lors de sa parution en 1986, le livre de Lydia Flem avait rencontré une large audience. C'était le premier ouvrage d'une jeune femme qui arrivait sur une scène où se bousculaient tant de figures de la psychanalyse en France. Sa venue avait néanmoins retenu l'attention de ceux qui espéraient un renouvellement du langage psychanalytique.
Lydia Flem entreprenait non pas « un retour à Freud » mais un cheminement avec lui, à travers un style qui, en un sens, traduit en écriture le geste sensible de Freud prenant l'auteure par le bras, dans un rêve qui présage le livre et qu'on lit en ouverture.
« Après la loi, il y a le droit ; après la loi, il y a la totalité de ce dont la loi a signé l'oubli ; il y a l'invention et le désordre, le savoir et l'exploration, la multiplicité et la singularité, les êtres et les choses, la force des gestes et celle des mots. Après la lex, il y a le ius, le li, le giri, le dharma, la fiqh, la aggadah, la maât et le dînum ; après le nomos, il y a l'anomie, l'anarchie, l'injustice, l'arbitraire, la casuistique, la magie, le récit, la religion, les rituels. Après la loi, il y a l'ensemble des moyens que les êtres humains ont inventé pour devenir plutôt qu'être, et pour faire devenir avec eux les relations qui les unissaient à d'autres et finissaient par les constituer en groupes. Car telle est la différence principale qui sépare la loi du droit : la loi ne connaît que l'être, un être à la défense duquel elle est vouée par structure et par fonction - un être qu'il est de son devoir de ne pas remettre en question. » (présentation de l'éditeur)
On les estime à environ 30 000 à Dakar.
Mais on ne les remarque parfois même plus, on pourrait presque dire qu’ils font partie du décor.
Que se passe-t-il vraiment dans la tête des enfants de la rue ?
Comment certains parviennent-ils à s’en sortir, à reprendre espoir, à se reconstruire un avenir ?
En les observant errer, mendier ou dormir dans la rue, le regard absent, perdu dans le vide, qui aurait misé sur eux ?
Et pourtant...
Pendant près de 2 ans, 14 jeunes que nous prenons en charge se sont confiés à Agathe Gosse, auteure spécialiste en recueil de récits de vie et bénévole chez Village Pilote. “Un village pour le monde" révèle ainsi leurs parcours chaotiques mais pleins d’espoir.
Pourquoi devrait-on cesser d'écouter ceux qui parlent au lieu d'agir ? Pourquoi les entreprises font-elles faillite ? Comment se fait-il que nous avons plus d'esclaves aujourd'hui qu'au temps des Romains ? Pourquoi imposer la démocratie aux autres pays ne marche jamais ?
Réponse : trop nombreux sont ceux qui dirigent le monde sans mettre leur peau en jeu.
Ce n'est pas seulement dans les pays ravagés par la guerre qu'il faut apprendre à vivre dans les ruines. Car les ruines se rapprochent et nous enserrent de toute part, des sites . industriels aux paysages naturels dévastés. Mais l'erreur serait de croire que l'on se contente d'y survivre.
Dans les ruines prolifèrent en effet de nouveaux mondes qu'Anna Tsing a choisi d'explorer en suivant l'odyssée étonnante d'un mystérieux champignon qui ne pousse que dans les forêts détruites.
Suivre les matsutakes, c'est s'intéresser aux cueilleurs de l'Oregon, ces travailleurs précaires, vétérans des guerres américaines, immigrés sans papiers, qui vendent chaque soir les champignons ramassés le jour et qui termineront comme des produits de luxe sur les étals des épiceries fines japonaises. Chemin faisant, on comprend pourquoi la « précarité » n'est pas seulement un terme décrivant la condition des cueilleurs sans emploi stable mais un concept pour penser le monde qui nous est imposé.
Blues et féminisme noir explore l'oeuvre de deux blueswomen quelque peu oubliées : Gertrude « Ma » Rainey (1886-1939) et Bessie Smith (1894-1937). La première incarne le blues traditionnel, la seconde, le blues classique. Dévalorisée par les spécialistes du blues et du jazz - qui sont en général des hommes blancs -, l'oeuvre de ces chanteuses porte un message spécifique : elle affirme la place et les revendications d'autonomie des femmes noires américaines.
En analysant et en contextualisant les paroles de leurs chansons, Davis met en évidence les prémices du féminisme noir et les signes avant-coureurs des grandes luttes émancipatrices à venir. Elle montre que Ma Rainey et Bessie Smith furent les premières rock stars de l'histoire de la musique : or elles étaient noires, bisexuelles, fêtardes, indépendantes et bagarreuses.
Que l'avenir dépende de ce que nous faisons du passé, Daniel Bensaïd en a toute sa vie montré le souci. Comme il le montre ici du passé centenaire de la Révolution d'octobre 1917. Les archives s'ouvrant, les révisions abondant, il s'est agi pour lui, au fil des commémorations, de distinguer entre cet événement incontestablement révolutionnaire et la postérité contre-révolutionnaire, bureaucratique et stalinienne, avec laquelle on s'est employé à le confondre.