En dix-neuf poèmes assassins, publiés en 1916 dans Vanity Fair et réunis ici sous le titre évocateur d'Hymnes à la haine, Dorothy Parker n'épargne rien ni personne. Tout y passe : les maris, qu'elle dit haïr car «ils lui bouchent la vue», les femmes, la famille, qui lui «donne des crampes d'écriture», le théâtre, les livres, les films, les fêtes...
Féroce, drôle et d'une incroyable modernité, la plume de Dorothy Parker libère les frustrations et permet l'exultation de la rage et la formulation de ce qui devrait être tu.
«La plus belle volée de bois vert qu'une lady ait jamais flanquée à la société de son temps ! Jubilatoire.» Nathalie Cottin, Questions de Femmes
Le recul de la littérature en Allemagne au XIXe siècle au profit de la philosophie donne-t-il raison à Hegel, prophète de « la fin de l'ère artistique » ? N'y aurait-il rien entre la mort de Goethe (1832) et le renouveau des années 1880 ? Heinrich Heine s'inscrit évidemment en faux contre ce jugement péremptoire. Mais une autre oeuvre domine ce temps, celle du Souabe Eduard Mörike (1804-1875). Conteur et nouvelliste, ce dernier a été cependant surtout un très grand poète lyrique.
Nourrie des Grecs et des Latins, inimaginable sans le siècle romantique et classique, sa langue est d'une rigueur formelle exceptionnelle. Elle dit une expérience de la vie tendue entre le proche et le lointain, le jeu et le sérieux, le matériel et le spirituel.
En des temps prosaïques partagés entre l'attente révolutionnaire et le repli sur une médiocrité maquillée en sagesse, Mörike a tenté de réenchanter le monde par le Verbe. Loin de l'histoire idolâtrée, il a fait de l'instant l'outil d'une saisie délicate de la réalité, mariant le concret à l'onirique.
Avec lui, la première place échoit aux sensations propres aux états transitoires. Par l'image, c'est à ces instants que s'accomplit dans l'écriture même qui la restitue l'alchimie délicate de la création poétique.
Entre 1917 et 1918, Kafka séjourne huit mois chez sa soeur Ottla à Zürau, dans la campagne de Bohême. La tuberculose s'est déclarée, et crée chez l'écrivain dans sa retraite une intimité nouvelle avec l'idée de la mort. C'est durant cette période que sont nés ces « aphorismes » étranges et déroutants : alors que Kafka avait coutume de remplir des cahiers d'écolier d'une écriture serrée, ici au contraire il dispose une phrase, un paragraphe tout au plus, sur de petites feuilles volantes. Tout le reste de la page, étonnamment vide... À l'initiative de Roberto Calasso, ces aphorismes de Zürau sont livrés pour la première fois à une lecture telle que Kafka aurait pu la souhaiter. Quoiqu'il ait presque toujours répugné à la publication de ses textes, il est certain que cette disposition singulière était destinée à faire briller l'éclat foudroyant de sentences venues des abîmes. Car ses pensées y sont vertigineuses, parfois oraculaires, échappant toujours à l'explicitation univoque mais suscitant sans cesse la nécessité d'une méditation essentielle : le bien et le mal, le corps et l'esprit, le courage et la fuite, le chemin et le cercle, la création et la mort. Autant de motifs qui parcourent son oeuvre, mais ciselés ici à l'extrême, douloureux et resplendissants comme des pointes de diamant, regard d'un « oeil qui simplifie jusqu'à la désolation totale ». Mais cette désolation est pour Roberto Calasso une « splendeur voilée ».
Malgré une éclipse considérable de trente ans entre son troisième recueil - Cuaderno San Martín (1929) - et son quatrième - L'Auteur (1960) -, durant laquelle il a composé ses proses les plus mémorables, Borges n'a cessé, sinon de publier, du moins d'écrire de la poésie. Peut-être parce que le poème relève pour lui d'une nécessité existentielle. S'il y a recours aux mêmes obsessions et paradoxes qui ont fait la célébrité de ses récits - labyrinthes, tigres et miroirs, jeux sur le temps, l'espace ou l'identité, mais aussi mythologie de faubourgs, de malfrats, de guitare et de couteaux qui est celle de la mïlonga et du tango, à laquelle il restera attaché toute sa vie -, c'est moins pour nous plonger et nous perdre dans leur fascinant vertige, que pour les interroger ou nous en communiquer mezza voce l'inquiétante familiarité. Dans ses poèmes, Borges médite et chante. Et ce croisement de pensée et d'émotion leur donne ce mélange très particulier de rigueur et d'abandon, d'emphase maîtrisée et de simplicité retorse qui fait leur tonalité singulière. Quelque chose qui hésite, entre le vers bien frappé et la confidence chuchotée, entre l'épique et l'élégiaque, entre le baroque et, nous dit Borges, « non pas la simplicité, qui n'est rien, mais la modeste et secrète complexité ». Jacques Ancet
Robert Creeley est né en 1926. Il a vécu toute sa vie aux États-Unis. Il enseigna dans diverses universités dont longtemps à Buffalo, NY. Il est mort le 30 mars 2005.
Ce recueil traduit une poétique du lieu et de la durée, une dialectique spatio-temporelle des pronoms ainsi qu'une autobiographie sérialisée des situations et des relations.
À l'aube de la littérature européenne, le récit d'une guerre qui aurait eu lieu à Troie vers 1250 avant l'ère chrétienne. Homère, le mystérieux aveugle, se souvient et chante. Il dit le siège impossible des Achéens devant Troie. Leur champion, Achille, s'est retiré du combat, par colère contre Agamemnon, le chef de l'armée. Hector, le meilleur Troyen, soutenu par Zeus, en profite pour acculer les Achéens à leurs navires...
Plus de 15500 vers. Une épopée en 24 chants. Une architecture grandiose. Un sublime indépassable. L'oeuvre la plus accomplie d'Homère, selon Aristote. L'école de toute poésie, celle de l'immortalité et de tous les rêves de gloire et de renom. La nostalgie de la paix et du bonheur perdu, l'exaltation de la vie éphémère. La référence absolue pour toute réflexion sur le sens de la vie et sur l'art.
Ce texte fondateur est rendu dans une traduction qui vise à en transposer le rythme, à en recréer le rituel langagier, pour redonner une chance à la voix épique en français. Vingt ans de labeur, le temps de prendre Troie et de rentrer à Ithaque, pour le traducteur, qui a présenté différentes étapes de son texte lors de lectures intégrales en 2005-2006 à la Sorbonne, Avignon et Athènes.
'New European Poets thrillingly expands the view and widens the horizon for contemporary American poetry. It puts us into deep contact with other voices, other shores, and thereby extends our knowledge of other poetries, other countries. It is necessary reading.' Edward Hirsch
'Thank you for this feast. New European Poets achieves what has been due for a long time. To mine, not for gold - that can destroy our mother earth's skin - but for European poets. Vastly unexplored territory. If I were a young American poet, I would avidly read this book, discover new friends, fall in love with some new Pessoas, dig deeper and bring them into stronger light.' Tomaz Salamun
'New European Poets collects, for the first time, the work of poets form the latter twentieth century and the beginning of the twenty-first, together with new generations of translators of the poetry of Europe. For this impressive undertaking, for the knowledge, discernment and generosity of its editores, my gratitude is immense.' Caroly Forché
In compiling this landmark anthology, general editors Wayne Miller and Kevin Prufer enlisted twenty-two additional regional editors to select these 290 poets, whose writing was first publishd after 1970. These poets are from every country in Europe, and many of them are published her for the first time in English and in the United States. Poetry translated from more than forty languages is represented, including French, German, Italian, and Spanish, and more regional languages such as Basque, Irish Gaelic, and Sami. Nearly 200 translatores - among them John Ashbery, Marilyn Hacker, Michael Hamburger, Siri Hustvedt, Paul Muldoon, Charles Simic, and Derek Walcott - have contributed English version of more than 400 gathered here.
The range of styles in New European Poets is exhilarating - from the lyric intimacy of Portuguese poet Rosa Alice Branco to the profane prose poems of Romanian poet Radu Andriescu, from the surrealist bravado of Czech poet Sylva Fischerova to the survivor's cry of Russian poet Irina Ratushinskaya. This anthology collects some of the very best word of a new generation of poets.
Pendant près de huit siècles - de la conquête omeyyade en 711 à la chute de Grenade en 1492 -, la poésie arabe s'épanouit de façon admirable sur le sol andalou. Elle développe avec aisance son caractère propre ; ses poèmes en strophes, relevés par des termes dialectaux, invitent au chant. Il est aujourd'hui difficile de contester son influence sur l'art des troubadours. La poésie andalouse nous toucherait ainsi de la façon la plus directe.
Ce volume rassemble l'essentiel des chants d'al-Andalus. Les voix de quarante poètes, hommes ou femmes, princes ou gens du peuple, courtisans ou soufis, sont convoquées ; les différents genres poétiques sont déclinés à travers leur diversité régionale et leur évolution. Chaque période littéraire est précédée d'un résumé historique, et chaque poète d'une notice biographique et critique.
A côté de nombreuses odes classiques (qasida), le recueil propose à part égale des pièces lyriques en strophes (muwashsha et zajal), qui constituent la marque distinctive de la poésie andalouse. Une attention particulière a été donnée à la restitution des différents mètres et rimes.
'De juillet 1934 à juillet 1938 a vécu, au deuxième étage de cette maison, la poétesse russe
Marina Tsvetaeva
1892 - 1941'
« Chaque fenêtre - un regard,
Et dans toutes - une personne !
Le fronton dans la glaise
Chaque fenêtre - une icône
Chaque regard - une fenêtre,
Les visages, des ruines,
Les arènes de l'histoire,
Marronniers du passé
Moi j'y chante et j'y vis. »
Marina Tsvetaeva (La maison, 1935)
quelque chose s'est fait entendre, on ne sait pas trop quoi mais on essaie d'écouter, envers et contre tout, et par tous les moyens
de cet événement sonore, sonnant dans l'oreille interne, ceci est la partition, offerte pour une écoute à tenter en temps réel
série d'oyances et d'épisodes, insistantes questions, parcours semé d'embûches et d'entourloupes, menant, fatalités, à l'abasourdissement, après de grands chambardements