Très beau roman d'une écrivain récemment redécouverte par Dominique Laure Miermont (voir sur notre site le compte-rendu de la biogaphie qu'elle lui consacre), transposition fictive du choix d'Annemarie Schwarzenbach par rapport l'arrivée d'Hitler au pouvoir : l'opposition et la fuite. Le héros de ce roman, Francis von Ruthern, fils aîné d'un hobereau prussien, rentre en Europe après avoir passé dix ans en Amérique du Sud. Mais il ne parvient pas à reprendre pied dans sa vie normale. Trouvant refuge dans une station de ski au-dessus d'Innsbruck, il croise des hommes et des femmes qui partagent avec lui la difficulté de communiquer, d'aimer et de trouver sa voie. Les jours s'écoulent dans la montagne, entre l'immensité des champs de neige, les courses à ski et l'ennui de l'hôtel de luxe. A Francis échoit la chance d'un événement qui va changer sa vie : le décès de son frère l'oblige à redescendre dans la vallée et à se confronter à la réalité d'un monde en proie aux flambées nationalistes. Une conversion intérieure l'amène à découvrir la valeur de la vie et de l'amour. Il réalise que sa place est en haute montagne, là où il pourra répondre aux attentes des autres tout en développant ses aptitudes propres. Le sauvetage d'un jeune garçon égaré dans la neige et le brouillard lui en donnera la confirmation.
Il y a dans Le refuge des cimes quelque chose de La Montagne magique de Thomas Mann - celui-là même qui parlait d'Annemarie comme d'un 'ange dévasté'.
D'après la présentation de l'éditeur
Du même auteur chez Payot : La Mort en Perse, Orient exils, loin de New York et Où est la terre des promesses ?.
Dernier ouvrage publié du vivant de son auteur, Christie Malry règle ses comptes est à la fois le plus accessible, le plus exubérant et le plus désespéré des romans de B.S. Johnson. Au travers d'un humour ravageur, sous-tendu par la colère et la douleur, il met en scène 'un homme simple', Christie Malry. Afin d'accroître sa proximité avec l'argent, celui-ci devient employé de banque, puis comptable. Découvrant le principe de comptabilité dit 'en Partie Double', il en fait un usage inattendu. Pour toute offense subie, Christie est débiteur ; pour toute attaque portée à la société, Christie se crédite. Tous les comptes doivent être à l'équilibre et notre 'héros' y parvient à sa façon fantaisiste, parfois dramatique mais toujours personnelle... et des plus jubilatoires pour le lecteur.
Après R.A.S Infirmière-Chef, une comédie gériatrique, voici un deuxième roman inédit de cet auteur culte à la causticité dévastatrice et toujours aussi insolite. 'Drôle, Brut et Court' nous dit Christie l'épigrammatique.
Présentation de l'éditeur
Mais où sont passés les espions du temps jadis ?
Au lendemain de la guerre en Irak, l'Anglais Edward ' Ted ' Mundy, fils d'un major dans l'armée des Indes, écrivain raté et guide touristique en Bavière, voit resurgir son passé en la personne de Sasha, l'Allemand de l'Est militant qu'il a rencontré à la fin des années 60 dans un Berlin en proie à l'agitation révolutionnaire et revu dans le crasseux miroir aux espions de la guerre froide pour le montage d'une longue opération d'agent double. Mais aujourd'hui les temps ont changé, et leur amitié renouée au nom d'un idéalisme devenu obsolète se heurtera aux man?uvres cyniques d'une Amérique plus impérialiste que jamais. Avec ce roman engagé d'une actualité brûlante, le Carré sonne le glas de l'espionnage à l'ancienne et des valeurs surannées qui structuraient l'univers des agents secrets : depuis le 11 septembre, le monde ignore tout code de l'honneur et les ' justes causes ' n'y ont plus cours quand l'Amérique de Bush fait subir à tous la marche forcée de son autocélébration triomphaliste et hégémonique. Portant un regard cruellement désabusé sur les agissements machiavéliques d'une Amérique drapée dans sa bonne conscience, le Carré dénonce aussi la veulerie aveugle de ses contemporains, et son message désespéré hantera le lecteur longtemps après la dernière ligne.
Présentation de l'éditeur
Une jeune femme, à la tête d'un empire financier, quitte un matin sa grande ville d'Europe du Nord pour rejoindre la Manche, région aride et sauvage rendue illustre par Cervantès. Elle veut y retrouver l'auteur qu'elle a chargé d'écrire sa biographie et qui vit retiré là-bas depuis des années. Chemin faisant, la ' princesse de la finance ' s'adresse en pensée à son auteur, l'interroge, prévient ses questions, ses remarques, ses objections. Elle évoque sa fille adolescente, indépendante et fugueuse, son jeune frère, en prison pour terrorisme, et son ancien compagnon, loin d'elle depuis des années. Arrivée enfin dans le ' palais de gentilhomme campagnard ' où vit l'auteur, elle s'installe au coin du feu pour raconter en détail sa traversée de la Sierra de Gredos. L'auteur n'a plus qu'à écrire le roman de cette femme, l'histoire de la perte de l'image - et de sa redécouverte. Don Quichotte montrait qu'à l'effondrement du monde médiéval succédait l'effondrement de sa reproduction factice ; de même Handke nous dépeint une société moderne parvenue à la fin d'un cycle, sevrée d'authenticité et totalement inféodée à l'artifice. La tâche de l'écrivain, en cet ' entre-temps ', consiste à frayer la voie, coûte que coûte, vers des images nouvelles et vraies, pour sauver ce qui peut l'être d'une certaine grâce du monde.
Présenation de l'éditeur
Adolescence américaine en dérive
Des cités de Harlem aux soirées décadentes de
Manhattan, Douze expose froidement le quotidien
d'ados pleins aux as, marginalisés par la dope. Cette
tragédie en cinq actes, culminant le 31 décembre, est interprétée par une bande de mômes, avec par ordre
d'apparition : ' White Mike ', étudiant modèle, qui ne fume pas, ne boit pas, mais deale ; Hunter, sportif
sympa, accusé à tort de meurtre après une baston sur un terrain de basket ; Laura, la bombe, qui kife autant Prada que la Douze, cette drogue de synthèse qui les fait tous planer. Entre Panique à Needle Park et Elephant, Douze, c'est, vingt ans après Moins que zéro de Bret Easton Ellis, le roman cru et féroce de la jeunesse américaine. Un livre dédié ' à ces élèves qui sont morts et à, ces élèves qui les ont tués '. Hallucinant de lucidité.
Présentation de l'éditeur
Nick McDonnel a publié ce livre alors qu'il avait 17 ans. Il est aujourd'hui étudiant à Harvard.
Le narrateur de L'homme de neige a une idée fixe : boire du jus d'orange. Venu de l'ex-Yougoslavie, il est invité comme écrivain en résidence dans une université nord-américaine. Mais sa nouvelle vie, confortable et bien réglée, dont il note minutieusement les moindres détails, ne fait tout simplement pas sens pour lui. Ses quelques cours et conférences, ses obligations sociales et ses conversations avec les professeurs et étudiants, tout est envahi par un sentiment d'échec et d'ennui - sentiment auquel il échappe seulement grâce à l'idée de boire du jus d'orange. Puis, cet équilibre fragile se fissure. Le narrateur a de plus en plus l'impression de flotter, voire de se désagréger. La découverte d'une armoire fermée à clef au sous-sol tourne vite à l'obsession, et lorsqu'il cède à la tentation de l'ouvrir pour y trouver des cartes et des plans de toute sorte, il ne peut s'empêcher de les placarder sur les murs de son appartement en pleine nuit. Entouré ainsi de cartes qui illustrent les déchirures de l'Histoire et la fragilité des identités et des frontières, il sent les choses se brouiller de plus en plus autour de lui. Jusqu'à ce que les premières neiges tombent sur la ville..
Présentation de l'éditeur
David Albahari est un des romanciers les plus importants de l'ex-Yougoslavie, et son oeuvre est traduite dans plusieurs langues. Né à Pec en 1948, il vit aujourd'hui au Canada avec sa famille.
Parution en septembre 2004
Après de longue années d'absence de nos lettres francophones, enfin l'édition d'une anthologie de textes inédits et récents du grand poète et éditeur de City Lights (San Francisco). Le 'père' de la Beat Generation, ami et découvreur de Allen Ginsberg, Kerouac, Dylan, Giorno, et de bien d'autres... Des poèmes 'engagés' comme Démocratie Totalitaire aux poèmes plus intimes sur l'ami Allen en terminant par de superbes poèmes lumineux où l'esprit souffle de toute beauté ou Comment peindre la lumière...
Présentation de l'éditeur
Lawrence Ferlinghetti est né en 1919 à Yonkers. Il fonde en 1953 la célèbre librairie City Lights, à laquelle s'adjoint bientôt la maison d'édition du même nom. Voix importante du mouvement poétique de la seconde partie du XXème siècle, auteur d'une quinzaine de recueils poétiques, traducteur de Prévert et de Pasolini, romancier, dramaturge, son oeuvre s'ancre à la fois dans la tradition anarchiste américaine et dans le surréalisme européen.
Toronto, début des années 60.
Les mère de Louise, 'Grace Kelly de banlieue', s'est évaporée du jour au lendemain sans laisser d'autres traces qu'une impeccable garde-robe et un mot sur le frigo : 'Louise sait faire marcher la machine à laver'. Son père, désemparé, semble se transformer peu à peu en un dictionnaire des synonymes. Louise cherche alors ses propres mots, ses idéaux à elle. Elle n'aime qu'Abel, fils adoptif des voisins qui lit Rimbaud, joue du piano et se promène la nuit dans les terrains vagues pour observer les animaux. L'auteur de En lieu sûr et de On pense si peu à l'amour fait ici évoluer sur un fil des personnages en manque, assoiffés de grandeur, avec une élégance et une grande puissance narrative.
Nouvelle édition augmentée de 'Désir d'Espagne',
publié en français en 1993, le très beau livre de Cees Nooteboom est aujourd'hui augmenté de photographies et de trois récits supplémentaires, dont celui d'un récent voyage en écho au tout premier regard de jeunesse. Au fil de trente chapitres, c'est toute l'Espagne profonde, secrète, mystérieuse, énigmatique et souvent ignorée que l'auteur nous fait découvrir.
Ce grand écrivain nous propose un itinéraire de détours merveilleusement décrits à travers toute l'Espagne pour finalement atteindre Saint-Jacques de Compostelle. Tous les lieux, les musées, les monuments, les peintres et les écrivains qu'il commente et évoque au cours de ses promenades deviennent pour lui matière à de magnifiques méditations.
Sans doute un des plus livres jamais écrits sur l'Espagne.
A travers une ingénieuse succession de huit discours officiels,
J.M. Coetzee nous révèle peu à peu la vie d'Elizabeth Costello, romancière australienne vieillissante.
D'une remise de prix en Pennsylvanie à une intervention sur le droit des animaux dans le Massachussetts, d'une conférence sur un bateau de croisière à une visite à sa soeur missionnaire en Afrique du Sud, d'un colloque sur le mal à Amsterdam à l'ultime tentative pour franchir la porte vers un au-delà incertain, nous la suivons dans ses certitudes et ses errances.
Sa célébrité et l'adulation qui lui valent ces invitations reposent sur un roman publié voici trente ans dans lequel elle arrachait la femme de Bloom aux limites qui lui étaient imposées dans l'Ulysse de Joyce.
J.M. Coetzee fait le portrait douloureux de l'artiste en vieille dame rongée par le doute et l'interrogation sur le pouvoir de l'écriture littéraire face au mal et à la mort, magnifiquement clôturé par le fulgurant 'post-scriptum' d'Elizabeth C.