Réalisé en 1927 par Germaine Dulac, La Coquille et le Clergyman, d'après un scénario d'Antonin Artaud, est considéré comme le premier film surréaliste même si sa Première au Studio des Ursulines a été chahuté par le groupe surréaliste, chahut qui sera un des grands 'scandales' des Années 20. Accompagnée de créations de musiciens contemporains, cette édition DVD comporte aussi un récit vidéo de la Première et une présentation du film sur son importance dans l'histoire du cinéma et du féminisme. Dulac écrira : 'Je peux dire que tout mon effort a été de rechercher dans l'action du scénario d'Artaud, les points harmoniques, et de le relier entre eux par des rythmes étudiés et composés. Je peux dire que pas une image du Clergyman n'a été livrée au hasard.' Et Artaud : 'C'est un films d'images pures.'
Germaine Dulac (1882-1942) a été la première femme en France à faire du Cinéma un métier. Cinéaste phare de la grande époque du Muet, théoricienne et militante à l'avant-garde de tous les combats, elle a joué un rôle fondateur dans l'évolution de l'art cinématographique. A travers ses écrits, ses conférences et sa participation active à divers organismes, elle a milité avec ardeur pour la diffusion de l''art cinégraphique' auprès d'un large public. Au cours de sa carrière, elle a réalisé une trentaine de films de fiction, dont on retiendra principalement La Fête Espagnole (1919) d'après un livret de Louis Delluc, La Souriante Madame Beudet (1923) d'après une pièce d'André Obey et La Coquille et le Clergyman (1927) d'après un scénario d'Antonin Artaud, respectivement considérés comme le premier film impressionniste, le premier film féministe et le premier film surréaliste. A partir des années trente elle prend la direction des Actualités et Courts métrages de Gaumont et réalise plusieurs dizaines de films d'actualités ainsi que plusieurs documentaires. Aujourd'hui, plusieurs décades après sa disparition, on commence seulement à mesurer l'étendue de son influence sur le Septième Art.
Le temps est venu, je crois, d'écouter en silence notre chant, de chercher à exprimer notre vision personnelle, de définir notre sensibilité, de tracer notre propre voie. (1919)
Mouvement, évolution, rythme, vérité, subtilité, logique, captation de l'insaisissable. le cinéma a bien sa place à lui dans le domaine intellectuel, en dehors de toutes les formes d'art connues. (1925)
(...) il faut nous aider à libérer le cinéma de ses entraves et créer le cinéma pur. (1925)
Dans son cadre visuel le cinéma n'a pas de limites. (1931)
L'actualité rompt les barrières; elle doit être indiscrète et vraie et renseigner sans littérature, exactement. (1934)
L'oeuvre cinématographique est terminée quand le spectacle commence. (1937)
Née en 1882 à Amiens, Germaine Saisset-Schneider passe la plus grande partie de son adolescence à Paris. En 1905, elle épouse Albert Dulac. En 1909, elle commence à travailler comme journaliste, notamment au journal féministe La Française. Elle écrit des pièces de théâtre dont certaines seront montées.
Son intérêt pour le cinéma est progressif et, en 1916, elle réalise son premier film Les Soeurs Ennemies. Après quelques réalisations mineures, elle fait, en 1919, la rencontre déterminante de Louis Delluc dont elle met en scène le scénario La Fête Espagnole. Suivront une vingtaine de films : de La Souriante Madame Beudet, sans doute son oeuvre la plus réussie, à La Coquille et le Clergyman, d'après le scénario d'Antonin Artaud, auquel s'opposeront les surréalistes. En 1928-29, elle réalise trois études rythmiques dans la veine du cinéma non narratif qui concluent sa période comme metteur en scène. En 1930, elle entre dans la presse filmée et devient directrice des Actualités Gaumont.
Parallèlement à sa carrière de cinéaste, Germaine Dulac mène une activité inlassable sur tous les fronts du cinéma. En tout premier, par ses articles théoriques qui la mettent à côté de Louis Delluc et de Jean Epstein. Puis, par un engagement corporatif à la tête de différents organismes cinématographiques tels que la Société des Auteurs. Elle participe à l'apparition et au développement du mouvement des Ciné-clubs (elle sera présidente de la Fédération Française), s'intéresse à la dimension éducative du cinéma et soutient l'idée de la création d'une Cinémathèque. Et, bien sûr, il ne faut pas oublier la Féministe qui se bat pour la place de la femme dans la société, en particulier sur la question du droit de vote.
Malade, elle meurt en 1942.
Les écrits peu connus en France de James Ensor - pas loin d'une centaine de textes rédigés de 1882 à 1946 à la faveur de circonstances diverses - sont d'un style éblouissant et d'une virulence sans pareille. Il y célèbre la bonne peinture, y honnit les architectes qui défigurent sa belle ville d'Ostende, vitupère contre la bêtise, les arrivistes, les malfaisants de tout poil qui occupent le devant de la scène : « Ils sont laids à crever ces peintres assombris de la nuit, écumoirés, pâteux, barbouillés de suie ou de farine [...] Et que dire des architectes intempestifs autrement dangereux, insufflés de prétentions infinies, bourreaux niveleurs de nos sites. Vilains bourrus mâchonnant des projets enchifrenés au nom de la noble modernité.
Dess(e)in (c'est le même mot) : désir de faire venir la forme, c'est-à-dire l'idée. Dessin : idée sensible, ligne qui porte puissance d'infini. Dessin graphique, sans doute, mais aussi mélodique, rythmique, filmique, poétique. C'est un des opérateurs communs de tous les arts.
Son plaisir, c'est son désir : que la forme vienne et que sans se déposer elle suspende son tracé pour en renouveler tout l'élan. Plaisir de désirer, non de résoudre une tension. C'est par quoi il faut aborder l'érotique de l'art aussi bien que l'érotique tout court.
Finalité sans fin : renouvellement infini de la fin, puisqu'elle n'est autre que l'inépuisable profusion qui nous est offerte de formes, de lignes de sens.
La parution de la correspondance de Van Gogh en octobre 2009 conclut 15 années de recherche entreprises par le Van Gogh Museum à Amsterdam et l'Institut Huygens à La Haye. La nouvelle édition des 'Lettres' constitue le plus grand projet de publication jamais réalisé jusqu'à ce jour à la fois par le musée et par le Fonds Mercator. En 6 volumes, elle reprend l'entièreté de la correspondance de Vincent Van Gogh à savoir, 819 lettres écrites par lui et 83 qui lui ont été adressées. Le peintre, souvent, accompagnait ses lettres de croquis ou de dessins, et les truffait de références à des centaines d'artistes des plus divers, parmi lesquels Rembrandt, Rubens, Millet, Corot, Signac, Gaugin, pour ne citer qu'eux. Chaque oeuvre mentionnée est reproduite - non seulement les dessins et peintures de l'artiste mais aussi toutes les oeuvres qui l'ont inspiré. Soit au total, près de 4.300 reproductions. Les lettres sont accompagnées d'une étude fouillée de la vie et de l'oeuvre de l'artiste en tant qu'auteur, revues à la lumière des résultats de ces années de recherche. La sortie de cette édition incontournable sera accompagnée d'une exposition au Musée van Gogh du 9 octobre 2009 au 3 janvier 2010.
Attention : prix de lancement jusqu'au 3 janvier 2010
«Je ne suis pas marchand d'art, je suis galeriste» avait coutume de répéter Leo Castelli. Il a régné sur l'art contemporain international pendant plus de quarante ans, au point d'en changer toutes les règles. Après avoir vécu dans de grandes villes d'Europe (Trieste, Vienne, Milan, Budapest, Bucarest et Paris), aux prises avec les convulsions historiques du siècle, ce grand bourgeois dilettante rejoint les États-Unis en 1941, où il ouvre sa propre galerie à New York, en 1957, à l'âge de cinquante ans. Fasciné par les artistes, ses «héros», il découvre les grands Américains des sixties (Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Frank Stella, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, James Rosenquist), et les mouvements esthétiques (le Pop Art, l'art minimal, l'art conceptuel), qu'il insère dans le cours de l'histoire de l'art. Organisée à l'européenne et gérée à l'américaine, la galerie Castelli invente la première forme de globalisation du marché de l'art et devient une institution incontournable.
En quelques années, le galeriste transforme le statut de l'artiste aux États-Unis, assurant à l'art américain, pendant près de quatre décennies, une absolue hégémonie sur la scène internationale. Les consécrations à la Biennale de Venise pour Robert Rauschenberg en 1964, et Jasper Johns en 1988, sont de nouveaux coups de maître pour Castelli, jusqu'à ce que le marché de l'art américain s'emballe dans la fièvre de la montée des prix. Pourtant, derrière la personnalité d'un personnage érudit, affable et médiatique, se cache une histoire beaucoup plus complexe et mystérieuse qu'il ne le laissait paraître.
Grâce à de nombreux entretiens réalisés dans le monde entier et à des documents d'archives inédits, Annie Cohen-Solal, biographe de Sartre et auteur de «Un jour ils auront des peintres», nous transporte d'Italie en Hongrie, en Roumanie, en France et aux États-Unis, pour raconter la passionnante trajectoire du galeriste, découvrant que sa fonction ressemblait étrangement à celle de ses propres ancêtres, et de ces agents qui travaillaient auprès des Médicis, dans la Toscane de la Renaissance.
Peut-on se souvenir qu'on s'est souvenu sans se souvenir de ce dont on s'est souvenu ? Sans jamais prétendre l'épuiser, Pamiec sonde les méandres de la question. De l'image aux paroles, Pauline Julier ouvre et traverse des paysages et des voix de la mémoire.
Can one remember that one remembered without remembering what one remembered ? Without ever pretending to exhaust the question, Pamiec surveys its intricacies. From images to words, Pauline Julier opens up and goes through the landscapes and voices of the memory.
Dans l'Iliade, Homère nous offre deux modes de représentation : le premier, c'est le bouclier d'Achille, une forme achevée et circonscrite où Vulcain représente tout ce qu'il sait sur une ville, sa campagne alentour, ses guerres et ses rites en temps de paix. Le second, c'est le fameux catalogue des navires, démesuré, que dresse le poète, impuissant à dire le nom et le nombre des guerriers achéens, et qui se conclut idéalement par un « et caetera ». On appelle ce second mode de représentation la liste ou l'énumération. Il y a des listes pratiques et finies, comme celles qui recensent les livres d'une bibliothèque ; et il y a celles qui suggèrent l'incommensurable et nous font ressentir le vertige de l'infini.
Cet ouvrage montre que, depuis toujours, la littérature fourmille de listes, d'Hésiode à Joyce, d'Ézéchiel à Gadda. Il s'agit souvent d'énumérations égrenées pour le goût de l'inventaire, la mélodie du dénombrement ou le plaisir vertigineux de réunir des éléments sans relation spécifique, comme dans les énumérations dites chaotiques. Mais ce volume ne nous propose pas seulement de découvrir une forme littéraire rarement analysée ; il nous montre aussi combien les arts figuratifs savent suggérer des énumérations infinies, même lorsque la représentation semble contrainte par l'encadrement d'un tableau.
Le lecteur trouvera dans ces pages de quoi s'étourdir en éprouvant le vertige de la liste.
L'un des textes les plus importants de l'histoire de l'art, le Journal de Delacroix n'a pas été réédité depuis 1932. Cette nouvelle édition, entièrement refaite sur les manuscrits originaux et sur plusieurs sources manuscrites nouvelles, servira désormais de référence. Les centaines d'erreurs contenues dans l'ancienne édition d'André Joubin y sont corrigées ; les notes précédemment omises y sont réintégrées et l'ordre original des notes, crucial pour le projet esthétique de Delacroix, restitué. Tout un réseau de relations est révélé par des annotations inédites sur les pages de garde - noms et adresses de marchands, clients, amis, critiques, fournisseurs, administrateurs, des références bibliographiques, comptes et recettes, notes pour ses fonctions de Conseiller municipal de Paris. L'édition est assortie d'un appareil critique important, dont un riche commentaire et un répertoire biographique de tous les contemporains nommés dans le Journal.
L'édition comprend en outre de nombreux inédits retrouvés au cours de son élaboration, entre autres ceux provenant du légataire du peintre, Achille Piron, et de l'ancienne collection Claude Roger-Marx. Carnets de voyage, cahiers de notes, feuilles volantes, notes de lecture, projets d'articles, ces textes sont parmi les écrits majeurs du peintre : des réflexions sur la peinture, la littérature, la sculpture, la musique, la philosophie, des pages sur le beau moderne, le réalisme, l'antique, le sublime, des extraits de lectures très variés, des jugements sur les artistes. Plusieurs carnets anciennement démantelés sont reconstitués et présentés pour la première fois dans leur intégralité. La section sur le voyage en Afrique du Nord est enrichie de nombreux textes nouveaux du peintre et de témoignages inédits de ses contemporains. Le corpus des écrits de Delacroix se trouve donc considérablement augmenté. À travers cette nouvelle édition, le lecteur découvrira non seulement l'oeuvre littéraire d'une des plus grandes figures de l'histoire de la peinture, mais encore une image exceptionnelle de la société française au seuil de la modernité.